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Où suis-je? Qu’ai-je fait?

Pauline d'Ollone

En bref

Parfois l'homme peut avoir besoin d'abandonner sa liberté pour suivre quelqu'un qui régirait sa vie à sa place.

Où suis-je? Qu'ai-je fait?

Trois fables…
Les amoureux
Un garçon (LUI) rencontre une jeune fille (ELLE) et tombe dans une extase quasi-religieuse pour elle, lui attribuant des qualités
parfaites, absolues, divines. Comme un homme englué dans un mauvais rêve, LUI se voit confronté à des obstacles qui le poussent à se
fanatiser et à se radicaliser dans son désir de communion avec cet être parfait. ELLE tente de maintenir cette illusion de perfection
dans laquelle il l’enferme, mais cette oppression constante la pousse au suicide. Incapable de faire face aux événements, LUI reste
bloqué dans l’adoration morbide d’une perfection qui n’existe pas.
Les groupes sectaires
LAURENT est un quadragénaire occidental qui cherche l’amour sur internet. Il va de désillusions en désillusions, répétant toujours le
même schéma : Rencontre d’une femme splendide sur internet, promesse d’amour mais impossibilité de réunion pour cause de manque de
moyens, envoi d’argent pour le visa, passeport, billet d’avion, etc.
Puis plus de nouvelles de la femme en question. Ecoeuré par ces échecs successifs, il contacte MARINA, coach en relation amoureuse sur
internet. Au fur et à mesure de leurs échanges, l’influence de MARINA sur LAURENT et sur son entourage grandit de façon démesurée.
Elle se révèle être le gourou charismatique d’une secte promettant à chacun de vivre en toute sécurité dans un monde hyper-connecté.
Malheureusement les pannes technologiques s’accumulent.
L’ascension d’un despote
Une APPRENTIE-DESPOTE, affligée d’une « petite santé », cherche à devenir dictateur. Elle rêve de pouvoir, de reconnaissance et de gloire. Accompagnée par son conseiller en communication, elle va prendre des cours chez un spécialiste de la prise de pouvoir dictatoriale : L’HÔTE. Apprenant progressivement les ressorts nécessaires à une dictature, elle met en pratique la théorie, et acquiert très rapidement prestige et pouvoir. Cela s’avère d’autant plus facile que le peuple de son pays était prêt, terriblement affaibli et dans l’attente d’un sauveur charismatique pour le guider.

En pratique

Un rôle féminin (rôle principal) ouvert aux membres du Centre des Arts scéniques
Rencontre Professionnelle: du lundi 23 au vendredi 27 octobre 2017. Date limite d’inscription: dimanche 15 octobre 2017
Répétitions : les dates seront précisées ici dans les prochains jours
Représentations : les dates seront précisées ici dans les prochains jours

A propos de Pauline d'Ollone

Licenciée en Lettres modernes, Pauline d’Ollone est violoniste (diplôme de fin d’étude du conservatoire/ Paris) et comédienne de formation (INSAS/Bruxelles). Elle commence sa carrière en tant que comédienne sous la direction d’Aurore Fattier (au Théâtre Varia et au Théâtre de la Balsamine/ Bruxelles). Elle est assistante à la mise en scène de Razerka Lavant au Théâtre National de Chaillot/ Paris). Son désir de mettre en scène vient vite prendre le pas sur celui d’être interprète, et elle se tourne alors vers la direction d’acteur et l’écriture. Elle monte des spectacles avec des adolescents à la Maison du Geste et de l’Image à Paris et avec des toxicomanes en cure de désintoxication à l’hôpital Guy Moquet de Paris. En tant que dramaturge, elle est l’auteure de la pièce Où-suis-je ? Qu’ai-je fait ? qu’elle a créée dans le cadre du Théâtre de L’L. Elle est aussi l’auteure de Reflets d’un banquet (une réécriture du Banquet de Platon) qu’elle a mis en scène en 2013 au Théâtre Océan Nord et qui sera repris en décembre 2014 au Théâtre de la Vie. Elle crée en 2013, parallèlement à la création du spectacle Reflets d’un banquet, les Ateliers d’Échange Populaires au travers desquels elle anime des ateliers de transmission dans le but d’ouvrir les portes du Théâtre et de sa création à un public plus large. Elle travaille alors avec des chômeurs de longue durée de la Centrale Culturelle Bruxelloise (FGTB), des habitants de Schaerbeek dans le cadre du Festival Mimouna, des élèves du lycée français, des associations de quartier. La richesse de ces interactions avec les spectateurs la conforte dans son désir d’associer des Ateliers d’Échange Populaires à ces futures créations théâtrales.

Distribution

Distribution en cours

Un rôle féminin ouvert aux membres du Centre des Arts scéniques

A propos du personnage: Le personnage de ELLE se télescope avec la Juliette de Shakespeare, qui à mon sens est une figure idéalisée. Tout se passe comme si Roméo s’adressait à un fantasme plutôt qu’à une femme réelle.
« Ange lumineux », « sainte », « soleil », et bien sûre « belle » sont les termes employés par un Shakespeare qui exprime les fantasmes d’une certaine époque. Aujourd’hui, les critères ont changé mais restent inaccessibles. ELLE incarne cette nouvelle fausse réalité génératrice de folie où l’on voit des mannequins à la maigreur inquiétante et moribonde qui déambulent sur les podiums et des adolescentes qui tombent dans l’anorexie.

Note d'intention

Tout a commencé avec une expérience personnelle : un cours de yoga. A la fin de la classe, une des élèves vient me voir et me demande:
“Elle. _ Alors, le cours, comment tu l’as senti ?
Moi. _ J’ai eu du mal à me détendre. La relaxation, ça m’a plus stressée qu’autre chose.
Elle. _ C’est intéressant. Sans doute, ça a éveillé quelque chose à travailler. Si tu veux avec le groupe on organise des stages.”
J’y suis allée, pensant qu’une pratique intensive du yoga m’aiderait à trouver la détente et la concentration dans mon travail de comédienne, à gérer le trac, tout simplement.
Je me suis retrouvée dans un château, au beau milieu de la campagne, sans accès internet, à faire « yoga » et autres activités similaires. Nous dormions peu, faisions beaucoup d’activités physiques : des méditations dites dynamiques dans le but d’enlever “les obstacles que le mental met pour empêcher le lâcher-prise total”, ainsi que des exercices d’hyper-ventilation destinés à “lâcher” encore une fois les émotions.
Dans l’eau de la piscine, des rituels permettaient aux participants : “de naître une nouvelle fois”, “de soigner la naissance primitive et réelle” qui s’était, soi-disant, mal passée. Naissance qui les aurait “traumatisés”, et serait en partie “à l’origine de leurs problèmes actuels”. Certains des anciens participants avaient changé leur nom. C’étaient des « initiés ».
Très vite, je me suis sentie décalée et me suis méfiée de ce genre de pratiques, voyant à quel point les pratiquants en sortaient physiquement et émotionnellement affaiblis. Mais par curiosité, je me suis quand même plongée dans l’expérience et j’ai pu observer de l’intérieur la vulnérabilité que cela générait chez moi. Cependant par souci d’auto-préservation, je me suis discrètement positionnée par rapport au groupe avec la distance de l’anthropologue et l’empathie d’un metteur en scène face à des situations inconnues.
Tous ces “adeptes” de la pratique intensive du Château se disaient être en quête de spiritualité. Ils semblaient extrêmement fragiles, avec un besoin d’amour intarissable.
Il y avait un homme qu’ils reconnaissaient comme leur maître et qui se prétendait tel. Cet homme leur donnait amour, reconnaissance et sécurité. C’est du moins ce que croyaient les disciples qui le suivaient avec confiance et adoptaient sa façon de penser sur tous les points. Le maître leur apportait la guérison de leurs blessures personnelles, mais aussi des “blessures trans-personnelles” (celles de leurs ancêtres), des “blessures de vies antérieures”, des “blessures karmiques”… Vaste programme qui justifiait pour les adeptes la fréquentation intensive de ce lieu. Progressivement je réalisais qu’il y avait une idéologie propre à ce groupe qui plaquait un sens sur chaque situation : tout était signe, tout était juste… Et tous ne parlaient que d’amour, de spiritualité, d’harmonie, d’union avec le grand tout, d’énergie de l’univers…
Pourtant, si je posais des questions, ou si mon discours laissait entrevoir le moindre esprit critique par rapport à la façon de penser de la communauté, je recevais énormément d’agressivité et de violence.
“Eux. _ Qu’est-que tu fais là si tu n’es pas d’accord avec la vision du monde du château ?
Moi._ Je suis juste venu faire du yoga mais je ne souhaite pas qu’on plaque un discours et des dogmes sur ma pratique physique.” La distorsion qu’il y avait entre la violence qu’ils dégageaient à mon encontre quand j’exprimais mes doutes, et le langage d’amour et de spiritualité qu’ils employaient constamment était véritablement saisissante. À la longue ce discours “spirituel” m’était devenu de plus en plus insupportable par son dogmatisme et son côté systématique et plaqué. J’avais devant moi des gens fragiles, terriblement immatures sur le plan affectif, perdus, dans un besoin d’amour immense, et par là même touchants.
Mais avec une façon de voir le monde systématique, uniforme et sans aucun esprit critique, qui était devenue carrément flippante, cauchemardesque.
Cette expérience m’a rendue extrêmement vigilante à toute forme de dérive sectaire. Et j’ai le sentiment que ces dérives sont de plus en plus présentes dans nos sociétés et qu’elles se démultiplient sous des formes variées. Que ce soit une personne de ma connaissance qui pensait pouvoir soigner son cancer à coup de gongs, et “vibrations énergétiques purificatrices” dispensées par un “guérisseur” refusant toute chimiothérapie, ou que ce soit telle autre, tentant de se “libérer de ses cuirasses” pour déployer sa créativité auprès d’un thérapeute holistique hors de prix, ou tous les témoignages de sectes recueillis sur internet, ou encore, les combattants de Daesh, soi-disant envoyés par « Dieu” pour purifier le monde…
Les exemples sont nombreux de groupuscules cachant leurs desseins violents derrière un vocabulaire appartenant au langage amoureux, aux quêtes spirituelles et au développement personnel. Vocabulaire teinté au besoin d’un vernis pseudo-scientifique, ratatouille indigeste mélangeant chakras, nœuds énergétiques, vibrations cosmiques, mission divine avec promesses d’un monde meilleur…
Sans vouloir mettre tous ces exemples sur le même plan, j’ai tenté dans cette pièce de déceler ce qu’ils pouvaient avoir en commun : embrigadement, sentiment d’une mission supérieure et fantasmée au nom de laquelle le réel n’a pas d’importance et peut donc être sacrifié : conséquences et dégâts « collatéraux » désastreux.
Je veux parler de ces moments où le monstre caresse l’ange : ces moments troublants où la barbarie et l’horreur se cache derrière des mots caressants, des valeurs apparemment belles et aimables ; ces moments où certains individus commettent des actes barbares et sanglants en toute bonne conscience et en étant absolument sûr s d’être dans le bon, le vrai et le beau.
Je souhaite mettre en évidence comment des manipulateurs utilisent la fragilité de leurs adeptes pour asseoir leur emprise. Je veux déceler les mécanismes cathartiques utilisés par eux pour exacerber les émotions les plus primaires et infantiles des auditeurs et obscurcir ainsi leur pensée.
Mais je veux aussi parler de la responsabilité des adeptes eux-mêmes sans le désir desquels le gourou ne pourrait exister. Car ce dernier prend son pouvoir et son charisme du désir assoiffé de ceux qui veulent bien le lui donner.
Avec « Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? » j’use de distance et de décalage pour aiguiser l’esprit critique, le doute et la pensée.
Je veux que mon spectacle fasse appel au rire comme outil de réflexion joyeuse. Il ne s’agit pas ici de choisir entre un enchantement mensonger et malsain du monde et un nihilisme déprimant et bassement consumériste, mais il s’agit de permettre le choix d’une lucidité rieuse. Car je pense que l’humour permet de s’approprier sainement la peur du réel et de l’inconnu.

°°° Pour moi, cette histoire d'amour (Roméo et Juliette) est une imposture. Les deux amants, dans un rapport autistique au reste du monde, sont assez peu sensibles aux morts qui traversent leurs parcours et dont ils sont la cause. [...] Roméo qui tue un homme qui le dérange pendant qu’il se recueille sur le tombeau de sa bien aimée n’est-il pas comparable à un religieux fanatique et radicalisé qui est prêt à tuer pour adorer son dieu? °°°

Préparation de la rencontre

Nous préciserons le travail à préparer dans la lettre de confirmation à partir le jour ouvrable suivant la date limite d’inscription.

Nous mettons déjà à votre disposition le texte de la pièce sur ce lien. Le mot de passe vous est communiqué dans le sms introductif.

°°° La femme russe possède des valeurs morales qui ont parfois tendance à se perdre dans les pays occidentaux. La femme russe est travailleuse car elle a été habituée à des conditions de vie difficiles à l'époque de l'Union Soviétique. Enfin, la femme russe est d'un type de beauté tout à fait conforme aux canons de beauté du monde occidental.°°°

Conditions de participation

1. Être inscrit(e) au Centre des Arts scéniques, promotions ’14, ’15, ’16
2. Être libre aux dates de travail (répétitions et représentations)
3. Être libre toute la durée du stage et arriver à l’heure
4. Nous avoir transmis votre CV (format pdf) et une photo actualisés (format jpg) au plus tard lors de votre inscription, si cela n’a pas déjà été fait
5. Respecter la date de clôture des inscriptions

°°° Pourquoi cette déclaration de Roméo à Juliette me met-elle dans un tel état de colère, Alors que cette déclaration est si belle, si romantique, et que Roméo devrait m’émouvoir? [...] Si un metteur en scène me le demandait, je sais que tous les soirs, au moment de la scène du balcon, j'aurais un furieux désir d'insulter mon partenaire, de descendre de mon balcon pour lui foutre une tarte. - Pauline d'Ollone °°°

Lieu de la rencontre

KJBi
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