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Arpentage 4/6 « Cette évidente et bruyante ingouvernabilité » : The Ocaña We Deserve (L’Ocaña que l’on mérite)

En bref

Légende de l’image : Ocaña, Sin título (La vieja) (Sans titre [La vielle]), 1974. Dans la collection du Museo Nacional... Lire l'article

Lundi 24 mars de 10 à 16h à La Bellone

 

Dans cet atelier, ensemble, nous allons traduire et performer des passages de l’essai The Ocaña We Deserve: Campceptualism, Sexual Insubordination, and Performative Politics (L’Ocaña que l’on mérite : Campceptualisme, insubordination sexuelle et politique performative). Le philosophe queer castilien-léonais Paul B. Préciado dédie cet essai à l’artiste, travestie, libertaire et andalou·se Ocaña, qui vivait à Barcelone et était connu·e pour ses performances durant la dernière transition de régime politique de l’État espagnol, d’une dictature fasciste à une monarchie parlementaire, dans les années 1970 et 80 :

 

« Ocaña’s performative feminization, which met with mistrust both in the left and amongst homosexual movements, was not only a satirical reference to bourgeois and national Catholic female models (wife, mother, virgin) but also the exaltation of marginal figures such as mad women, tomboys, spinsters, widows, invalids, southern women, sinful saints, orphan girls, hunchbacks, outcasts, whores, dykes… Ocaña’s performance embodied all these subordinate biopolitical figures. By theatralizing them, he did not represent them (in the political or even metaphysical sense of the word); rather, he brought them to life, embodied them, produced them, activated them as somatic fictions and at the same time affirmed them as not only ghosts in history (invisible bodies with no discourse or agency of their own) but also as lines of flight through which life evades biopolitical control. »

 

Souvent, j’ai eu l’expérience de la traduction comme travestisme : quand je traduis, j’incarne le texte de référence et son auteur·ice. Le travestisme est une pratique transpédébigouine de prise de conscience collective, dont les facilitateur·ices, les travesti·es, rendent possible, par jurisprudence, l’impossible. Le travestisme explicite ainsi, par l’exagération et avec un style camp proprement homosexuel, les systèmes d’oppressions et privilèges naturalisés dans la dichotomie de genre, ainsi que d’autres constructions normales. La traduction collaborative, qui s’informe de la méthodologie de lecture collective d’arpentage, s’appuie sur le tissage des savoirs linguistiques et techniques d’un groupe, pour produire une traduction située dans ce même groupe. Une telle opération explicite les écarts politiques et culturels entre les traducteur·ices et le texte de référence, ainsi qu’à l’intérieur du groupe de traducteur·ices.

 

L’automne dernier, j’ai commencé cette série d’ateliers pour nous interroger sur des stratégies pour se saisir de l’ingouvernabilité comme une méthodologie transpédébigouine qui s’oppose à la durabilité et la stabilité aux côtés de la dissolution, la transition et la transmission. Nous avons échangé sur la réduction de risques comme paradigme politique contre la punition et la pathologisation ; sur l’amour, ses discours et ses pratiques, et sur les politiques d’accès au couple en lien avec des intersections d’oppressions ; et aussi sur quelles stratégies pouvons-nous mettre en place pour traverser des ruptures… sur scène, dans le travail, dans nos engagements militants…

 

Je vous invite, dans cet atelier que je co-facilite avec l’artiste, chercheur, tatoueur et traducteur bruxellois Oscar Mathieu le Bussy, à pratiquer la traduction collaborative comme outil scénique aux côtés de la question : Quelles sortes de dramaturgies dégoulinent de notre ingouvernabilité ?

En pratique

Inscription : Le nombre maximum de participant·es est 21. Vous pouvez inviter une personne à l’atelier, merci de nous prévenir si vous venez avec quelqu’un.

Des places sont ouvertes aux personnes externes au Centre des Arts scéniques, veuillez un mail à rencontres@arts-sceniques.be pour vous inscrire en précisant ce qui vous amène à cet atelier.

 

Notez-bien la date, votre inscription est validez quand vous vous inscrivez sur la plateforme ! 

RAPPEL : l’atelier à lieu le lundi 24 mars de 10 à 16h à La Bellone

L’atelier se déroulera en français. Une pause pour le déjeuner est prévue.

La salle dédiée à cet atelier est accessible en chaise roulante.

 

A propos de

Castillo : Je suis artiste, chercheur et enseignant en arts. Mon art consiste à organiser et accueillir des assemblées, performer et écrire. Mon travail pose des questions se trouvant aux croisements entre les arts et la santé communautaire transpédébigouine. Depuis 2020, je mène une recherche qui expérimente l’assemblée comme méthodologie ; cette recherche a débuté avec la complicité de l’erg : école de recherche graphique et avec le soutien du Fonds de Recherche en Art, et se poursuit aujourd’hui. À Bruxelles, je fais partie de l’initiative artistique queer Buenos Tiempos, Int. et du groupe de recherche « Des assemblées en Belgique autour des Sidas, des archives et des arts ». En 2024/25, aussi en Belgique, j’enseigne dans MULTI : Master en Pratiques éditoriales à l’Académie royale des Beaux-Arts de la Ville de Bruxelles, je facilite des ateliers pour le Centre des Arts scéniques à La Bellone et je continue ma recherche avec le soutien d’une bourse de recherche de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En Espagne, je participe au groupe de recherche d’activisme en santé mentale « Art Brut, bruta tú ». Je suis né en Castille-La Manche et je vis à Bruxelles.

 

Oscar Mathieu le Bussy : Je suis un travailleur des arts basé à Bruxelles. Ma pratique inclut le dessin, l’écriture, la couture, le tatouage, la performance, l’installation, la traduction, la recherche, la facilitation et la transpédalerie.