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Dans la nuit

Coline Struyf

En bref

La nouvelle création de la compagnie Mariedl, mis en scène par Coline Struyf.

Alors qu’une révolte massive gronde dans les rues de la ville, Anna décide de fêter ses fiançailles dans un bar très chic du centre-ville. Par un concours de circonstances alors que les clients se barricadent dans le bar, Anna se retrouve projetée dans la ville.

Anna est le point névralgique de cette fresque. Elle va vivre tout au long du spectacle une métamorphose où elle transcendera en partie les normes auxquelles elle est assujettie et où ainsi, elle reprendra une forme de pouvoir sur sa vie et la vision du monde qui l’entoure.

Coline a la conviction qu’Anna peut devenir une figure nouvelle, une mise en corps des doutes que nous pouvons ressentir face aux pressions sociales ; devenir un écho presque inconscient à cette révolte et ce désir exprimé aujourd’hui par une partie de la population, celui de se libérer d’une société qui déstructure, marginalise et désoriente. Si certains se soulèvent collectivement, brandissant leurs Volontés en bannière, Anna elle, se retrouve embarquée presque malgré elle dans cette insurrection.

Fille d’une puissante famille riche, elle est brillante et représente un modèle de femme épanouie, elle incarne ce qu’est la réussite dans nos sociétés actuelles. C’est en essayant d’échapper à ce milieu étouffant, pour retrouver un amitié de jeunesse, qu’elle se retrouve plongée dans la rue, la nuit et la débâcle. En voulant respirer, loin des injonctions familiales, elle se retrouve nez à nez avec un monde qu’elle ne connaît pas. C’est le souffle de ce vent qui se lève qui l’amènera à agir différemment. L’expérience de cette nuit sera l’initiatrice de sa propre révolte intérieure.

La rue est ici un lieu anamorphique, à la fois celui de la contestation, de la prise de conscience et de la reconnaissance de l’intime. Il n’y a pas si longtemps, avant que nous soyons isolés par les différentes réglementations sanitaires, dans nos villes, dans nos rues les même métamorphoses de territoires s’opéraient selon qui les traverse, les parcours. La rue était aussi bien réinvestie par les marches et les pensées, que par les mouvements de répression et de violence. La metteuse en scène veut faire de Anna le marcheur de cette histoire, qu’elle soit errante ou déterminée selon les situations qu’elle traverse, m’apparaît comme fondamental. En effet, la question de la réappropriation d’un territoire comme la rue est aujourd’hui brûlante.

Pour autant, Coline a la conviction qu’il ne faut pas être front contre front pour parler de la rage. Elle ne souhaite pas représenter le conflit, la foule, la bataille, de manière directe. Bien au contraire, elle cherche dans son travail le développement d’une
poétique du fragment, du souvenir et de la bribe. C’est par sa périphérie que Coline souhaite faire survenir la question de la violence, en particulier grâce à son contre- pied, le concept de défense. C’est par ce biais là, à son sens, que l’exploration n’en sera que plus forte. Coline veut interroger notre vulnérabilité. Démontrer pourquoi cette vulnérabilité aujourd’hui est en passe de devenir synonyme de force et d’ardeur.

Dans la nuit, impose une esthétique ancrée dans l’incarnation où l’obscurité deviendra un révélateur de nos capacités de défenses. Il y a également la volonté forte de mette en lumière les questions de défenses individuelles et citoyennes, d’impliquer les spectateurs de manière active. Soulevant la question délicate et complexe de l’emploi légitime ou non de la violence.

C’est en expliquant aux spectateurs comment se défendre dans tel ou telle situation que nous ferons émerger le caractère violent des situations familiales et insurrectionnelles. Je désire ainsi, par la mise en écho de l’intime et du collectif, mettre au centre de ce travail d’écriture un questionnement solide et qui nous concerne tous: contre quoi, contre qui et comment sommes nous amenés à nous défendre ?

En pratique

Audition :

Du lundi 29 mars au vendredi 2 avril 2021 (option sur le samedi 3 avril) au KJbi, Rue Kessels 18 – 1030 Schaerbeek.

Attention, Coline désire que les candidats présents à cette rencontre soient complétement disponibles pour les répétitions et les représentations.

Premier tour : du lundi 29 au mercredi 31 mars.
Deuxième tour : du jeudi 1 au vendredi 2 avril (option samedi 3 avril)

Répétitions :

Du 1er août au 27 septembre 2021.
Des réunions préparatoires seront organisées dans le courant des mois de mai et juin.

Représentations :

Du 28 septembre au 16 octobre 2021 au théâtre Varia.

A propos de Coline Struyf

Elle entre à l’INSAS en section ‘mise en scène’ en 2006. Après avoir fait divers assistanat. En 2009, elle crée son premier spectacle : Un fils de notre temps adaptation d’un roman de Odon von Horvath au Théâtre Océan Nord à Bruxelles. Elle a été artiste associée au Théâtre National de Bruxelles de 2010 à 2015 . Elle y a créer : L’insurrection qui vient à partir du livre éponyme du Comité Invisible, Balistique Terminale, spectacle chorégraphique et musical, et Lettre à D., histoire d’un amour à partir d’un texte de André Gorz.
Elle recevra le prix pour la meilleure mise en scène pour le spectacle Homme sans but une pièce de Arne Lygre en 2014. Elle a créé en 2018 Ce qui arrive, un spectacle inspiré du roman graphique ici de Richard McGuire qui a reçu le prix de la meilleure scénographie ainsi que pour le meilleur espoir masculin (Pierre Gervais).

Dans son travail elle utilise essentiellement des matériaux non- dramatique (roman, thématique, essais) d’où part un réel travail d’auteur. Elle mène une réflexion sociologique pour nourrir son travail et chercher à interroger la fabrication de nos imaginaires. Elle tente ainsi de déjouer nos réflexes pour donner une place nouvelle au poétique.

Depuis 2007 elle est co-directrice artistique de Mariedl qui est son point d’attache, espace administratif, c’est aussi un espace de recherche, de partage, de réflexion, de création et de chantier. Depuis 2013, Coline enseigne la direction d’acteur et l’interprétation à l’INSAS.

Coline Struyf

Distribution

Les comédien.ne.s de la distribution jouent plusieurs personnages à travers le spectacle :
Thomas Dubot
Aline Mahaux
Emilie Maquest
+ 2 comédien.ne.s du Centre des Arts scéniques.

« Lors de cette audition je ne cherche pas un type d’acteur.rices mais plutôt des collaborateurs avec qui je vais pouvoir partager un travail exigeant.

Les acteur.trices du projet doivent pouvoir avec virtuosité changer de rôles tout en portant la continuité narrative du spectacle.

Je cherche donc des acteur.trices qui ont les capacités suivantes :
avoir une réelle capacité de proposition, et qui peuvent amener des matériaux enrichissants pour nourrir le projet de l’intérieur.
Avoir une appétence pour l’écriture contemporaine, le spoken word, le slam. La capacité d’intégrer des indications liées à des physicalités modulées. Comprendre les enjeux et la logique d’une narration fragmentée, construite de manière non classique. Pouvoir la jouer sans difficulté en trouvant une cohérence propre.
Avoir une réelle autonomie dans la construction d’une partition d’acteur.trices, comprenant une partition physique précise.
Avoir le goût de la recherche, un intérêt pour l’écriture de plateau et ses exigences. Avoir une grande capacité d’écoute, de réaction et de collaboration avec les partenaires de jeu et les créateurs techniques. »

L’écriture est faite en collaboration avec Louise Emö
Dramaturgie : Héloïse Ravet
Lumière : Amélie Géhin
Costume Claire Farah
Scénographie : Sophie Carlier
Son : Marc Doutrepont
Assistanat à la mise en scène : Julien Jaillot

Note d'intention

Du crépuscule à l’aube

Coline désire partir de l’idée que les comédien.ne.s puissent incarner plusieurs personnages, participant à la création d’une dynamique particulière avec des entrées et sorties constantes. La seule à ne pas quitter le plateau est Anna, où tandis que l’on assiste à sa transformation interne, tout se transforme autour d’elle également.

Cette dynamique implique une recherche esthétique et corporelle particulière. Ces mouvement sont teintés par l’avancée dans la nuit, comme si nous assistions à une soirée de fête où le temps, progressivement, s’accélère pour enfin, se suspendre à l’aube.

Coline tient à créer un cadre fictionnel en veillant à ne pas glisser vers un théâtre documentaire. Il lui semble important de ne pas fermer la lecture pour le spectateur; l’insurrection qui se déroule dans les rues de la ville sera donc rendue non-spécifique, on lui attribuera le fait qu’elle émerge d’un mouvement qui combat une injustice, un manque de liberté et une volonté positive de changement pour le bien commun.

Le corps en jeu

La volonté de Coline étant de rendre compte d’êtres humains pris dans une tempête, et de saisir au vol leurs vulnérabilité, leurs tentatives de défenses de leurs valeurs, de leurs droits et de leurs corps.

Pour cela elle s’inspire du travail d’Elsa Dorlin, philosophe et militante féministe qui, dans son livre Se défendre – une philosophie de la violence met en place une véritable phénoménologie de la défense et de la proie, en prenant pour objet «le muscle plutôt que la loi ». Elle propose ainsi de partir d’une potentialité de mouvement et de résistance.

Que fait la violence aux dominés? Comment celui qui la subit, étant anéanti et objectivé, s’en empare, la convertissant dans une puissance défensive? Quelles sont les stratégies mobilisées par les minorités dans ce processus de réappropriation du corps et de la puissance?

Il lui semble important d’appuyer cette réflexion au moyen d’un travail corporel puissant qui met en avant la vulnérabilité des corps pour remettre au centre du travail une réalité biologique absolument concrète. La théâtralité que Coline développe met le corps des comédien.ne.s au centre de la dynamique théâtrale. Elle tente de pousser cette recherche corporelle vers un détachement face à toute notion de performance (que l’on peut trouver dans la danse) pour justement permettre une incarnation sensible et charnelle de ces faiblesses qui peuvent devenir des puissances.

°°° Dans la nuit, l'éloge de la vunérabilité °°°

Préparation de la rencontre

Deux rôles sont à pourvoir pour les membres du Centre des Arts scéniques.

Préparation :

  1. Partager par mail à l’adresse rencontres@arts-sceniques.be trois images et deux textes (maximum une page A4) qui font écho au projet. Un des deux textes peut être une écriture personnelle. Envoi demandé avant vendredi 26/03.
  2. Une proposition personnelle durant maximum 2 minutes intégrant :
    Un texte non théâtral choisi par l’acteur.trice qui fasse écho à une ou plusieurs thématiques abordées dans le projet.
    Une courte séquence d’actions physiques (non-dansées) répétée au moins trois fois au cours de la proposition.
    Et au moins trois différentes adresses claires choisies parmi les suivantes :
    à une personne présente (choisie au moment même dans le public)
    à qui vous parlez comme si vous l’aimiez (amicale, familiale, amoureux… etc).
    à une personne présente qui vous fait mal physiquement.
    à une personne présente que vous consolez.
    à une personne présente avec qui vous vous disputez comme si vous étiez très intimes.
    à plusieurs personnes présentes (choisies au moment même dans le public) que vous essayez de convaincre.
    à plusieurs personnes présentes pour les encourager.
    à plusieurs personnes présentes pour les faire fuir.
    à plusieurs personnes présentes pour les supplier.
    à plusieurs personnes présentes pour les rassurer.
    à vous-même pour vous donner du courage.
    à vous-même pour vous soigner.
    à vous-même pour vous faire peur.
    à vous-même pour vous convaincre.
    au ciel
    à la terre
    au vent
    à la nuit
    à un arbre
    à un chat
    à un pavé
    ou autres de votre choix
  3. Apprendre la scène que vous trouverez ICI (Apprendre toutes les répliques).

 

°°°Contre quoi, contre qui et comment sommes nous amenés à nous défendre ?°°°

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’17, ’18, ’19, ’20 et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (répétitions et représentations)

3. Être libre toute la durée de l’audition et arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions

6. Si vous annulez après le vendredi (13h) qui précède le premier jour de l’audition, il faudra en justifier la raison.

A propos de l'auteur·ice

Le travail de ré-écriture se décline selon trois phases :

  • Un travail de recherche dramaturgique sur des sources d’inspirations fictionnelles (littéraires, cinématographiques, etc) sociologiques, philosophiques, et pratiques (techniques de défense et d’auto- défense), qui débouchera sur une première écriture en février 2021 en collaboration avec Héloïse Ravet (dramaturge) et Louise Emö (autrice)
  • La deuxième phase consistera à mettre cette écriture en laboratoire avec une partie de l’équipe du spectacle pendant dix jours semaine en mars 2021 à MARS, Mons Art de la Scène qui donnera lieu à une présentation d’une étape de travail
  • Une dernière phase d’écriture aura lieu avant la phase de répétitions où le texte subira encore des ajustements.