Logo

Le songe d’une nuit d’été

Les Nouveaux Disparus

En bref

Prochaine création du metteur en scène Jamal Youssfi pour la compagnie Les Nouveaux Disparus

Pourquoi aborde-t-on la question migratoire ?

Au travers de la pièce, nous suivons un jeune couple mixte, prêt à tout quitter pour vivre leur amour librement. Cette histoire est celle d’une jeune algérienne enceinte, forcée de quitter son pays et tombée amoureuse d’un européen dont les idées sont parfois étroites, dues à une éducation conservatrice; celle des migrant·es qui essayent de vivre, de survivre, de revendiquer leurs droits; celle des lois et des règles – représentées par Thésée, duc d’Athènes – édictées des décennies auparavant et ne correspondant plus à la réalité actuelle du monde; celle des activistes qui leur viennent en aide et enfin celle d’une troupe de théâtre en pleine préparation de son spectacle qui résonne avec la question migratoire.

Les stéréotypes possèdent une fonction sociale : celle de donner une première notion de compréhension du monde qui nous entoure. Mais ils deviennent problématiques quand ils sont réduits à des clichés; absents de toutes particularités et de nuances, ils peuvent devenir des préjugés. Or quand une majeure partie des discours – politiques, journalistiques, intellectuels – véhicule ces préjugés, la compréhension du monde et de l’Autre s’en trouve altérée. La complexité des relations humaines est balayée au profit de phrases sonnant comme autant de vérités quasi dogmatiques :

« Ils·elles nous envahissent. »
« Ils·elles menacent notre économie. »
« Ils·elles viennent prendre nos emplois. »
« Ils·elles profitent du système social. »
« Ils·elles sont trop différent·es. »
« Peut-être même qu’ils·elles sont dangereux·ses. »

Ces phrases sont devenues banales, leur sujet interchangeable en fonction du momentum politique. Actuellement, le réceptacle de ces préjugés est la personne migrante. Ces questionnements, ces peurs, ce rejet viennent combler le vide provoqué par une réponse politique structurelle inexistante.

La nouvelle création de la Compagnie des Nouveaux Disparus souhaite s’opposer à ces préjugés basés sur une vision tronquée et déformée de la migration vers l’Occident en remettant au centre du discours les témoignages de personnes réelles. En effet, les migrant·es sont trop souvent réduits à de simples chiffres ou à des titres d’articles et sans possibilité de faire entendre leur voix.
Cette pièce souhaite aborder la migration autrement que par le biais de peurs véhiculées par des préjugés. Pour participer à l’émergence d’un autre paradigme – qu’il soit social, économique ou politique – sur les questions de l’accueil de l’autre, il est fondamental de découdre ces préjugés en donnant à voir et à entendre les histoires et le vécu de celles et ceux directement touchés par la question migratoire, à savoir : les migrant·es eux-mêmes mais aussi les activistes, les militant·es et les aidant·es prêt·es à leur venir en aide en dépit du risque de sanctions judiciaires.

Ainsi, des témoignages seront inclus au récit des personnages de la pièce. Ils permettront de mettre en perspective la réalité du terrain – dans toute sa complexité parfois douloureuse – mais aussi la richesse née de la mixité culturelle. Au travers d’un mélange subtil entre ces témoignages – comme autant d’extraits du réel – et la poésie incisive et intemporelle de Shakespeare, notre souhait est d’ouvrir les esprits, d’enrichir la réflexion, de bousculer, de susciter le débat, afin d’in fine, faire évoluer les comportements, aiguiller les choix politiques pour que ceux-ci aboutissent à des solutions davantage humaines et durables.

A travers ces histoires, nous souhaitons rendre un peu de dignité aux personnes migrantes dont les Occidentaux – c’est-à-dire nous – les avons privés. Rendre cette dignité – ne serait-ce qu’à notre échelle -, c’est reconnaître à chacun une part d’humanité et que donc, nous ne pouvons plus tolérer d’être complices – y compris dans la caution du silence – de ce traitement indigne réservé aux personnes migrantes.

Le songe d’une nuit d’été

« Je tiens le monde pour ce qu’il est, un théâtre où chacun doit jouer un rôle. »
Shakespeare, Le Marchand de Venise.

Si pour Shakespeare le monde est un théâtre, alors quoi de mieux que le théâtre de Shakespeare pour parler du monde ? Comme indiqué sur l’enseigne du Théâtre du Globe : Totus mundus agit histrionem : « Le monde entier joue la comédie ». Si la vie ressemble au théâtre, lui-même à son tour n’est-il pas le double de la vie ?

« L’opinion courante veut que Shakespeare ait été le premier grand dramaturge de l’époque moderne à concevoir un théâtre qui s’adressât à toutes les couches de la société, aux artisans londoniens, autant qu’aux aristocrates de la cour, un théâtre capable à la fois de donner du plaisir et de solliciter la réflexion. » J-M Déprats, Shakespeare, Que sais-je.

La migration est un phénomène présent depuis la naissance de l’humanité et, de ce fait, est un thème universel et intemporel. Le Songe d’une nuit d’été nous semble une base idéale pour traiter de ce sujet complexe de manière abordable.

Car sous une apparente légèreté, le Songe possède un caractère populaire, permettant de parler à tous·tes – sans distinction de classe, d’âge ou de genre, averti·e ou non – et donc de sensibiliser à la question migratoire.

« Le public peut participer aux grandes discussions, Shakespeare donne et provoque des idées. Nous voilà contraints (ou à même) d’entrer dans le jeu des événements qui se produisent entre ses personnages et d’en déduire des opinions, sans être obligés de les faire nôtres. »
J-M Déprats, Shakespeare, Que sais-je.

Résumé

Héléna aime Démétrius qui aime Hermia qui aime Lysandre : si l’amour contrarié est un sujet traité mille fois dans la littérature, peu d’auteurs et d’autrices ont réussi le pari fou de Shakespeare de parler de systèmes politiques sous couvert d’histoire d’amour. Ces quatre personnages vivent à Athènes, ville aux règles rigides, tenue par Thésée qui leur impose un choix qui n’est pas le leur. Ils·elles décident de quitter cette cité et se retrouvent dans la forêt, lieu empreint de magie gouverné par Titania et Obéron, reine et roi des fées.

Ces deux derniers, en conflit pour des questions d’égo, altèrent le bon déroulement de la vie des Athéniens. Puck, un jeune être au service d’Obéron, reçoit l’ordre d’ensorceler Titania pour l’humilier, mais aussi de rétablir l’équilibre entre les amoureux·ses. Ce dernier doit ensorceler Démétrius pour qu’il tombe amoureux d’Héléna mais va commettre une maladresse en rendant Lysandre amoureuse d’Héléna, ne faisant qu’aggraver la situation.

Parallèlement à cette histoire, une troupe d’artisans prépare une pièce de théâtre dans la forêt, en l’honneur du mariage de Thésée, duc d’Athènes. La troupe se retrouve embarquée dans le quiproquo engendré par Puck, serviteur d’Obéron, et après moult péripéties, le roi des fées rétablit l’équilibre. Les quatre amoureux·ses rentrent à Athènes pour se marier et Thésée, apaisé, accepte la requête des amoureux·ses. La pièce se clôture avec la représentation du spectacle de la troupe d’amateur·trices, faisant écho à la question migratoire, sous les yeux de tous les protagonistes de cette histoire.

Transposition

« Qu’il s’agisse de la confrontation entre deux civilisations, de l’opposition conflictuelle entre un homme et une époque, de lutte entre nations ou entre groupes sociaux, l’actualité de Shakespeare réside donc pour une part dans le fait que l’œuvre reflète des sociétés en crise, et présente une peinture de l’histoire en train de se faire. »

Dans sa pièce, Shakespeare dépeint deux strates distinctes : Athènes, l’Urbaine obéissante à des lois rigides et la forêt, le Libre monde des fées. Dans notre transposition, Athènes ne possède pas de nom : elle devient n’importe quelle métropole européenne typique où le confort individualiste et les biens matériels ont pris le pas sur l’empathie et le partage entre les citoyen·nes. Au sein de cette ville fermée, fragile et en proie à la dissidence, les habitant·es n’ont pas conscience d’une réalité en dehors de la leur et ne prêtent aucune attention aux drames se déroulant à leurs frontières.

La strate des fées, le monde féerique, la forêt devient une zone de liberté et de révolte où les migrant·es (Obéron et sa suite) et les militant·es (Titania et ses fées) cohabitent. Celles et ceux qui ont été rejeté·es par les lois et celles et ceux qui rejettent ces lois se rejoignent. Les exemples actuels de ces lieux ne manquent pas : il y a peu de temps encore, le Parc Maximilien de Bruxelles grouillait de migrant·es, transmigrant·es, irrégulier·ères, demandeur·euses d’asile ne bénéficiant plus du droit à l’accueil. Ou encore la jungle de Calais, située dans le Pas-de-Calais, démantelée à de nombreuses reprises par les forces de l’ordre, mais toujours reprise d’assaut par les migrant·es tentant de rejoindre l’Angleterre par la Manche. Le camp de Lesbos en Grèce est un autre exemple; ce camp aux allures de prison, construit à la hâte pour accueillir les rescapé·es de la Moria, un autre ravagé par un incendie criminel, et où les migrant·es finissent coincé·es parfois durant plusieurs années.

A ces deux strates – qui ont tout d’un système – d’un niveau macro vient se mêler l’histoire des amoureux·ses. Avec ces histoires, on plonge dans le niveau micro, dans le cas particulier, dans l’impact d’un système sur ces individus : un amour mixte, un amour incompris, un mariage interdit, une fuite sont autant de conséquences et de difficultés liées à une situation d’irrégularité et la peur du rejet. La pression communautaire est un reflet de ce système mis en place, avec en ligne de mire le regard des autres et cette fameuse question : « Tu es sûr·e qu’il·elle n’est pas avec toi pour tes papiers ? ». En somme, que signifie être amoureux dans un lieu où tout conduit à ce que l’Autre – celui qui migre – soit criminalisé ?

Autour d’eux·elles gravite une troupe d’amateur·trices, qui sera représentée par la troupe des Nouveaux Disparus elle-même. Il s’agit d’un moyen supplémentaire de faire passer un message, au travers des convictions de la compagnie. Mais c’est aussi une merveilleuse possibilité de faire part de la réalité d’une troupe, du théâtre aujourd’hui, de ses comédien·nes et de son metteur en scène. Il s’agit d’un outil fantastique pour amener rire et légèreté, en s’inspirant de nous-même tout simplement tout en montrant la terrible réalité de la migration.

Face à tous ces personnages, il y a Puck, journaliste venant couvrir la fête de la Saint-Jean – ou Midsummer en anglais -, nuit de tous les possibles pendant laquelle ont lieux les évènements de la pièce. Pressé par sa rédaction de faire le buzz, Puck influe sur les évènements sans jamais réellement donner la parole aux principaux·ales intéressé·es.

Le théâtre dans le théâtre :

Cependant, la présence de cette troupe de théâtre amateur ne constitue pas pour autant une mise en abîme, un spectacle dans le spectacle composé des mêmes personnages. Dans le cas présent, les répétitions par la troupe d’amateur·trices des Métamorphoses d’Ovide mettent en lumière le sujet de l’amour contrarié, tout comme le vivent nos protagonistes dans Le Songe d’une nuit d’été. En outre, ce théâtre dans le théâtre met en exergue la réalité de la Compagnie des Nouveaux Disparus: le quotidien des répétitions, les rapports humains, les rapports hiérarchiques mais aussi les réflexions que chacun·e imagine autour de la migration, thème central de la pièce.

Ce qui différencie chez Shakespeare la comédie de la tragédie, est que la première commence mal et finit bien, la deuxième commence bien et finit mal. Nous aurons donc la chance d’assister à un happy end. Depuis la création de la Compagnie des Nouveaux Disparus, Jamal Youssfi a utilisé le rire et la légèreté pour traiter ces sujets, si profonds soient-ils. Et les membres de la troupe sont les principaux responsables de la légèreté des séquences concernant la troupe.

En effet, les différentes personnalités décrites par Shakespeare -, le cabotin, l’hésitant, le taiseux, … – sont les mêmes personnalités que nous pouvons retrouver dans chaque troupe de théâtre. Le spectacle, qui sera répété et joué à la fin de la pièce, peut raconter l’échappée d’un couple de leur pays en guerre, l’histoire dramatique de leur traversée, la perte d’un être cher, leur séparation, leur quête pour une vie meilleure. Mais ce jeu est raconté de manière maladroite, burlesque et, de cette manière, une distance face au drame est créée, laissant place au rire.
Enfin, notons que cette légèreté sera renforcée par un travail sur la musique et sur le corps et par un caractère pluridisciplinaire.
Spectateur·rices au théâtre, acteur·ices dans la vie

« Pourquoi restons-nous ici, comme des femmes timorées, à pleurer nos pertes tandis que l’ennemi fait rage, et à regarder cette tragédie en spectateurs, comme si c’était une pièce jouée par des comédiens. » Warwick, troisième partie d’Henri VI.

Shakespeare, à plusieurs reprises dans ses œuvres, dénonce le·la spectateur·ice de la vie, celui·celle qui regarde bouche bée et montre du doigt les drames sans agir. Comme tout artiste, notre envie est que, au sortir de ce spectacle, le·la spectateur·rice qui le contemple ait envie de devenir acteur·rice de la situation migratoire ou, tout du moins, que la distance entre sa vie et ce drame s’amenuise, qu’une prise de conscience ait lieu.

« Le public, on l’aime et on le courtise au théâtre, par contre on vilipende ceux qui restent spectateurs, surtout dans un contexte tragique. Face aux drames sanglants du monde, il faut abandonner le confort de l’extériorité et sacrifier la posture de spectateur pour devenir acteur, pour jouer un rôle. La bipartition scène-salle n’a plus lieu d’être lorsque l’histoire s’affole. Alors à l’indifférence du spectateur on peut faire le procès. »
Georges Bannu, Shakespeare, le monde est une scène

En pratique

La date de la rencontre : du mardi 11 au samedi 15 avril

Si vous désirez participer à la rencontre, mais que vous n’êtes pas disponible sur l’entièreté de la semaine, pas de souci ! L’idée ici est de vous donner l’opportunité de rencontrer l’équipe , de travailler avec eux pour être au plus proche des conditions de travail durant la tournée.

Jamal est bien conscient de l’implication que cela vous demande et surtout de vos obligations à coté. Nous serons donc assez souples par rapport à vos indisponibilités. Nous vous demandons juste de nous en informer.

Les dates de répétitions :

  • La première étape de création aura lieu du 18 octobre 2023 au 07 novembre 2023
  • En 2024, la création du spectacle aura lieu du 1er février au 15 avril

Les partenaires dans les pays étrangers :

  • la France : l’Artistique Théâtre
  • la Tunisie : We Love Sousse
  • la Grèce : Fix in Art
  • l’Italie : Pasol
  • l’Allemagne : Borderline Europe

Les dates de représentations :

  • La première aura lieu 19 avril 2024 (jusqu’au 28 avril) à Bruxelles avec une série de 10 représentations et une tournée transnationale dans les pays partenaires :
  • Du 07 au 12 mai 2024 : Allemagne
  • Du 24 au 29 mai 2024 : Grèce
  • Du 10 au 15 juin 2024 : Sicile
  • Du 25 au 30 juin : Tunisie
  • Du 11 au 17 juillet 2024 : France

A propos de Les Nouveaux Disparus

la Compagnie des Nouveaux Disparus :

La Compagniel des Nouveaux Disparus a pour mission principale de défendre et de mettre en place des projets en faveur de la démocratie, l’accessibilité et la diversité culturelle. Perçue comme levier d’insertion et d’égalité, la « culture pour tous·tes » est un concept qui se traduit par des actions concrètes. Avec comme outil principal un théâtre mobile, un ensemble de chapiteaux et des structures itinérantes, les Nouveaux Disparus mènent un travail unique en son genre. La compagnie sillonne les routes pour permettre à tous·tes, et en particulier à un public défavorisé et éloigné de l’offre culturelle « classique », d’avoir accès à une offre culturelle adaptée et qualitative. C’est sur base de ce fondement culturel que la création du spectacle « Le Songe d’une nuit d’été » prend son élan grâce au soutien du programme Europe créative.

Le metteur en scène – Jamal Youssfi :

C’est la rencontre avec Véronika Mabardi, professeur de déclamation et d’art dramatique à l’Académie de Saint-Josse-Ten-Noode, qui donna à Jamal Youssfi le goût du théâtre. Cette rencontre, c’est une chance. L’auteur ayant grandi au cœur de Saint-Josse, quartier populaire bruxellois, a connu les plaisirs mais aussi les difficultés des milieux populaires, notamment l’isolement culturel. Le théâtre lui a ouvert les portes de la réflexion citoyenne et du questionnement humain.
Pour parfaire sa formation, Jamal Youssfi entre au Conservatoire de Mons en 1997, dans la classe de Frédéric Dussenne tout en continuant à donner des ateliers de théâtre aux jeunes des quartiers. Il monte alors la pièce Chez Aziz au Théâtre Le Public, qui marque le début du succès.

A partir de ce moment, les pièces et les écritures se suivent, ne se ressemblent pas mais sont porteuses d’un même engagement : faire tomber le mur qui sépare le monde de la culture et celui des quartiers. Au départ, il mène avec Zineb Azzouzi des ateliers de théâtre, dans lesquels enfants et parents se rencontrent et se découvrent autrement. L’envie de partager le fruit de cette expérience avec le public a engendré la création d’un spectacle, mêlant comédien·nes amateur·trices et professionnel·les et intitulé Les Histoires merveilleuses. C’est alors que commence l’aventure associative et artistique de la Compagnie des Nouveaux Disparus.

Depuis, la Compagnie des Nouveaux Disparus c’est : huit créations, deux festivals annuels, une multitude de projets, plus de 1000 représentations et 300.000 spectateur.rices. Avec près de 25 ans de travail, la Compagnie des Nouveaux Disparus bénéficie d’une expérience unique mêlée d’une histoire de vie originale, faite de rencontres artistiques, de vie semi-foraine, de démarches associatives et d’esprit citoyen.

Jamal Youssfi

Distribution

Jamal Youssfi : mise en scène, écriture et adaptation
Shaula Cambazzu : chorégraphies
Renaud Ceulemans : création lumière
France Lamboray et Hayat Youssfi : costumes
Hafid Rich et Marc Rousseau : construction régie générale
Bastien Charlery : musicien et compositeur

Maya de Waele : comédienne
Sibel Dincer : comédienne
Yves-Marina Gnahoua : comédienne
Ben Hamidou : comédien
Amélie Denayer : circassienne
Benjamin Poignard : comédien

Note d'intention

Le 6 mars 2020, le chiffre de 20 000 migrant·es mort·es depuis 2014 en Méditerranée est franchi. Au cours du premier semestre de 2021, l’Organisation Internationale pour les Migrations comptabilise pas moins de 1 146 personnes ayant perdu la vie en tentant de rejoindre l’Europe par la mer. Ces chiffres ne tiennent pas compte des anonymes dont la disparition nous est inconnue.
A l’heure où les conflits et l’effondrement climatique poussent de plus en plus de personnes à fuir leur foyer et leur pays, de nombreuses voix se dressent en Occident et évoquent les migrant·es comme une menace sociétale. Et là où les politiques auraient pu jeter des ponts entre les sociétés, certains préfèrent ériger des murs.

Or, traverser les mers pour rejoindre l’Europe est loin d’être un voyage de tout repos. Très souvent, ces hommes et ces femmes risquent tout simplement la mort. Rapts avec demandes de rançon aux familles, travail forcé, tortures, violences sexuelles et viols, travail sexuel, traques aux frontières, vols, destruction de campements, etc. Quand la mort n’est pas la finalité, la violence est, quant à elle, toujours omniprésente. Et lorsque ces violences ne sont pas physiques, elles sont psychologiques : dans le pays d’accueil, les procédures administratives longues et compliquées renforcent la crainte constante d’être renvoyé·e dans son pays d’origine.

Face à des politiques migratoires toujours plus strictes, des ONG et des citoyennes volontaires tentent de garantir aux personnes migrantes l’accès aux services et aux droits les plus fondamentaux que l’État devrait fournir. Mais ces actions de soutien et d’aide sont de plus en plus stigmatisées par une partie du monde politique. Certains actes de solidarité sont criminalisés, jusqu’à faire l’objet de procès. La montée de ces discours et de ces actions visant à stigmatiser à la fois les migrant·es et les aidant·es est constatée partout en Europe, créant un véritable effet de dissuasion, et décourageant tout acte de solidarité envers les principaux·ales concerné·es n’ayant aucun droit à la parole.

Face à ces risques majeurs encourus, quelle(s) raison(s) pousse(nt) ces milliers d’hommes et de femmes à prendre la route ? Pourquoi et pour quoi partir ? Partager ces raisons, relevant à la fois de l’intime et du sociétal, c’est donner une voix à celles et ceux à qui l’on tend rarement le micro. Faisant suite à un travail sur le terrain avec des migrant·es, la Compagnie des Nouveaux Disparus et ses partenaires souhaitent donner à voir et à entendre ces témoignages, douloureux, parfois dramatiques, à travers une réinterprétation du « Songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare.

Ces thèmes – l’immigration, les rapports Nord-Sud, la tolérance, la mixité, le « mieux vivre ensemble » – sont un des fils rouges du travail de Jamal Youssfi, auteur, mettre en scène et directeur artistique de la Compagnie des Nouveaux Disparus. En 2007, la Compagnie abordait déjà ces sujets avec le spectacle « La traversée de la mort ». Force est de constater que quinze ans plus tard, la situation n’a pas changé. Celle-ci s’est même complexifiée par les récentes guerres, alimentées entre autres par la radicalisation et l’évolution désastreuse du climat. Il nous a semblé dès lors urgent de remettre le sujet sur le devant de la scène.

« Le théâtre Shakespearien est un grand théâtre réaliste : il met en scène l’histoire, les rapports des groupes sociaux, le pouvoir et ses représentants. A ce titre, il a toujours intéressé les tenants d’un théâtre politique. Mais sa singularité est de s’intéresser dans le même temps à la vie intérieur des individus, d’embrasser dans le même mouvement l’historique et l’humain, le public et le privé. »
Jean Michel Déprats, Shakespeare, Que sais-je.

Incisifs, percutants mais aussi légers quand il le faut, les mots de William Shakespeare sont le vecteur idéal pour transmettre ces histoires. Retranscrire avec justesse le réel issu des témoignages de migration demande un subtil équilibre entre urgence, gravité et légèreté. L’humour et la magie présents dans le Songe d’une nuit d’été sont des médiums parfaits pour toucher et créer un lien d’empathie avec le public sans s’enfoncer dans le tragique propre au théâtre documentaire. A son échelle, cette empathie participera à un changement de paradigme sur la vision des migrant·es par la société.

Préparation de la rencontre

Il est à nouveau possible de s’inscrire via le formulaire en ligne.

La rencontre avec la compagnie des Nouveaux Disparus et Jamal Youssfi se fera sur une semaine de travail (du mardi au samedi)

Vous travaillerez chaque jour avec la chorégraphe de la compagnie et vous aurez également un training vocal.

Il vous est demandé de travailler un extrait du Songe d’une nuit d’été (max 5′) dans la forme de votre choix. (Pas de lecture)

Si vous êtes chanteur.se ou musicien.ne n’hésitez pas à venir avec votre instrument présenter un extrait musical de votre choix.

Vous aurez également la possibilité de dormir sur place dans les roulottes de la compagnie. Merci de nous envoyer votre demande par mail le plus vite possible pour une organisation optimale (rencontres@arts-sceniques.be)

 

Pour celleux qui le désirent la Cie joue deux spectacles ( Mon fils ce démon et la yourte mauve) à Evere, 92 rue de Picardie sous  chapiteau à partir de ce :

Vendredi 7 avril : (des représentations scolaires 9H.13H. la yourte mauve 11H, 14H, mon fils ce démon.
Samedi 8 avril 14H et 17H et un concert à 16H
dimanche 9 avril : 14H et 16H

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’19, ’20, ’21, ’22 et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (rencontre, répétitions et représentations)

3. Arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions

Clôture des inscriptions le dimanche 2 avril à minuit (03/04 heure 0)

A propos de l'auteur·ice