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Coriolan

Jean-Baptiste Delcourt

En bref

Coriolan d’après La Tragédie de Coriolan de William Shakespeare.

Dramaturgie

Hubris, du grec ancien ὕβρις, est une notion grecque qui se traduit souvent par « démesure ». C’est un sentiment violent inspiré des passions, particulièrement de l’orgueil. Il constitue la faute fondamentale de la civilisation. Il est à rapprocher de la notion de Moïra, terme grec qui signifie entre autres « destin ». Le destin, c’est le lot, la part de bonheur ou de malheur, de fortune ou d’infortune, de vie ou de mort, qui échoit à chacune en fonction de son rang social, de ses relations aux dieux et aux hommes.
L’Hubris désigne le fait de désirer plus que ce que la juste mesure du destin nous a attribué, si ce désir est réprimé par les dieux, c’est qu’il constitue peut être une première faille dans leur autorité qui peut aussi ouvrir une voie vers le libre arbitre.Le châtiment de l’Hubris, par les dieux, est la Némésis, qui fait se rétracter l’individu à l’intérieur des limites qu’il a franchies.

Pour Coriolan, nous nous inscrirons dans un réel processus de création, notre volonté n’étant pas seulement de faire une adaptation actualisée de Coriolan.
Le texte de Shakespeare a une vocation intemporelle : il parle de la société antique comme de son propre 16e siècle sanglant et donc aussi de notre époque.
Les personnages se débattront dans cet espace fictionnel contre leurs destinées inéluctables. Ils combattront dans cet interstice extraordinaire qu’est la vie, avec cette vitalité fragile que les dieux ont toujours envié aux hommes.

Les acteurices et les créateurices seront tous impliqué·es dans le processus dramaturgique ; iels apporteront des matériaux et en tireront des propositions que nous transformerons en propositions mises à l’épreuve du plateau, qui viendront individualiser le processus en fonction de leurs sensibilités propres. Nous utiliserons ces matériaux dans ce qu’iels ont de plus pertinent aujourd’hui par rapport à la pièce de Shakespeare, comme en contrepoint.

Un travail préparatoire m’a d’ores et déjà permis d’explorer certaines pistes : les Chants de Maldoror de Lautréamont, texte qui s’est vite imposé à moi pour le personnage de l’enfant qui questionne l’humanité. Je pense aussi par exemple au Prince de Machiavel, en référence à l’éducation draconienne que Volumnie donne à son fils (Coriolan) pour que celui-ci survive dans le monde et accomplisse sa destinée glorieuse, ce qui sera finalement la cause de sa chute.

L’Histoire s’exprime souvent par crises, par ruptures, par bouleversements, mais n’est en réalité qu’un continuum dont le sens ne s’exprime que sur la longueur du temps.
Comme Foucault le rappelle souvent, « elle n’a pas de dehors : tout est traversé par des déterminations historiques. Elle touche notre système de pensée, nos pratiques et jusqu’aux rapports que nous entretenons avec nous-mêmes et les autres. »

Les mots de Visconti nous le rappellent également :« Pour que tout reste comme avant il faut que tout change… Nous fûmes les Guépards, les Lions, ceux qui nous remplaceront seront les Chacals et les Hyènes… Et tous, Guépards, Chacals et Moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la Terre. » Le Guépard (1959)

C’est justement parce que nous sommes vivant·es et que nous voulons continuer à être que nous devons nous poser dans la complexité du mythe, en observateurices de notre Hubris, entre destin et libre arbitre, et aller ainsi à la rencontre de ce qui fait la beauté des êtres et de la vie. A propos de dissection, il y a beaucoup de métaphores sur le corps humain dans Coriolan, rapprochant corps politique, corps social avec les organes eux-mêmes. Nous exploiterons cette idée amenée par Shakespeare pour associer le viscéral et le politique.

« Un jour tous les membres du corps humain se révoltèrent contre l’estomac. Voici leurs plaintes contre lui : ils disaient que, comme un gouffre, il se tenait au centre du corps, oisif et inactif, engloutissant tranquille-ment la nourriture, sans jamais partager le travail des autres organes qui se fatiguaient à voir, à entendre, à parler, à instruire, à marcher, à sentir, ayant tous leurs fonctions mutuelles, et servant, en ministres labo- rieux, les désirs et les vœux communs du corps entier. L’estomac répondit… » Shakespeare Coriolan Acte I

Notre processus, finalement, se veut archéologique. Le théâtre nous permet de faire parler les morts avec les vivant·es dans une conversation qui n’est possible que dans cet espace où sont remis en question les mythes, et où nous pouvons les réinterpréter pour essayer de comprendre notre propre existence et nos propres failles. Nous pourrons ainsi percevoir à quel point il s’agit toujours d’un même rapport de force entre dominant·e et dominé·e, dans lequel l’Hubris politique mène toujours à la catastrophe. L’Hubris n’est-il pas également aussi un premier pas vers le libre arbitre et la liberté ? Le refus du destin imposé par les dieux…
« A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s’enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher. Si ce mythe est tragique, c’est que son héros est conscient. »
Le mythe de Sisyphe – Albert Camus

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THEATRALITE

Le travail que je vais mener avec l’équipe va dans le sens de l’appropriation et de l’affirmation par chacun·e des matières que nous allons traverser.

Les différents pôles narratifs forcent à penser les adresses et les codes de façon plurielle. Comme les matières seront multiples, les codes et les théâtralités le seront aussi.

Nous traiterons les textes comme des partitions musicales où chaque intention, chaque mot doit être choisi et maîtrisé au plus près du corps des acteurices.

Les comédien·nes sont au centre de la mise en scène. Iels ne seront pas en permanence personnages, iels se convoqueront mutuellement les un·es les autres et oscilleront entre incarnation, composition et présence naturelle. Les protagonistes elleux-mêmes se mettront en représentation dans la pièce.

Cet aller-retour permet une identification forte à la parole qui est portée, ainsi qu’aux personnages qui se construisent et se déconstruisent devant nous, tout en nous laissant l’espace nécessaire à la compréhension d’un ensemble dépassant le cadre de la pièce de Shakespeare.

C’est le texte qui est incarné, et nous jouerons donc avec les codes pour créer des décalages.

Le réalisme ne doit pas rester prisonnier de l’illusion et du jeu derrière le quatrième mur. Les protagonistes luttent contre le tragique de leurs existences propres à travers ces mots et ces personnages pour qu’advienne une vraie rencontre dans le présent de la représentation.

Le public, étant traité au même titre que les acteurices sur scène, servira d’appui, de témoin, de passeur·se entre le présent et l’Histoire.

En pratique

Audition:
du lundi 22 au vendredi 26 février 2021 au KJbi, Rue Kessels 18 – 1030 Schaerbeek.

Premier tour organisé du lundi 22 au mercredi 24 février.

Deuxième tour : du jeudi 25 au vendredi 26 février.

Répétitions :

  • Du 1er septembre au 12 septembre 2021, au Théâtre d’Oz, rue Artan 144, à 1040 Bruxelles.
  • Du 13 septembre au 2 octobre 2021, à la Compagnie du Point Zéro, rue du Labeur 1 à 1070 Bruxelles.
  • Du mardi 5 octobre au 19 ou 20 octobre 2021, au Théâtre des Martyrs, grande salle.

Représentations :  Du 19 ou 20 octobre jusqu’au 30 octobre 2021.

Une production F.A.C.T

Co-production : Théâtre des Martyrs et la Servante

Avec le soutien : du Théâtre Océan Nord, de la compagnie Hamadryade, de la COOP ASBL, du Centre des Arts scéniques

Mécénat : Laser SA

A propos de Jean-Baptiste Delcourt

Jean-Baptiste Delcourt est né en 1985 à Brive en France.

Metteur en scène et co-directeur artistique de la compagnie F.A.C.T., Jean-Baptiste Delcourt étudie d’abord au Conservatoire de Clermont-Ferrand où il obtient son Certificat d’Études Théâtrales avec les félicitations du jury. Après sa mise en scène de Woyzcek au théâtre national de Clermont-Ferrand, à sa sortie d’étude, il ressent l’appel de la mise en scène. Il décide subséquemment d’approfondir ses connaissances des techniques théâtrales et s’installe à Bruxelles pour faire le Conservatoire Royal de Bruxelles, et plus tard l’INSAS, d’où il obtiendra une licence et un Master en Interprétation Dramatique avec distinction. Ses mises en scènes de Heiner Müller (Médée Matériaux et Hamlet Machine) pendant Printemps Précoce, festival du cursus de l’Insas, confirme ses désirs de direction d’acteurices ainsi que ses envie de mettre en scène.

En sortant de ses études, il cofonde la F.A.C.T., une compagnie au fonctionnement horizontale qui met en pratique les théories de mutualisation des savoirs et compétences.

En parallèle, il travaille un peu comme comédien avant de devenir assistant de metteur·euses en scène reconnu·es (Joël Dragutin, Myriam Saduis, et Aurore Fattier) afin d’affiner son œil. Il accepte également de mettre en scène pour les autres. Ce qui l’amènera notamment à des expériences diverses, telles que travailler en milieu carcéral pour le spectacle « Naked » mais aussi avec le quatuor de musique classique Alfama. Pour la compagnie la Servante, il met en scène Girls & Boys, monologue du dramaturge anglais Denis Kelly, programmé en janvier 2021 au Théâtre de Martyrs.

En 2017, il met en scène son premier spectacle Par les Villages de Peter Handke, au Théâtre Océan Nord. Le spectacle est salué par la critique autant que par le public.

Coriolan (Hubris) d’après La Tragédie de Coriolan de William Shakespeare, ouvrira la saison 2021-22 du Théâtre des Martyrs.

En ce moment, Jean-Baptiste travaille, en association avec la dramaturge et philosophe Valérie Battaglia, sur Elizabeth C, inspirée par l’œuvre du prix Nobel de littérature J.M Coetzee. Depuis 2018 il enseigne également au Conservatoire Royal de Bruxelles et au Cours Florent Bruxelles.

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La compagnie FACT est née en 2013 de la rencontre de quatre artistes au sein de l’INSAS ; Aurélien Labruyère, François Gillerot, Clément Goethals et Jean-Baptiste Delcourt.

La FACT permet la création de spectacles émanant de l’un ou de plusieurs d’entre nous et d’en soutenir d’autres venants d’artistes différent·es. Se confrontent alors aujourd’hui d’autres acteurices et metteur·euses en scènes, des créateur·rices, des administrateurices, etc.. Grâce à toutes ces énergies, la FACT devient un espace d’échange et de discussion collective qui imagine son avenir au quotidien.

Dans cet élan de mutualisation, dès la naissance de la compagnie, nous avons proposé notre soutien à des artistes isolé·es ou débutant leur création ; soutien à la carte, que cela soit logistique, administratif et productif ou encore un regard artistique. Au fur et à mesure des créations, nous apprenons ensemble, cherchons ensemble, inventons ensemble, chacun·e dans notre rôle.

Regards également portés vers l’extérieur, nous avons établis des collaborations fortes avec la France, la Suisse et le Québec. Et toujours dans cet élan de mutualisation, nous avons intégré le BOCAL dès sa naissance, faisant partie des jeunes compagnies non-subventionnées.

Nous rêvons un théâtre en liberté, qui met notre idée du « Réel » en question, et joint nos imaginaires l’espace d’une représentation. Émancipés du désir constant de nouveauté factice que notre monde impose, nous préférons la recherche sincère et perpétuelle de la beauté et de la vérité. Les créations de la compagnie FACT, à la mesure de leur champs d’action, veulent apporter leur petite pierre à cet édifice qu’est l’Art au service de toutes et tous !

Jean Baptiste Delcourt

Distribution

Mise en scène : Jean-Baptiste Delcourt
Adaptation : Jean-Baptiste Delcourt, Nefer Ferreira Monteiro Nunes
Scénographie et conception : Matthieu Delcourt
Création Lumière : Renaud Ceulemans
Création sonore : Noam Rzewski
Création costumes : Laurence Hermant
Assistanat : Florence Marchand

Interprétation :
Soufian El Boubsy : Caius Martius aka Coriolan, patricien romains, officier
Anne Claire : Volumnie, noble romaine, mère de Coriolan
Serge Demoulin : Ménénius
Renaud Van Camp : patricien romain, sénateur

Philippe Jeusette: Cominius

 

Distribution en cours :
Virgilie, noble romaine, femme de Coriolan
Sicinius, tribun du peuple romain
Brutus, tribun du peuple romain
Aufidius, Chef des Volsques
Le jeune Martius, fils de Coriolan (un enfant)

Note d'intention

Chez les grecs anciens, l’Hubris c’est la démesure, un orgueil inacceptable de la part d’un·e mortel·le. Cette prétention à une supériorité insolente parmi les hommes entraîne une punition cruelle de la part des dieux immortels. L’Hubris est le thème principal de la tragédie.

Quand j’ai découvert la dernière tragédie de William Shakespeare, Coriolan, il y a trois ans, j’ai rapidement fait des liens avec ce que nous vivons dans nos sociétés aujourd’hui, mais je ne m’attendais pas à une telle corrélation avec les crises de la politique contemporaine.

Les problèmes que soulève la pièce sur les travers de la démocratie, entre dérives totalitaires et pouvoirs corrompus, m’ont frappé comme un écho déroutant à certains événements actuels, à tel point que le texte en devient presque prophétique.

Coriolan c’est d’abord un questionnement sur la nécessité de vivre ensemble et l’impossibilité d’y arriver totalement.

C’est une pièce politique, mais c’est aussi et surtout une pièce sur l’intime et le rapport difficile entre les êtres, sur le « Je » qui nous empêche de vivre et nous coupe spontanément de l’autre. C’est une œuvre polyphonique qui rend compte du fracas de l’Histoire et qui nous entraîne dans une « infinie conversation » sur la représentation des rapports de pouvoir et d’orgueil au sein de l’humanité.

Comment vivre ensemble malgré les différences et les différends ? La démocratie est-elle le pire des régimes à l’exception de tous les autres ? N’avons-nous le choix qu’entre la démagogie des tribuns, la loi du marché et la tyrannie des hommes forts ? Faut-il préférer la sécurité à la liberté, et l’ordre à la justice ?

Dans la pièce de Shakespeare, Rome oscille entre trois régimes décadents : une démocratie rêvée qui vire à la démagogie, une oligarchie militaire empreinte d’aristocratie et une élite tyrannique qui ne pense qu’aux intérêts privatifs. Aucun régime n’est immunisé contre la tentation d’opprimer, surtout quand rien ne s’y oppose plus. En cela, le libéralisme n’est pas loin de certains despotismes. Le « système capitaliste » est devenu une machine à broyer, comme cela s’est souvent produit dans l’histoire.

L’analogie entre notre situation et celle des anciens empires est frappante : nous entrons dans un règne qui vise, comme jadis, à parachever son hégémonie par l’exaltation des fantaisies des puissants, l’abaissement des citoyen·nes libres et l’anéantissement des indigent·es. Lorsque le pouvoir est acquis, les élites n’hésitent pas à oppresser ceux qui assurent leur richesse. Ainsi, au nom de la « raison », les politiques réorientent le grand bateau des sociétés vers un triple écueil, celui de la souffrance, du narcissisme et de la folie.

Cette tragédie, dans les textes de Shakespeare et Brecht, brasse des enjeux d’une déchirante actualité pour nos démocraties en souffrance : crise de l’identité, guerre civile latente, lutte des classes exacerbée, instabilité permanente, dissensions fratricides, concorde civile impossible, corruption, salut par l’impérialisme ou le populisme, exil, bureaucratie désenchantée, vengeances perpétuelles et pourrissement ultime de la représentation.

Je crois qu’il est essentiel de faire entendre ce texte aujourd’hui, en le confrontant à d’autre, et de faire résonner l’Histoire dans le présent, en cherchant à écouter l’écho de notre humanité.

Jean-Baptiste Delcourt

Préparation de la rencontre

2 féminins et 2 masculins sont à pourvoir pour les membres du centre des Arts scénique. (Sujet à modification)

Les rôles à distribuer sont principalement pour Aufidius, Brutus, Sicinius, Virgilie

Trois sont écrits hommes et un seul, femme. Cependant, mon souci de parité, ainsi que de faire travailler les très nombreuses jeunes actrices qui sortent d’écoles supérieures me mène à envisager d’engager deux femmes et deux hommes. La décision finale dépendra du résultat des auditions. Les actrices et acteurs seront amené·es à endosser les rôles d’autres personnages également (citoyen·nes, lieutenant·e, messager·ère,…)

(Il est possible pour les participantes et les participants de postuler pour plusieurs rôles.)

Travail à préparer :

1) Lire la pièce de Shakespeare (de préférence la traduction de Jean-Michel Déprats mais les autres versions sont acceptées)
2) Lire l’adaptation
3) Scène à préparer pour le rôle de AufidiusScène à préparer pour le rôle de VirgilieScène à préparer pour les rôles de Brutus et Sicinius

SECOND TOUR : les conseils du second tour manquant de clarté, vous trouverez ci-après les textes à préparer : Rôle d’Aufidius, Rôle de Virgilie, Rôles de Brutus et Sicinius

Attention : Il vous est demandé de connaitre les deux rôles concernant la scène de Brutus et Sicinius, pour pouvoir les intervertir au besoin durant l’audition.

 

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’17, ’18, ’19, ’20 et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (répétitions et représentations)

3. Être libre toute la durée de l’audition et arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions au 15 octobre minuit (= 16 octobre heure 0)

6. Si vous annulez après le vendredi (17h) qui précède le premier jour de l’audition, il faudra en justifier la raison.