Michala Aagaard

Au plaisir de ne pas vous surprendre, je suis pleine de choses, de couches, de niveaux, de côtés, d'envies et de répulsions qui se croisent et se mélangent. Parfois on voit plus une partie qu'une autre, parfois on n'en voit aucune parce que j'en ai décidé ainsi. Au delà et/ou entre tout ça, je me démène comme je peux pour dire que mon prénom se prononce MiKala. Et à l'intérieur du centre de ce tout, j'aime l'humour absurde, le silence, sourire aux rageu.xses, j'aime être proche de mon enfant intérieur, j'aime bien les gens qui tendent à l'être aussi, j'ai des grandes dents pour sourire beaucoup tout en sachant qu'il n'y aura pas de planète B et qu'on fonce dans le vortex de notre propre anéantissement.

Et donc sans transition, je suis une artiste multitool - comédienne, metteuse en scène, danseuse et récemment porteuse de projet - vivant à Bruxelles et d’origine danoise. Je suis formée au Conservatoire royal de Bruxelles, dont je sors lauréate du prix du jury André Debaar. En 2022, j'assiste le travail dramaturgique d’Adeline Rosenstein sur une étape de création de son spectacle "Laboratoire Poison" pendant 5 semaines. Cette rencontre marque un tournant dans ma démarche artistique, m’amenant à explorer le théâtre documentaire comme un espace d’expression scénique capable de rendre accessibles des sujets perçus comme complexes. Mon travail de fin d'études portait sur le rôle politique que joue le théâtre documentaire, en tant qu’espace artistique de décorticage d’épisodes historiques et en tant que vecteur contre leur oubli. J’y pointais également en quoi le théâtre documentaire permet d'opérer un déplacement de regard chez les spectateur.ice.s, souvent conditionnés par un récit et une pensée dominante - patriarcale, capitaliste et raciste.
En 2023, je co-crée avec Camille Vandevelde et Léo Duquesne "Parlons peu parlons bien », une performance poétique présentée au festival de Stavelot, puis aux Esquisses aux Planches du Théâtre Le Public à Bruxelles. Ce projet interroge l'accessibilité de la poésie contemporaine, souvent perçue comme opaque. En collaboration avec l'autrice Maëlle Rey, la performance évolue pour devenir "Pile ou Face", présentée à la Maison de la Poésie de Namur en novembre 2024 et sera prochainement présentée au Centre culturel de Huy (septembre 2025).

Aujourd'hui je me vois comme une artiste timidement obsédée par l’acte d'interroger ce qui semble perdu d’avance et de créer ou participer à des projets qui ouvre la voie, la discussion et la réflexion sur ce qui peine à faire son chemin. Je ne trouve de sens que lorsque je peux m’engager dans des processus d’écriture et de réflexions au long cours, faits de nombreux ratés, de frustrations, de tremblements et d’étonnements. Au cœur de ma démarche je suis troublée par une préoccupation persistante : comment traduire sur scène des phénomènes politiques et/ou psychosociaux, dont la complexité dépasse parfois les outils traditionnels du théâtre ?

Début 2025, j'ai entamé mon premier chantier de recherche pour un projet de théâtre documentaire : "Matos joyeux contre une dissonance - titre
provisoire », que j'imagine comme une enquête sur la question du rapport paradoxal que les humain.e.s peuvent entretenir avec les animaux. C’est une exploration qui interroge et tente de comprendre comment certain.es. d'entre nous arrivent à cohabiter avec le souci (dans le sens du soin) du mal-être animal tout en continuant à quand même les consommer.

Parallèlement, je mène des ateliers de théâtre avec des adolescents en collaboration avec Sarah Dupré, en vue de créer un spectacle en 2026. Je travaille également comme danseuse et performeuse sur le projet en recherche d’Anne- Charlotte Bisou, "Guérillères" et je m'apprête à jouer en octobre 2025 dans la série "La vie dont nous rêvions" réalisée par Audrey Estrougo.