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Maria et Les Oiseaux – Histoires de Belgique

Antoine Laubin et Thomas Depryck

En bref

À travers huit décennies d’histoire politique et familiale, une femme d’ici regarde sa vie et son pays se transformer.

Nous préparons un spectacle dont l’action se déroule dans un village fictif du Hainaut, s’étale sur huit décennies et aborde principalement la question de la mémoire collective, et conséquemment de l’identité spécifique, des habitant·es de Belgique francophone depuis la fin de la seconde guerre mondiale. 

C’est l’histoire de Maria, née en 1927 et morte récemment, qui a vécu toute sa vie à Haumières, village fictif situé à quelques kilomètres de la frontière linguistique, à deux pas de la France et de l’Escaut, et, en parallèle à cette histoire de Maria et de ses proches (parents, enfants, amours, ami·es), c’est l’Histoire de la Belgique, ses événements politiques et historiques majeurs, dont Maria est témoin entre 1945 et aujourd’hui. 

 

Une histoire en deux parties 

L’histoire de Maria se raconte de 1945 à aujourd’hui, dans une fresque familiale qui inventorie la mémoire collective, ses figures historiques et ses événements marquants. Une histoire qui se raconte en deux temps distincts, qui sont aussi deux spectacles autonomes et complémentaires, que l’on peut présenter ensemble ou séparément : 

Maria et les oiseaux – Histoires de Belgique – Partie 1 : 1945-1970 (2h30 environ) 

Maria et les oiseaux – Histoires de Belgique – Partie 2 : 1970-2025 (2h00 environ) 

La première partie correspond à la Belgique unitaire, avant la première réforme de l’État. Le récit y est linéaire. Un roi abdique et on entre joyeusement dans l’ère de la consommation. L’ancienne colonie est quittée dans le sang et on réalise en étoile un réseau d’autoroutes. Cette première partie court de 1945 à 1970 ; c’est la jeunesse de Maria, de ses 18 à ses 43 ans. 

La seconde partie correspond aux grandes réformes qui ont fait de la Belgique un état fédéral. Le récit se fractionne, se multiplie. Des voix d’ailleurs se font entendre, on se remémore ensemble des événements marquants. Il y a des scandales et des marches, des coalitions laborieuses à mettre en place et des (menaces de) disparitions totales… 

Au milieu de cette deuxième partie, l’événement majeur que constitue la proclamation d’indépendance de la Flandres (2006) fait basculer notre récit dans l’uchronie. Cette deuxième partie court de 1970 à aujourd’hui, jusqu’aux 96 ans de notre personnage principal. 

Et durant tout ce temps, Maria travaille, écrit, vit des amours et des amitiés fortes, observe les oiseaux dans son jardin, leur parle parfois. 

À travers huit décennies d’histoire politique et familiale, une femme d’ici regarde sa vie et son pays se transformer. 

 

Les grands axes du projet 

Ce que nous proposons ici est une fiction, prenant appui sur un matériau documentaire conséquent, qui inventorie le passé belge récent et explore comment le passage progressif d’un état unitaire à un état fédéral a pu influer sur l’identité (multiple) d’un peuple, le nôtre. 

une fiction

Depuis notre création du Roman d’Antoine Doinel (d’après cinq films de François Truffaut), nous avons développé un goût et un savoir faire particulier pour les récits amples, où l’intrigue fait émerger de nombreux personnages suivis sur plusieurs décennies. C’est cette dimension romanesque que nous entendons ici mettre au centre de notre projet, à la fois pour le plaisir qu’elle donne aux spectateur·ices qui y assistent mais aussi comme premier rempart contre l’écueil du didactisme lié à notre ambition historique. C’est en racontant l’histoire de Maria et de ses proches, avec ses joies et ses douleurs, et en faisant d’elle le témoin direct des événements historiques, que nous éviterons toute position de surplomb pédagogique dans notre façon d’aborder l’Histoire au plateau. Porté par dix acteurices entourant Maria et cumulant chacun·e plusieurs rôle, notre récit se veut ludique, dynamique, émouvant. Sa bifurcation finale vers une uchronie assumée permet enfin de se détacher de l’Histoire pour ouvrir l’imaginaire et questionner l’héritage artistique en « carnavalisant » le réel. 

un matériau documentaire qui inventorie le passé belge récent 

L’écriture de ce spectacle repose à la fois sur une importante documentation historique (où les publications du C.R.I.S.P. occupent une place privilégiée) et sur l’utilisation d’archives sonores. Notre partenariat avec la Sonuma nous permet un accès privilégié à une série de documents audio-visuels. À travers tout ce matériau collecté, il s’agit bien de dresser l’inventaire de ce qui, consciemment ou non, a marqué et marque encore la mémoire collective. Cet inventaire inédit, porté par des personnages fort pris dans un récit romanesque, permettra un travail de médiation spécifique, en particulier à destination des publics scolaires. 

le passage progressif d’un état unitaire à un état fédéral 

Le processus de fédéralisation de la Belgique a ceci de particulier qu’il trouve son point de départ dans un désir de « désunion » progressive (et non de « réunion » d’entités distinctes comme c’est généralement le cas dans les autres états fédéraux). La Belgique a donc vécu ces dernières décennies le passage d’un état où le pouvoir s’exerçait de manière très 

« verticale » à un état où le pouvoir s’exerce à différents niveaux, de manière plus éclatée. Nous souhaitons raconter ce passage particulier, dont la portée rejoint des enjeux contemporains majeurs, bien au-delà de nos frontières : les questions que s’est posée la Belgique ces dernières décennies (Comment faire avec l’Autre, ensemble ? Comment ne pas disparaître ?) sont celles auxquelles est confrontée toute l’Europe, voire l’Humanité entière… 

l’identité (multiple) d’un peuple 

Il s’agit bien ici de regarder la Belgique depuis le point de vue qui est le nôtre, celui de ses habitants francophones. Non par rejet de l’autre (le sentiment nationaliste nous est étranger et nous ne souhaitons en aucun cas le faire naître) mais bien plutôt par souhait d’honnêteté et désir de faire le récit de ce qui, par l’héritage historique, politique, économique, culturel et artistique, fait la spécificité des habitant·es de Wallonie et de Bruxelles ces dernières décennies, quelles que soient leurs origines. Si nous ne minimiserons pas la polarisation Flamands vs Francophones qui structure la vie politique du pays à bien des égards (plusieurs personnages flamands occupent des places importantes dans notre fiction), nous ne négligerons pas les autres antagonismes bien présents eux aussi (laïcs vs croyants, monarchistes vs antiroyalistes, capitale vs province…) et nous n’occulterons en aucun cas les traces profondes que la colonisation du Congo, du Rwanda et du Burundi, et les recrutements successifs de mains d’oeuvres étrangères dans nos industries (italienne, polonaise et marocaine aux premiers plans), ont laissé jusqu’à aujourd’hui dans les esprits et les corps. 



En pratique

2 rôles sont ouverts aux JAC

Maria et les oiseaux est un spectacle conçu pour 11 acteurices cumulant chacun·e plusieurs rôles et des passages narratifs. Les deux partitions à pourvoir sont celles identifiées sous les appellations C1 et C2 dans notre brochure.

Outre les parties narratives, la partition de C1 inclut la prise en charge des figures de Pauline (belle-soeur de Maria) et de Christine (fille aînée de l’héroïne).

Outre les parties narratives, la partition de C2 inclut plusieurs figures néerlandophones dont Elsie (mère de Maria), Jan (amoureux de l’héroïne) et An (spécialiste du fédéralisme belge).

Important: cette rencontre aura lieu à la Maison de la culture de Tournai. Ceci veut dire que possiblement vous serez prises toute la journée, et pas une demie journée! Merci de précisez dans les commentaires vos indisponibilités.

Le Centre des Arts scéniques mettra en place l’organisation du déplacement par train.

Le premier tour aura lieu les 18 et 19 mars 2024 avec le 20 mars comme possible 3ème jour dépendant du nombre d’inscriptions.

Le second tour aura lieu le 21 et 22 mars 2024 (les deux jours). 11 personnes seront sélectionnées pour participer au deuxième tour.

Attention: Comme les deux partitions à pourvoir sont très majoritairement féminines et que Antoine Laubin ne serait susceptible d’engager un homme qu’à la condition qu’il soit néerlandophone, il est important de préciser que les candidats masculins doivent bien prendre connaissance de ce fait s’ils souhaitent tout de même participer. 

Les répétitions du spectacle auront lieu aux périodes suivantes : 

30 septembre – 12 octobre 2024

31 mars – 12 avril 2025

21 avril – 17 mai 202

A propos de Antoine Laubin et Thomas Depryck

Antoine Laubin anime la compagnie De Facto. Il a conçu et mis en scène une vingtaine de spectacles dont Les Langues Paternelles (« Meilleure découverte » aux Prix de la Critique 2009 et succès public et critique du Festival Off d’Avignon en 2010), Dehors (sélection aux festivals Impatience, Premières, Fast Forward, …), L.E.A.R., Le Réserviste, Démons me turlupinant, Szénarios, Heimaten, Il ne dansera qu’avec elle et, plus récemment, Crâne d’après le roman de Patrick Declerck, Le roman d’Antoine Doinel d’après cinq films de François Truffaut et Macadam Circus de Thomas Depryck.

Combinant écriture de plateau et travail du texte (théâtral ou non, littéraire ou non), Antoine Laubin développe, en complicité avec le dramaturge Thomas Depryck, un théâtre-récit à la fois ludique et noir.

Il a par ailleurs publié de nombreux textes critiques consacrés au théâtre contemporain, entre autres dans la revue Alternatives théâtrales, qu’il a co-dirigée entre 2015 et 2017. 

Sa participation active au groupe Conseildead (2012) et à la fondation de la CCTA (2014-2018) font de lui un observateur attentif des politiques culturelles en Fédération Wallonie-Bruxelles. 

Il enseigne à Arts² (École Supérieure des Arts de Mons) depuis l’année académique 2011-2012 (l’art dramatique, la dramaturgie, la production). 

Son travail est présenté sur le site cie-defacto.be 

Distribution

Jeu (par ordre alphabétique) :

Valérie Bauchau, Caroline Berliner, Adrien Drumel, Brandon Kano Butare, Sarah Lefèvre, Jérôme Nayer, Consolate Sipérius, Alexandre Trocki, Renaud Van Camp, et deux jeunes acteur·ices du Centre des Arts scéniques.

Note d'intention

Tout commence lors d’une conversation en Allemagne au printemps 2015.
Ce jour-là, nous nous trouvions à Braunschweig, où nous répétions Szénarios, un spectacle dans lequel jouait à la fois des acteur·ices fidèles de la compagnie et trois acteur·ices allemand·es. Nous venions de lire un texte dans lequel l’auteur de Szénarios tentait de définir ses origines. « J’ai des racines » (1998) raconte l’enfance de Jean-Marie Piemme dans le bassin sidérurgique liégeois, son appartenance viscérale au monde ouvrier et la façon dont cette appartenance a façonné son identité. Il y tente ensuite de définir plus largement ses origines : 

« Ce que je suis ? Disons un habitant d’Europe, de langue et de culture françaises né devant une aciérie, ça vous convient ? En clair, il ne faudra pas compter sur vous pour défendre la Belgique ? Non, il ne faudra pas compter sur moi, la Brabançonne n’a jamais été mon air favori. Mais faut-il pour autant me coller sur le dos un nationalisme de rechange? Par exemple me classer dans les partisans de la Communauté Française de Belgique ou de la Région Wallonne, ou de la Principauté de Liège ou de la Ville de Seraing ? Non, il ne faut pas. Le patriotisme géographique n’est pas mon fort, c’est tout, j’en suis désolé. » 

Suite à cette lecture, un échange animé s’enclenche entre membres allemand·es et belges de l’équipe, autour du lien que chacun·e d’entre-nous entretient avec son lieu d’origine. Rika et Oliver affirment que, pour leur part, iels sont né·es dans un pays qui a disparu, l’Allemagne de l’Est, et que la honte liée à l’histoire du nazisme les empêche d’exprimer toute fierté allemande. Nous répondons que, dans notre pays menacé de disparition, la fierté nationale existe peu. Notre Histoire ne se transmet pas. À la différence du processus collectif mené en Allemagne après Auschwitz, aucun devoir de mémoire du même ordre n’a eu lieu chez nous suite, par exemples, aux crimes de la colonisation. Comment chacun·e d’entre-nous, individuellement, nous positionnons-nous face à cette (absence de) mémoire ? 

Toute question liée aux origines renferme une dimension existentielle : savoir d’où l’on vient c’est savoir d’où l’on pense et d’où l’on parle. Une idée fait son chemin : essayer d’exercer, par le théâtre, un droit d’inventaire des dernières décennies de notre pays (entendu comme le droit de dresser la liste de ce que le passé nous laisse) et en mesurer l’impact sur les individus

Sous le terme générique de « Heimaten » (pluriel de Heimat, à la fois « foyer » et
« patrie »), nous créons entre 2016 et 2018, plusieurs petites formes explorant le lien entre une série d’individus aux origines diverses et les lieux où ils ont grandi. Plusieurs oeuvres majeures nous accompagnent dans cette recherche, dont celle d’Edgar Reitz (réalisateur de la série allemande Heimat) et celle d’Annie Ernaux (en particulier Les Années), l’une et l’autre choisies pour leur capacité à faire dialoguer le très privé avec la grande Histoire à travers les décennies. 

Au terme de cette exploration et face au constat d’un manque criant de fictions récentes adossées à l’Histoire de Belgique, nous prenons la décision d’écrire une fresque, qui aurait pour point de départ l’Histoire des dernières décennies de notre territoire. En partant de notre région d’origine (le Hainaut occidental), établir le récit pour la scène des événements historiques majeurs de Belgique et de l’héritage politique, culturel et artistique dans lesquels ils s’inscrivent. 

Qu’est-ce qui distingue aujourd’hui les individus vivant en Belgique francophone ?
En quoi grandir ou vivre ici, hériter de celles et ceux qui ont vécu ici avant nous, nous façonne, nous conditionne, crée une mémoire collective spécifique, qui n’est pas celle de nos voisin·es ? 

Dans quelle mesure la transformation de notre État ces cinquante dernières années a-t-elle eu un impact sur l’identité de notre peuple ? Et la fin de la colonisation ? Et l’arrivée de main d’œuvre immigrée ? Et l’effondrement de l’industrie ? 

Ces questions sont à l’origine de notre projet. 



Préparation de la rencontre

Aucune préparation n’est nécessaire pour le premier tour mais il est important de noter que le travail s’articulera autour de la notion de mémoire collective en Belgique francophone durant les dernières décennies. Avoir grandi en Wallonie ou à Bruxelles et être en mesure de convoquer des souvenirs personnels en lien direct avec cette Histoire constitue un atout. 

Par ailleurs, être capable de jouer en néerlandais sera aussi un atout.



Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’20, ’21, ’22, 23′ et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (rencontre, répétitions et représentations)

3. Être libre aux dates de la rencontre et arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions

Lieu de la rencontre

Av. des Frères Rimbaut 2, 7500 Tournai
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