L’Eveil du Printemps de Frank Wedekind – dans la mise en scène de Armel Roussel – créé en mars 2018 a rencontré un grand succès.
De cette création, naissent trois nouveaux projets formant une tétralogie dans lequel s’inscrit Ether/After.
L’Eveil du Printemps dans sa forme originale traite de la naissance du désir sexuel chez les adolescent·e·s. Dans sa forme plus large, il nous amène vers des questions sur le monde, sur sa place dans le monde, sur l’identité, sur la pulsion, sur l’autorité, sur la famille, sur la morale, sur la religion et sur la mort.
A sa création (1891), la pièce a été censurée et qualifiée « d’insensée cochonnerie ». Sa première version scénique, de Max Reinhardt en 1906, bien que tronquée de nombreuses scènes (de viol, d’avortement, de masturbation collective, d’homosexualité…), lui valu une nouvelle interdiction pour « pornographie » jusqu’en 1912.
Si nous ne vivons pas/plus dans l’Allemagne de Bismarck, son contexte d’origine, et que le rapport à la sexualité, à la morale, à l’éducation, ont sensiblement changé, que les nouvelles technologies sont passées par là, internet donnant un accès direct et illimité à la pornographie… la force de L’Eveil du Printemps provoque encore de multiples réactions
et tabous… du moins dans une perspective occidentalo-européenne.
Une série de questions s’y dessinent : Quel Eveil du Printemps aurait écrit Wedekind aujourd’hui ? Pourquoi L’Eveil du Printemps provoque-t-elle encore tant de réactions choquées ? La pièce est-elle universelle ? Qu’est-ce qui fait scandale aujourd’hui ? Quels sont nos tabous indépassables, transtemporels et/ou transgénérationnels ? Comment ces tabous sont-ils vécus (ou non) dans différents coins du globe, dans différentes cultures ? A quoi servent ces tabous ? A quoi sert l’interdit ? De quoi a-t-on honte ? Où ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui, dans la mise en scène de Armel Roussel, fait que le spectacle peut être joué ou non à tel ou tel endroit de la terre ? Vivons-nous vraiment dans une société plus permissive qu’en 1891 ? …
Avec Ether/After, Armel Roussel revient sur ce texte, à partir de ces questionnements. Il ancre ceux-ci dans Bruxelles avec la jeunesse bruxelloise et européenne d’aujourd’hui.
Lors des représentations de l’Eveil du Printemps au Théâtre National en mai 2018, beaucoup de jeunes ont assisté au spectacle. Les réactions étaient vives et marquées.
De là, l’idée de collaborer et prolonger le rapport à l’oeuvre avec des jeunes issu·e·s de différents milieux sociaux est née, de faire théâtre avec eux comme dramaturges et d’en tirer une création.
Dans Ether/After, nous lancerons un travail d’enquête auprès de jeunes bruxellois·es tant sur leur rapport au rapport homme-femme, qu’au désir, à la mort, à la sexualité, à l’autorité qu’à l’Art et la notion de transgression.
Un deuxième pan de Ether/After sera lui plus fantasmatique et la directe émanation des acteurs de L’Eveil (qui reviennent sur ce spectacle-ci) autour des questions et des réponses rencontrées.
Ether/After sera pensé comme une fête théâtrale, une célébration, une bombe dynamique comme les affectionne Armel dans certaines parties de ses créations ou expériences (Pop?; Passez commande; etc.)