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Le malade imaginaire

Stéphanie Moriau

En bref

Sa dernière comédie … Il exploite toutes les formes comiques possibles : le geste, les mots, les situations, les caractères,... Lire l'article

Le Malade imaginaire

Acte I

Comptes d’apothicaire et testament

L’action se déroule dans une chambre de la demeure d’Argan, riche bourgeois qui se croit malade et s’est livré aveuglément aux médecins. Seul dans sa chambre, il revoit le mémoire mensuel de son apothicaire, M. Fleurant : en homme pratique et conscient de ses intérets, il en modifie les chiffres et les totaux, mais en « malade imaginaire » constate avec inquiétude qu’il a pris, ce mois-ci, moins de médecines et de lavements que l’autre. D’un premier mariage, Argan avait deux enfants, Angélique et Louison. Angélique paraît et s’entretient avec Toinette de ses tendres sentiments pour Cléante ; Argan informe sa fille de son projet de la marier. Naîvement Angélique croit qu’il s’agit de Cléante et accepte avec bonheur. Mais il s’agit d’un malentendu : Argan parle en fait d’un médecin, fils de médecin, Thomas Diafoirus, neveu de M. Purgon, médecin personnel d’Argan. Toinette prend la défense d’Angélique. Mais Argan veut un gendre qui soit médecin, et se met en colère. Elles sortent. Paraît alors Béline, seconde femme d’Argan, qui apaise son mari, semble l’entourer de soins, et lui annonce la venue du notaire, qu’il a fait chercher pour rédiger son testament. Monsieur de Bonnefoi, le notaire, est un fripon dévoué aux intérets de Béline, qui n’a épousé Argan que pour hériter et qui voudrait voir Angélique et Louison dans un couvent. Mais Toinette a surpris la conversation et promet à Angélique son appui.

Acte II

Réceptions et querelles de famille

Cléante s’introduit dans la maison comme envoyé du maître de musique d’Angélique. Accueilli avec une surprise mal dissimulée par celle-ci, il est présenté par Toinette à Argan, qui le convie aimablement au prochain mariage de sa fille. Mais Voici Cléante contraint d’assister à la réception du prétendant, Thomas Diafoirus, et de son père. Après les compliments d’usage et l’éloge de Thomas, ridicule et hébété, par son père, Argan en l’absence de Béline, prie Cléante de faire chanter Angélique. Les deux amants, sous le couvert d’un prétendu « opéra », se disent leur amour et leur inquiétude ; mais Argan découvre la supercherie et chasse Cléante. Argan acceuille Béline et ordonne à Angélique de donner la main à Thomas. Elle refuse, Béline l’attaque et Angélique dit nettement son fait à sa belle mère. Argan dit à sa fille de choisir entre Thomas et le couvent. Après une consultation, les Diafoirus prennent congé. Beline informe Argan de la présence de Cléante dans la chambre d’Angélique. Argan interroge Louison. (Béralde fait venir un divertissement pour distraire son frère, Argan.)

Acte III

La médecine se fâche et pardonne

Béralde tente de raisonner son frère sur sa prétendue maladie et le met en garde contre les médecins. Argan ne veut rien entendre mais renvoie pourtant le lavement qu’apportait M. Fleurant, et aussitôt s’entend maudire par M.Purgon, qui déchire la donation faite en faveur de son neveu. Béralde réconforte Argan, effondré, lorsque s’annonce un Médecin. C’est Toinette, déguisée, qui tent de le dégoûter de la médecine. Pour détacher Argan de l’influence de Béline et le réconcilier avec sa fille, Toinette et Béralde le poussent à contrefaire le mort. Il apprend la duplicité et la noirceur de sa femme (qu’il chasse), l’affection et la tendresse d’Angélique et la noblesse de caractère de Cléante. Il consent au mariage des amoureux et, sur le conseil de Béralde et Toinette, accepte de recevoir la robe et le bonnet de docteur, c’est la fameuse « cérémonie » finale en latin « macaronique ».

Analyse des personnages

Argan se situe au centre d’un triangle, dont les sommets seraient occupés par trois tendances opposées : un homme remarié aveuglé – un malade imaginaire égoïste – un bon père. Il a sans doute été, lors de sa première union, un bon père et un bon mari. Il ne veut pas mettre ses filles dans un couvent, est très tendre avec Louison et devant sa fille et son futur gendre au désespoir de le voir mort, il dit : « N’aie point de peur, je ne suis pas mort. Va, tu es mon vrai sang, ma véritable fille, et je suis ravi d’avoir vu ton bon naturel ». Cet hypocondriaque, coléreux et plaintif, n’est pas méchant. Il est même « bon naturellement », il n’a qu’un tort, c’est de se croire malade. Il est sincèrement angoissé, une peur panique qu’il éprouve à l’idée d’être privé de médecin et de médicaments. Peut-être, plus profondément, est-ce une terreur de l’abandon. Les maux dont il se plaint ne sont au fond qu’un moyen, devenu inconscient, pour forcer l’attention affectueuse d’autrui.
Angélique, sage et jolie, fraiche et ardente, honnête et fière, plus affectueuse avec son père que les enfants des autres comédies de Molière, plus capable aussi de défendre son bonheur. C’est la première victime de la folie de son père et de l’hypocrisie de sa belle-mère. Sa tendresse tempère l’exubérance et la cruauté de la pièce. A la fois passionnée, lucide et courageuse, elle affronte l’égoïsme de ceux qui l’entourent avec une fermeté et une finesse naturelle.
Louison, 8 ans, l’âge d’Esprit Madeleine, la fille de Molière, gaie et souriante, n’abandonne sa poupée que pour grimper sur les genoux de son père. Il y a dans l’étude du comportement de cette petite fille, une justesse d’observation merveilleuse.
Béralde, l’excellent frère, l’homme de bon sens, est un personnage rassurant et sympatique. Sans illusions sur les hommes, mais qui croit en la jeunesse et qui prêche l’obéissance aux lois de la nature. En dénonçant les abus de la faculté et les dangers du charlatanisme, il semble être le porte-parole de Molière.
Cléante est l’amant d’Angélique. Il est généreux, sincère et ardant. C’est le type même de l’amoureux chez Molière.
Toinette est entièrement dévouée à Argan, elle le soigne et tente de le protéger. Inquiète du remariage d’Argan, elle a flatté Béline pour sauver le bonheur des deux enfants et de son maître. En elle, la tendresse et la gaieté s’allient au courage, la générosité et la malice à la résolution. C’est la plus endiablée des soubrettes du théâtre moliéresque. Son exubérance, son goût pour les batailles, ses lazzi et ses déguisements sont d’un personnage de la comédie italienne. Son rire éclate entre les répliques. Elle met au service de ceux qu’elle aime, les ressources de son esprit inventif, ce qui lui donne une bonne occasion de se gausser de ceux qui lui déplaisent. Volontiers sentencieuse, toujours ironique même dans ses emportements, elle donne à la pièce son mouvement et sa gaieté.
Ces cinq personnages représentent la sincérité, l’affection et le bon sens.
Contre cet aspect d’Argan et ce clan sympathique vont se dresser les deux clans de l’hypocrisie et de l’intérêt. Argan est aveuglé par l’égoïsme de son corps, il est entièrement soumis et abandonné aux prescriptions des médecins.
Mr. Diafoirus est infatué de lui-même et de son art. Le nom de Diafoirus est formé de la plus savante manière : un préfixe grec, un radical français à consonance rabelaisienne et d’une désinence latine. Il est médecin et en même temps le père de Thomas et son amour paternel se confond curieusement avec l’amour de la médecine. La médecine l’émerveille à travers son fils, elle est pour lui une religion dont il a pour mission de conserver les rites. Ce personnage est une caricature poussée des médecins imbéciles du temps de Molière, dont l’unique préoccupation était une fidélité de plus en plus aveugle et de plus en plus étroite à une science morte.
Thomas Diafoirus est le plus fin portrait de l’imbécile qu’on puisse imaginer, innocente victime d’une certaine pédagogie. Il est l’auteur d’une thèse contre les « circulateurs », c’est-à-dire qu’il refuse d’admettre la découverte capitale de son temps, la circulation du sang.
Mr. Purgon est cupide et hypocrite. Il devine qu’il va perdre son meilleur client, sa colère ne connaît plus de bornes et il déverse sur Argan le torrent de ses sinistres prophéties. Béralde le décrit merveilleusement : « C’est un homme qui croit à ses règles plus qu’à toutes les démonstrations des mathématiques (…) Il ne lui faut point vouloir mal de tout ce qu’il pourra vous faire : c’est de la meilleure foi du monde qu’il vous expédiera, et il ne fera en vous tuant, que ce qu’il a fait à sa femme et à ses enfants, et ce qu’en un besoin il ferait à lui-même. » C’est bien ainsi que Molière, usé par la maladie et parvenu au terme de sa vie, voyait toute la corporation des médecins.
Mr. Fleurant, cet apothicaire, la seringue à la main est le fidèle exécuteur des ordonnances de Mr. Purgon.
Au Danger que représente ce clan il y a un remède : qu’Argan se fasse médecin ! Car bien nourri par Toinette, bien conseillé par Béralde, choyé et aimé de ses filles et de son gendre, il mènera une vie paisible et heureuse.
Béline par contre est plus dangereuse, elle représente l’hypocrisie du cœur. Elle apparaît trois fois : Inquiétante tout d’abord, aux petits soins pour son mari dont elle entoure littéralement le fauteuil de son agitation faussement dévouée, tout en guettant la porte du petit cabinet où son notaire attend l’instant propice ; puis la voici toisant le ridicule prétendant, et, soudain, dressée, toutes griffes dehors, face à la clairvoyance d’Angélique, dont elle jure de se venger et qu’elle vient dénoncer quelques instants plus tard ; la voici enfin devant son mari prétendu mort. Alors, sans perdre un instant et sans s’attendrir, elle ne songe qu’à profiter de la situation et à obtenir tout ce qu’elle guette depuis des mois. C’est la seule femme mariée, des pièces de Molière, qui soit aussi odieuse, avec une âme aussi noire et aussi inquiétante.
Mr. Bonnefoi, le notaire, est un escroc professionnel.

En pratique

Dates de la rencontre professionnelle

du lundi 18 au vendredi 22 octobre 2021 à la Comédie royale Claude Volter : Avenue des Frères Legrain, 98 à 1150 Bruxelles.

Premier tour : du lundi 18 au mercredi 20 octobre (demi-journée).
Deuxième tour : le jeudi 21 octobre (journée entière).
Troisième tour : le vendredi 22 octobre (journée entière).

Répétitions

Du 8 février au 14 mars 2022 à la Comédie royale Claude Volter.

Représentations

du 15 mars au 03 avril 2022 et du 19 avril au 30 avril 2022 à la Comédie royale Volter.

A propos de Stéphanie Moriau

Qui est Stéphanie Moriau ?
Les habitués de la Comédie royale Claude Volter connaissent depuis près de vingt ans cette actrice, animatrice, metteuse en scène. Ils l’ont vue exceller dans des comédies, des drames, du répertoire classique ou contemporain. Encore étudiante au Conservatoire royal de Bruxelles dont elle sortit avec quatre premiers prix et deux diplômes supérieurs, Stéphanie Moriau fut engagée comme souffleuse pour aider Claude Volter dans la pièce « Le Souper ». Depuis, saison après saison, elle enchaîne de très belles réussites tant à la Comédie royale Claude Volter que dans divers théâtres de l’espace culturel francophone (Théâtre Royal des Galeries, Théâtre Varia, Théâtre Royal du Parc, Atelier Théâtral Jean Vilar…).
À la Comédie royale Claude Volter, son tout premier rôle fut celui d’Angélique dans « Le Malade imaginaire » de Molière en 2000 (mise en scène de Claude Volter), elle jouera le rôle de Toinette en 2008 (mise en scène de Michel de Warzée) et en 2014 elle fera une nouvelle mise en scène de la pièce tout en jouant Toinette
Depuis une vingtaine d’année, elle participe régulièrement aux lectures-spectacles du M.E.T. de Jean-Claude Idée. Mais ce qui lui tient particulièrement à coeur ce sont toutes les animations scolaires qu’elle réalise chaque année dans toute la région bruxelloise. Comme Michel de Warzée, elle s’investit dans son rôle de transmission en donnant des cours d’art de la parole à l’académie de Woluwe-saint-Lambert.
Maman de deux charmants enfants, Stéphanie est aussi à la ville l’épouse de Michel de Warzée.

Parmi ses plus grands rôles et ses plus grandes mises en scène
« Antigone » de J. Anouilh, émouvante, fragile et terrible dans son obstination à donner une sépulture à son frère Polynice.
Amélie dans « Occupe-toi d’Amélie » de G. Feydeau , épatante dans la minauderie et le culot, elle forme avec Philippe Allard un couple de boulevard idéal.
Rita dans « A l’école Rita » de W. Russel qui sera repris 4 fois.
Suzy dans « Seule dans le noir » de F. Knott, dans le rôle de l’aveugle, elle relève haut la main le défi de succéder à Audrey Hepburn qui incarna le rôle au cinéma.
Missia dans « Une Folie » de S. Guitry, en 2009 et 2019.
Agnès dans « Le Ciel de lit » de J. de Hartog, avec E. Dekonninck, 40 ans de la vie d’un couple.
Nora dans « Maison de poupée » d’Ibsen.
Célestine, la sulfureuse servante dans l’adaptation théâtrale du roman de O. Mirbeau du « Journal d’une femme de chambre » mis en scène par D. Fire en 2012 et 2016.
Léonie dans « De mémoire de papillon » de Ph. Beheydt et St. Mangez, création mondiale.
Et aussi, « Nina » de A. Roussin, Clara dans « Deux sur la balançoire » de W. Gibson, « Elvire » de H. Bernstein, et l’Abbesse de Willancourt dans « Le Blasphème » de P. Madral…
Elle a mis en scène « L’Art d’aimer » d’Ovide, « Le neveu de Rameau » de Diderot, « Le Malade imaginaire » de Molière, « Le Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux, et actuellement… enfin depuis un an… (grâce au covid) « Le noir te va si bien » de Saül O’Hara.

Toutes les informations concernant les dernières créations de la Comédie royale Claude Volter sont disponibles sur le site du théâtre.

Stéphanie Moriau

Distribution

Trois rôles sont ouverts aux bénéficiaires du Centre des Arts scéniques : Angélique, Cléante et Thomas Diafoirus.

Mise en scène : Stéphanie Moriau
Scénographie et costumes : Serge Daems
Musique : celle que Charpentier avait composée pour « Le Malade imaginaire »
Lumière : Bruno Smit et Stéphanie Moriau
Jeu :
Argan : Michel de Warzée
Béline : Karin Clercq
Béralde : Alexandre von Sivers
Louison : Juliette de Warzée
Monsieur Diafoirus : Bruno Georis
Monsieur Purgon : Marcel Delval
Monsieur Fleurant et Monsieur Bonnefoy : Bernard d’Oultremont
Toinette : Stéphanie Moriau

Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la COCOF, la Commune de Woluwe-Saint-Pierre, le Centre des Arts scéniques, Article 27, Arsène 50, La Libre.

Note d'intention

Molière est un génie. J’ai une admiration immense pour lui.

Tout au début de ma carrière j’ai joué le rôle d’Angélique dans « Le Malade imaginaire », et ma fascination pour cet auteur a commencé. Plus tard, j’ai joué Toinette et il y a 8 ans je l’ai mis en scène et j’ai repris le rôle de Toinette.

J’aime les œuvres classiques en langue française, leur beauté, leur profondeur, leur actualité. Une œuvre qui n’a jamais fini de dire ce qu’elle a à dire, qui nous explique ce qui nous arrive, mieux que nous ne saurions le faire.

Molière, auteur du XVIIème siècle, nous permet de comprendre le monde et les Hommes d’aujourd’hui !!! Ses thèmes sont universels : l’anxiété face à la maladie, la peur de la mort, la condition féminine, le mariage forcé, le charlatanisme, …

Et il y a « la langue de Molière », cette langue française que nous défendons avec force et bonheur. Il y a une telle poésie dans cet univers.

Molière est un auteur immense et profond, comique et tragique, simple et complexe, avec beaucoup d’esprit, beaucoup d’humour et d’une grande humanité. C’est d’ailleurs sa pièce la plus humaine.

« Le malade imaginaire », comme disait André Gide : « C’est la pièce la plus neuve, la plus hardie, la plus belle de Molière ».

Toute l’anthropologie de Molière y culmine. Argan est pris par un mélange de peur et de désir. Peur de la mort qui entraine un désir de médecine. Un mélange d’attractions et de répulsions, qui se résout dans une colère contre les détracteurs de sa mauvaise santé prétendue. Il a recours à la médecine pour que les médications lui envoient des signes de maladie. A la fin de la pièce Béralde dira que la plupart des gens ne meurent pas de leur maladie mais de leurs remèdes.

Argan est égoïste (l’égoïsme tient une place considérable dans l’œuvre de Molière), et son égoïsme le rend fou. Mais son égoïsme est tellement humain qu’on ne le juge pas, on l’accepte. Ce personnage a une angoisse de la mort complètement délirante : il craint tellement de devoir quitter cette vie qu’il aime tant. Il a un désir pathologique de bien-être et il cultive son plaisir d’être légèrement angoissé.

C’est une farce qui est approfondie par le malheur.

Purgon et Fleurant saigne Argan à blanc.

Béline veut le dépouiller par l’intermédiaire du notaire. Elle flatte Argan et tente d’aggraver son obsession afin de le dominer. Elle veut obtenir un testament en sa faveur au détriment des filles d’Argan. Mais a-t-elle le choix ? Que lui permet la condition féminine du XVIIème ?

Argan est prêt à marier sa fille à un médecin, et à frustrer ses enfants de l’héritage pour donner tous ses biens à Béline…

Angélique est l’incarnation de toutes ces jeunes filles victimes du mariage forcé. Promise à Thomas, sincèrement amoureuse de Cléante, respectueuse vis-à-vis de son père, elle a le courage d’affronter ses opposants, tout en restant digne. Personnage racinien, passionné, tendre, lucide, c’est sans doute la jeune première la plus émouvante et la plus moderne du théâtre de Molière.

Cléante est généreux et sincère, il se fait passer pour le maitre de chant d’Angélique, afin de la revoir. Il est prêt à tout pour sa belle, même devenir médecin. C’est un « amoureux », drôle et ingénieux.

Toinette, soubrette endiablée, met au service des amoureux toutes les ressources de son esprit inventif. Elle donne à la pièce un mouvement de gaieté par son exubérance, son rire, son bon sens et son franc-parler.

Les médecins sont pédants, ils ne connaissent que le vocabulaire qu’ils ont appris à la faculté. La médecine est pour eux une religion. Diafoirus est la caricature poussée des charlatans.

Thomas est le parfait exemple d’une éducation réussie. Il voue une admiration à son père. Il illustre brillamment la sottise et le danger que représentait l’enseignement officiel des facultés. Il est l’un des rôles les plus comiques du théâtre de Molière.

Béralde est « la raison » incarnée. Il est rassurant, sympathique, sans illusion sur les Hommes. Il dénonce les abus et les dangers de la faculté. Il semble être le porte-parole de Molière. Et s’il était lui-même vraiment malade, comme Molière ?

La farce est une mise en scène radicale de la condition humaine, elle est plus profonde qu’une satire. Il y a beaucoup d’émerveillement dans la pièce. Le rire n’est pas celui du ridicule, c’est un rire de joie. La pièce se passe pendant le carnaval, Toinette se déguise en médecin. La cérémonie burlesque finale est autorisée par le carnaval. Lors de la résurrection d’Argan, il va reconnaitre sa fille et se reconnaitre lui-même.

Molière est un homme malade qui a écrit une satire contre les médecins et qui meurt le soir de la 4ème représentation. Il y a quelque chose de réjouissant dans le fait que ce 17 février 1773, le cœur chante « vivat » à Molière jouant Argan, au moment même où Molière est en train de mourir. La comédie ne peut pas nous sauver de la mort, mais peut nous donner de la joie.

J’aime le théâtre qui se suffit des acteurs et du texte qui remplissent la scène avec une voix, un sens. Il n’y aura ni micro, ni vidéo, ni accessoire superflu. Cela demande des acteurs très investis. L’acteur est primordial au théâtre. Il doit avoir une personnalité unique, un style propre, une présence mais il doit également servir le spectacle par un travail remarquable sur le texte, servir la pièce, fasciner le spectateur. Tout ce qui semble obscur doit devenir évident grâce à lui.

Préparation de la rencontre

Interprétation de l’un des monologues suivants pour le premier tour :
– Monologue de Lisette dans la pièce « Louison » d’Alfred de Musset, Acte I, sc1
ou
– Tirade de Cléante dans « Le malade imaginaire », de Molière Acte II, sc5 line 181 à 230.

Pour le deuxième tour, préparation de la scène « Valère – Marianne » dans la pièce « Tartuffe » de Molière, Acte II, sc4.

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’18, ’19, ’20 et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (rencontre, répétitions et représentations)

3. Être libre aux dates de la rencontre et arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions

A propos de l'auteur·ice

Jean-Baptiste Poquelin dit Molière

Fils de Jean Poquelin, riche marchand-tapissier établi rue Saint-honoré à Paris, Jean-Baptiste Poquelin est baptisé le 15 janvier 1622 à la paroisse Saint-Eustache. Sa mère, Marie Cressé, meurt en 1632 alors qu’il n’a que dix ans, son père se remarie avec Catherine Fleurette, autre fille de tapissier, dont il aura cinq enfants. De 1633 à 1639 il est élève au collège de Clermont (actuel lycée Louis-le-Grand), tenu par des Jésuites, l’un des établissements les plus huppés de la capitale. Jean-Baptiste y fait d’excellentes études (latin, mathématiques, physique, philosophie mais aussi escrime et danse). Grâce à son grand-père, il a pu assister aux représentations théâtrales de l’Hôtel de Bourgogne, mais aussi à celles des improvisations sur canevas des Italiens, ou aux farces comiques de Gaultier-Garguille ou Guillot-Gorju. Le 18 décembre 1637, il prête le serment de tapissier royal, reprenant ainsi la charge de son père auprès de Louis XIII. On ne sait si Molière exerce ou non son nouveau métier, toujours est-il qu’en 1640 il fait la connaissance d’une famille de comédiens, les Béjart et il tombe amoureux de Madeleine, protégée du duc de Modène. La même année, il rencontre le célèbre Scaramouche, et prend peut-être des leçons auprès de lui. En 1642, il prend ses licences de droit à l’université d’Orléans et revient à Paris où il s’inscrit au barreau pendant six mois, puis il remplace son père qui veut lui laisser sa charge et voit d’un mauvais œil sa fréquentation des Béjart, et suit la cour de Louis XIII à Narbonne. En janvier 1643, Jean-Baptiste renonce à la charge de son père qui lui coupe les vivres. Le 13 juin, l’acte de fondation de l’Illustre Théâtre, sous la direction de Madeleine Béjart, est signé.

Des débuts difficiles

En 1644, la troupe joue en province. En juillet, ils sont de retour à Paris et Jean-Baptiste est devenu « Molière » et directeur de la troupe. La troupe joue au Jeu de Paume des Métayers et essuie un échec cuisant. La troupe fait faillite en 1645 et Molière est emprisonné au Châtelet pendant quelques jours, puis son père paie les dettes de la troupe pour le faire sortir et, sitôt libéré, la troupe part en province pour en rejoindre une autre dirigée par le comédien Dufresne, au service du duc d’Épernon, gouverneur de Guyenne. Entre janvier 1646 et mars 1657, la troupe joue dans toute la France. En 1653, la troupe passe au service du prince de Conti, frère du grand Condé et nouveau gouverneur de la Guyenne. Mais celui-ci finit par céder aux pressions religieuses du moment et effectue une conversion. Le théâtre devient alors pour lui synonyme de perdition et il chasse de sa maison la troupe qui passe alors au service du gouverneur de Normandie. Molière renonce à ses prétentions tragiques : il est une grande vedette comique et redevient chef de troupe en 1650. Il compose des farces sur le modèle italien, avec un seul canevas. Il crée le personnage de Mascarille dans ses premières vraies pièces : L’Étourdi (Lyon, 1655), Le Dépit amoureux (Béziers, 1656). En 1658 il fait la connaissance de Corneille vieillissant et joue à Rouen.

Le début de la gloire

Molière retourne à Paris en 1658, il joue au jeu de paume du Marais. Protégé par Monsieur, frère du roi, il joue alors devant Louis XIV une tragédie de Corneille, Nicomède, qui ennuie, et une farce, qui est un triomphe, Le Docteur amoureux. Molière dispose d’un grand talent comique : sa voix et ses mimiques déclenchent l’hilarité. La troupe de Molière jouit bientôt d’une réputation inégalée dans le comique, et le roi l’installe au Petit-Bourbon, où elle joue en alternance avec la troupe italienne de Scaramouche.

En 1659 la troupe perd Joseph Béjart et les Du Parc la quittent pour la troupe du Marais. On engage les jeunes comédiens La Grange et Du Croisy.
Le 18 novembre, c’est le succès éclatant des Précieuses ridicules, où Molière dans le rôle de Mascarille donne la réplique à Jodelet, fameux comédien engagé pour l’occasion, et reçoit alors la faveur du roi. Le théâtre du Petit-Bourbon est ensuite détruit pour les besoins de la construction de la colonnade du Louvre, ce qui entraîne trois mois de chômage pour la troupe. Le roi installe Molière en 1660 au Palais-Royal, où Molière donne Sganarelle ou le Cocu imaginaire. Il est sacré par Baudeau de Somaize (auteur du Grand Dictionnaire des Précieuses) « premier farceur de France ». Il perd son frère cadet, ce qui fait de lui l’unique héritier de la charge de son père avec lequel il s’est réconcilié.

Molière partage, en 1661, le théâtre du Palais-Royal avec la troupe de Domenico Biancolelli, dit Arlequin. Il présente Dom Garcie de Navarre qui est un échec et L’École des maris qui triomphe. La même année, Molière emménage en face du Palais-Royal. Le 17 août il crée Les Fâcheux, sa première comédie-ballet, au château de Vaux-le-Vicomte, pour Fouquet qui reçoit le roi. En 1662, Molière épouse Armande Béjart, de vingt ans sa cadette, avec qui il aura un fils Louis dont le roi est parrain, baptisé le 24 février 1664 et mort à huit mois et demi, une fille Esprit-Madeleine, baptisée le 4 août 1665, et un autre fils Pierre, baptisé le 1er octobre 1672 et mort le mois suivant. L’année de son mariage, il s’attaque à un sujet peu courant à l’époque : la condition féminine. L’École des femmes est un triomphe où Armande Béjart tient le rôle d’Agnès.
En 1663, à cause des dévots qui considèrent Molière comme un libertin et L’École des femmes comme une pièce obscène et irréligieuse, mais également parce que Molière est le premier comédien à avoir reçu une pension directe du roi, il est attaqué dans sa vie privée : on insinue qu’il a épousé sa propre fille. Le 1er juin il réplique par La Critique de L’École des femmes et, le 18 octobre, il joue devant le roi L’Impromptu de Versailles, qui donne également d’éclairantes précisions sur le fonctionnement d’une troupe de théâtre au XVIIe siècle.
Le 29 janvier 1664, Molière présente au Louvre Le Mariage forcé, où le roi danse, costumé en Égyptien. Il est ensuite nommé responsable des divertissements de la cour et, du 8 au 13 mai, il préside les Plaisirs de l’Île enchantée, divertissement présenté à Versailles en l’honneur de la nouvelle maîtresse du roi, Mlle de La Vallière. Il y donne La Princesse d’Élide qui mêle texte, musique et danse, et recourt à des machines sophistiquées et une première version en trois actes du Tartuffe que, sous la pression des dévots, Louis XIV se voit dans l’obligation d’interdire pendant cinq ans. Cet épisode est demeuré célèbre sous le nom de « cabale des dévots ». Cette même année, la troupe de Molière joue La Thébaïde, première pièce de Racine.
En 1665, on joue seulement quinze représentations du désormais célèbre Dom Juan. La troupe, soutenue par le roi, devient la Troupe du Roy et reçoit une pension de 6 000 livres par an, ce qui ne fait pas grand-chose lorsqu’on sait que la recette d’une représentation réussie est d’environ 1 800 livres.

Le 15 septembre 1665, Molière donne L’Amour médecin et le 27 novembre, malade d’un « fluxion » qui était probablement la tuberculose, Molière est écarté de la scène pour deux mois. Le 4 décembre, la troupe joue Alexandre le Grand de Racine qui, déçu par l’interprétation, trahit Molière et confie sa pièce à l’Hôtel de Bourgogne.

Les dernières œuvres

En 1666, Molière et Armande se séparent. Le 4 juin, Molière donne Le Misanthrope et le 6 août, Le Médecin malgré lui. Le 27 novembre, il fait une grave rechute qui ne lui permet de remonter sur les planches qu’en juin 1667. Pendant cette année, il forme le jeune Baron, âgé de quatorze ans, à l’art du comédien. Il tente alors de jouer à nouveau Tartuffe, sous un titre différent, L’Imposteur, mais la pièce est interdite le lendemain. Il donne également Mélicerte, deux actes de comédie qui constituent la troisième entrée du Ballet des Muses commandé par Louis XIV au poète Benserade. Le roi y danse avec Henriette d’Angleterre, fille de Charles Ier d’Angleterre et d’Henriette de France.
Mlle Du Parc quitte une deuxième fois Molière pour l’Hôtel de Bourgogne et y crée le 22 novembre Andromaque, premier triomphe de Racine.
En 1668 sont représentées successivement Amphitryon le 13 janvier, George Dandin en juillet et L’Avare en septembre. La santé de Molière est très mauvaise et le bruit de sa mort court déjà dans Paris.
L’interdiction de représenter le Tartuffe est levée en 1669. La pièce remporte le 25 février un succès considérable avec une recette de 2 860 livres. La même année, il perd son père et crée avec la collaboration de Lully des comédies-ballets : Les Amants magnifiques, Monsieur de Pourceaugnac, Le Bourgeois gentilhomme.
En 1670 paraît Elomire hypocondre, pièce insultante écrite par Le Boulanger de Chalussay, dans laquelle Molière (dont Elomire est l’anagramme) est tourné en ridicule de façon particulièrement acide.
En 1671 Molière donne Psyché, Les Fourberies de Scapin, La Comtesse d’Escarbagnas et Les Femmes savantes.
En 1672 meurt Madeleine Béjart qui n’avait jamais cessé d’être d’une grande importance pour Molière. Il se réconcilie avec Armande et Lully intrigue auprès du roi pour obtenir l’exclusivité de la création des ballets.
En 1673 Molière a bel et bien perdu la faveur de Louis XIV et son Malade imaginaire n’est pas joué à la cour.

La mort de Molière

Pris de convulsions au cours de la quatrième représentation du Malade imaginaire, Molière expire quelques heures plus tard d’une congestion pulmonaire, le 17 février 1673, chez lui et non pas en jouant cette pièce — comme le veut la tradition —, sans avoir abjuré la profession de comédien, considérée comme immorale par l’Église.

Dans le registre qu’il tient scrupuleusement, La Grange écrit ce jour :

« 17 février 1673.
Ce même jour, après la comédie, sur les dix heures du soir, M. de Molière mourut dans sa maison rue de Richelieu, ayant joué le rôle du dit Malade imaginaire, fort incommodé d’un rhume et fluxion sur la poitrine qui lui causait une grande toux, de sorte que dans les grands efforts qu’il fit pour cracher, il se rompit une veine dans le corps et ne vécut pas demi heure ou trois quarts d’heure après ladite veine rompue. Et son corps est enterré à Saint¬-Joseph, aide de la paroisse Saint¬-Eustache. Il y a une tombe élevée d’un pied hors de terre.
LA GRANGE, Registre. »

Le clergé de Sainte Eustache ayant refusé de lui donner une sépulture chrétienne en raison de l’excommunication de tous les comédiens, Armande alla trouver Louis XIV en personne, par qui Molière avait été disgracié, afin qu’il intervienne auprès de l’archevêque de Paris. Suite à cette intervention, Monseigneur du Harlay prononça l’ordonnance suivante :

« Nous avons permis au sieur curé de Saint Eustache de donner le sépulture au corps du défunt Molière dans le cimetière de la paroisse, à condition néanmoins que ce soit sans grande pompe et avec deux prêtres seulement ».

Il fut inhumé de nuit, de façon quasi-clandestine, le 21 février 1673. Mais le cortège fut plus important que prévu, une grande foule de gens du peuple accompagnant le corps au cimetière Saint-Joseph, au pied de la croix. En 1817, la dépouille a été transférée au cimetière du Père-Lachaise en même temps que celle de La Fontaine. La Grange et Armande, chassés du Palais-Royal par Lully qui y installe l’Académie royale de musique, transportent leur troupe rue Guénégaud où elle fusionne avec celle du Marais. En 1680, sur décret du roi, elle doit fusionner avec la troupe de l’Hôtel de Bourgogne : c’est la naissance de la future Comédie-Française.

Molière, « baladin de cour » : Créateur de formes dramatiques nouvelles
« Plaire », c’est avant tout plaire aux grands qui soutiennent et font vivre les gens du spectacle. Les goûts de la Cour en matière de divertissements sont sensiblement les mêmes, en cette seconde moitié du XVIIe s., que pendant les premières décennies de l’unification du territoire national sous la domination progressive de la monarchie absolue : on cherche essentiellement à se distraire. Le roi et les courtisans apprécient par-dessus tout la musique et la danse. Molière suivra leur penchant en répondant aux commandes que lui faisaient les grands tout en ajoutant sa touche personnelle aux représentations qu’il dirigeait. A toutes ces pièces, dont l’éclat spectaculaire devait flatter le goût du monde, pièces « mêlées de musique et de danse » ou « d’entrées de ballets », Molière a voulu donner un statut particulier : il a créé ainsi le genre nouveau de la « comédie-ballet », né et mort avec lui. Plaire, pour Molière, c’est non seulement fournir la Cour en divertissements élégants, mais aussi, plus généralement, « faire rire les honnêtes gens ».
Molière, dans sa dédicace au roi, se définissait pourtant de la façon la plus claire :

« Ceux qui sont nés en un rang élevé peuvent se proposer l’honneur de servir Votre Majesté dans les grands emplois ; mais pour moi, toute la gloire où je puis aspirer, c’est de la réjouir. Je borne là l’ambition de mes souhaits et je crois qu’en quelque façon ce n’est pas inutile à la France que de contribuer quelque chose au divertissement de son roi. »

Molière aura été plus qu’un amuseur royal : un royal amuseur.

Lieu de la rencontre

Comédie royale Claude Volter : Avenue des Frères Legrain, 98 à 1150 Bruxelles
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