« Mère Courage et ses enfants » est une pièce de théâtre de Bertolt Brecht qui porte le sous-titre : « Chronique de la guerre de Trente Ans », avec une partition musicale originale de Paul Dessau. C’est un des piliers du répertoire de Brecht. Cette pièce en douze tableaux, écrite en 1939, alors que Brecht vivait en exil en Scandinavie, est inspirée des Aventures de Simplicius Simplicissimus (1669), « roman éducatif » de Grimmelshausen.
Alors que l’Europe se précipite dans l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, l’auteur allemand va écrire une œuvre pamphlétaire, visant à dénoncer l’absurdité d’une guerre dite de religion aux tenants fortement politiques. La première représentation a eu lieu à Zurich en avril 1941. La pièce a été reprise à Berlin en janvier 1949, avec Hélène Weigel dans le rôle-titre, dans une mise en scène de l’auteur et de Erich Engel.
Pendant la guerre de Trente Ans, la cantinière Anna Fierling, dite Mère Courage, accompagnée de ses deux fils, Eilif et Fromage Suisse, et de sa fille muette, Catherine, tire sa lourde charrette sur les routes d’Europe, profitant de la guerre pour faire du commerce. La pièce commence au printemps 1624, alors que la Suède recrute pour la guerre contre la Pologne.
De champ de bataille en champ de bataille, de Pologne en Bavière, toujours prête à réaliser une bonne affaire, Mère Courage s’est installée dans la guerre et fait du commerce pour être une bonne mère, mais elle ne peut être une bonne mère en faisant du commerce. Elle court les champs de bataille pour y acheter et vendre tout ce qu’elle peut trouver, munitions, croquenots, poulets, etc. Pour gagner quelques sous, elle est prête à tout sacrifier. La guerre lui prend ses enfants, l’un après l’autre. Mais elle ne renonce pas et reprend la route avec cette obstination de ceux qui, au bout du malheur, choisissent toujours le parti de la vie.
Bertolt Brecht voit en Mère Courage une figure négative, celle de la marchande qui « reconnaît […] l’essence purement mercantile de la guerre », mais « apprend aussi peu de la catastrophe que le cobaye apprend sur la biologie » (Écrits sur le Théâtre). Pourtant, le personnage de Mère Courage touche par sa vivacité, son esprit et son amour maternel. L’important, pour Brecht, est de mettre en évidence les processus qui conduisent à cette contradiction, afin que le spectateur ne soit pas tenté de n’y voir qu’une fatalité, et qu’il reconnaisse dans Mère Courage un infime rouage dans la logique implacable de la guerre et du profit.