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Menace chorale – de Gabriel Sparti

En bref

Rencontre avec Gabriel Sparti pour un poste d’assistant.e à la mise en scène et un rôle à pourvoir

-Synopsis-

Dans un village, en campagne belge, française ou suisse, un groupe de personnes se rassemble dans un lieu étrangement aménagé. Elles y ont été invitées. Elles découvrent un espace où trônent de grands canapés, une ou deux statues indéfinissables, quatre pantins dangereusement réalistes, et de grands tableaux semblant être des copies d’œuvres d’art appuyés sur les murs, attendant d’être accrochés. 

Troublées par cet espace, elles y entrent progressivement. Petit à petit, on comprend que les personnes se connaissent, elles constituent la chorale du village. Elles auraient répondu à une annonce parue dans le journal : Cheffe d’orchestre cherche chorale pour le 14 juillet ! La chorale attend la venue de la cheffe d’orchestre, découvre l’étonnante pièce, chante un peu. La cheffe arrive finalement et propose de commencer à répéter, en suggérant qu’un bon public de patriotes serait présent. Les chants d’abord inoffensifs et joyeux deviennent de plus en plus étranges, peu connu, en plusieurs langues. L’identité de cette chorale semble se transformer irrémédiablement. Les différents membres, complètement perdus dans ce processus, ne semblent pas réussir à reprendre l’ascendant, tentent de s’organiser mais sont de trop bonne volonté face à une figure à laquelle ils ont l’habitude d’obéir. La cheffe d’orchestre organise le spectacle souhaité à sa guise, change petit à petit la forme de la mise en place du groupe, ses intentions, pour finalement réussir son œuvre.

-Écriture en six mouvements-

La cheffe d’orchestre organisera son concert de manipulation sur 6 mouvements (dramaturgiques et musicaux). 

Ces mouvements sont :

LA DÉCOUVERTE – LE SOMMEIL – LA JOIE – L’AMOUR – LE TRAVAIL – LA GUERRE. 

Cette trame guidera les improvisations, l’écriture, et nous posera plusieurs questions. Comment endormira-t-elle la chorale ? Comment la rendra-t-elle heureuse d’être endormie ? Puis, dans ce sommeil joyeux, comment la rendre amoureuse – de son pays, de ses valeurs ? Comment ensuite la mettre au travail ? Puis comment la guider vers la guerre qu’elle doit accomplir pour défendre cet amour et ce labeur ? À quoi ressemble un chœur théâtral endormi, ou amoureux ? À quoi ressemble un chœur théâtral qui va en guerre ?

Je rassemble donc un corpus de chants nationalistes, fascistes, nazis, religieux, patriotiques et folkloristes, venant de différents pays, qui serviront à constituer ce chœur. La cheffe d’orchestre cherchera à faire intégrer ces rengaines désuètes à des individus contemporains, faisant naître par là-même un chœur nouveau, comme si ce souvenir hideux était plus puissant que ces individualités vides. La rengaine ne sera pas seulement musicale. Quelques textes seront dits par ce chœur, certains conformes à ce fascisme embryonnaire, d’autres plus troubles. Ce seront des textes de pièces de théâtres ayant traité, d’une manière ou d’une autre, de la question du totalitarisme et de la guerre : je pense à Fragment Fatzer et à La Résistible ascension d’Arturo Ui de Brecht, à Sur la voie royale ou Rage d’Elfriede Jelinek, ou encore Chœur final de Botho Strauss. 

Contrepoints ou soutien du chœur, ces extraits de textes circuleront dans la partition, comme si les personnages du théâtre passé, devenus fantômes ou spectres, cherchaient à prévenir, à faire penser, à ne surtout pas simplifier. 

Nous serons face à des figures qui, de quidam, deviendront plus complexes dans le temps du spectacle. Certaines chanteront des horreurs sans même s’en rendre compte, certaines s’en réjouiront, d’autres enfin discerneront la supercherie mais préféreront se lier à la masse.

En pratique

L’audition ouvre pour deux postes : un·e assistant·e à la mise en scène, un·e acteur·ice

!! Lors de votre inscription, merci d’indiquer dans les commentaires pour quel poste passez-vous l’audition, vous ne pouvez pas vous inscrire aux deux !!

 

Dates de l’audition :

1er tour : 26-27 (& 28 pour les entretiens des assistant·e·s mise en scène) /08 au Théâtre des Tanneurs (Bruxelles)

2ème tour : 29 & 30/08 à la maison de la culture de Tournai

> a priori le deuxième tour aura lieu sur deux jours.

 

Dates et lieux de répétitions : 

Du 5 au 23 décembre 2024 : Montpellier, FR – à confirmer

Du 2 au 13 juin 2025 : à confirmer

Du 20 octobre au 7 novembre 2025 : Bruxelles, Théâtre Les Tanneurs – à confirmer

Du 15 décembre 2025 au 15 janvier 2026 : Scène nationale de Maubeuge – à confirmer

 

Dates et lieux de représentations : 

16 janvier 2026 à la Scène Nationale de Maubeuge, FR

19 au 31 janvier 2026, 10 dates, au Théâtre Les Tanneurs à Bruxelles 

puis

3 dates à la Scène nationale d’Orléans, FR en saison 25-26

3 dates à la Scène nationale de Blois, FR (à confirmer) 

dates à la maison de la culture de Tournai au printemps 2026 ou à l’automne 2026.

Construction de la tournée en cours.

 

– Théâtre Les Tanneurs – production déléguée / Prémisses production : production exécutive / Coproductions : Scène nationale d’Orléans, Scène nationale de Maubeuge, maison de la culture de Tournai.

 

A propos de

Gabriel Sparti est né en Suisse et sort de l’ESACT de Liège en 2019. 

Il présente en 2021 un seul en scène à l’Espace MAGH à Bruxelles, issu d’un projet réalisé durant ses études, et travaille ensuite sur une résidence de recherche du spectacle Point de rupture, de Françoise Bloch, en tant que comédien. 

Il met en scène son premier spectacle, Heimweh / Mal du pays, en 2023 aux Halles de Schaerbeek (tournée en France, Belgique et Suisse). Parallèlement, il entame une recherche avec Karim Daher autours de l’œuvre de Georg Büchner, dont la première étape publique se déroule au Festival d’Uzeste sous le nom de Menschenlabor : l’entonnoir Büchner. 

Il intervient actuellement à l’ESACT en tant que pédagogue, principalement pour le module Carte d’identité.

Menace chorale est sa seconde mise en scène.

© Marie-Valentine Gillard

Distribution

Gabriel Sparti – auteur – metteur en scène

Laure Valetinelli – jeu

Alain Ghiringhelli – jeu

Raphaëlle Corbisier – jeu

Karim Daher – jeu

Yann-Guewen – basset, dramaturge

Nora Boulanger-Hirsch – création lumière

Distribution en cours…

Note d'intention

La montée mondiale des diverses politiques d’extrême droite (post-fascisme, néo-fascisme, nationalisme) m’impose de me poser la question de ce qu’il faut former comme spectacle aujourd’hui. Cela m’affecte et je ne pense pas que nos créations puissent en rester indemne. 

J’ai commencé à me saisir de cette question en utilisant une fiction simple : une chorale d’amateur·ices manipulée se met à chanter des œuvres situées politiquement, sans s’en rendre compte immédiatement. 

Sur le plateau, j’imagine des êtres peu engagé·es psychologiquement, c’est à dire moralement et idéologiquement neutres, plongé·es dans un conformisme malgré elles·eux. Ces êtres seraient alors, en tant que figures théâtrales, des possibilités du fascisme. Elles seraient manipulables, ou manipulé·es dans la représentation ; « on » les mènerait à la baguette, insidieusement, à travers des situations politiquement sinueuses ou violentes, toutes tourmentées par le spectre de cette idéologie. Ce « on » rassemblerait plusieurs possibilités : un personnage manipulateur (la Cheffe d’orchestre), des éléments désincarnés (le son d’une télévision, des slogans…). Aucune de ces figures ne se déclareraient a priori fascistes ; pourtant, à un moment, toutes le deviendront. 

Ce qui m’intéresse est d’examiner ce cheminement, devenir témoin d’un événement extrêmement dangereux et d’en étudier le caractère résistible. Il faudra, dans ce spectacle, des signes qui permettront de percevoir une alternative, tout en étant témoin d’une action qui se dirige vers l’insouhaitable.

Le mouvement principal sera donc la constitution, petit à petit, d’un chœur théâtral musicalo-fasciste. J’entame actuellement une recherche sur des corpus musicaux et littéraires historiquement situés. C’est une tentative de radicaliser le travail entamé avec Heimweh / Mal du pays, mon premier spectacle. 

Comment fait-on, en société, quand une esthétique perverse séduit ? Comment le théâtre peut-il aider à penser cette question dans sa forme ? Ainsi, des chants véhiculant une idéologie abjecte peuvent faire frissonner par la beauté de leurs harmonies. Ainsi, un chant apparemment rieur peut conduire à une légèreté coupable, joyeuse, ignorante de la manipulation. Bien souvent, le folklore se fait le lit idéal d’une idéologie perverse (la Giovinezza, chant folklorique italien devenu l’hymne mussolinien). 

Dans un autre registre, des chants de guerre ou des marches militaires recourent à certains rythmes pour enfoncer, comme un clou dans le crâne, la nécessité et la force de leur violence. Je ne dis pas : « qui chante cela y croit », mais je me demande comment ces formes usent de leurs attributs pour tenter de créer, dans les esprits des citoyen·ennes, des espaces propices à l’avènement d’une certaine politique.

La notion de nationalisme en tant que spectre qui hante l’Europe sera centrale pour la dramaturgie.. Elle m’évoque une idéologie, venue du passé, qui cherche à faire advenir un présent qui l’arrange. Elle me raconte la rengaine d’un chant ou d’une histoire qui se dit à nouveau, présentement plus forte que son alternative. Dans le spectacle, le retour du spectre sera facilité et invisibilisé par la trivialité́ légère de la situation. 

En termes de fiction, j’envisage quelques points de départs hypothétiques : dans un village reculé, un groupe de quidams répond à une annonce de journal indiquant : « Cheffe d’orchestre cherche chanteurs et chanteuses pour constituer une chorale pour le 14 juillet ». Il s’agirait alors d’une chorale apparemment anodine, qui se mue imperceptiblement en commémoration douteuse. 

Préparation de la rencontre

(Merci d’indiquer pour quel poste vous vous inscrivez, l’un ou l’autre)

 

Pour le·la comédien·ne·x (premier tour)

Préparer une seule proposition, qui inclut les trois éléments ci-dessous (bien entendu, vous pouvez également vous inspirer de la note d’intention et de la présentation de projet pour la nourrir) :

 

I – Une didascalie (qui sert de base fictionnelle pour la proposition) :

 Une personne à l’apparence si normale qu’elle en devient presque angoissante, entre sur scène. Elle est seule dans cet espace, et elle sait que quelqu’un l’attend (peut-être que ce quelqu’un est en retard, ou l’observe, ou qu’elle doit le chercher, ou qu’il a oublié le rendez-vous). Dans sa vie, elle est seule, et elle vient pour rencontrer des gens, et chanter. On ne sait pas bien à quel groupe social elle appartient, mais on la devine dans un entre-deux, non-située, ou pas assumée. Le public la regarde évoluer, seule, pendant quelques minutes.

 

II – Une chanson parmi les trois suivantes (à apprendre)

Mon hameau (apprendre un couplet et un refrain)

Compère Guilleri (apprendre deux couplets)

Prière Patriotique (apprendre un refrain et un couplets).

Les chansons sont disponibles sur ce lien.

 

III – Un des deux textes suivant (à apprendre) :

 Fragment Fatzer de Bertolt Brecht et Heiner Müller :

« Qui veut, ici ?
Vous ne voulez rien apprendre, mais je vous le dis, c’est un autre qui ne veut pas que vous
appreniez.
Car cette guerre
va contre nous. C’est notre bras
qui combat notre personne,
et il y a erreur
sur le choix des adversaires. Les
positions adverses recouvrent
de mauvais tas.
Amis et ennemis dans un tas,
ennemis et amis dans l’autre,
et tous se battent,
habitués à agir selon un plan
qu’ils ne connaissent pas. »

 

Sur la voie royale de Elfriede Jelinek :

« Nous tous le rejetons, le roi connaît déjà ça mais n’y croit pas, moi je ne connais que des gens qui le rejettent, tous dans notre entourage, en tout cas ceux que je connais croient qu’il est capable de venir à bout de la violence qui va venir ou pas ou qui vient peut-être même de lui, d’où pourrait-elle venir sinon ? c’est bien, il va enfin y avoir une révolution, ça fait longtemps que nous en avons besoin, sinon vous allez encore dormir pendant 50 ans, une révolution pour l’heure on n’en sait rien nous entendons les promesses du roi mais nous ne le laisserons pas les tenir. Nous les arracherons de ses mains encore brûlantes. Il fera attention aux femmes dit-il parce qu’il les respecte, les femmes sont pour lui !, il saisit ce qu’il vient d’entendre : femme je me sens l’esprit troublé, le cœur bouleversé, que pourrais-je faire d’autre, moi , un homme divorcé, il y a tant de femmes, bon d’accord, maintenant tu es la seule, mais les autres aussi sont toujours à portée de main afin qu’on puisse jouer de jolies mélodies sur leurs cordes. Nous ne prenons jamais de vacances quand nous sommes rois, et nous ne prenons pas d’argent pour ça et d’ailleurs nous habitons ailleurs afin que personne ne nous trouve. Le trône est là-bas, mais là-bas nous ne saurons pas, là-bas nous manigançons de funestes projets c’est vrai c’est vraiment ce qu’il y a de mieux, nous ne prenons jamais d’argent. Nous avons déjà l’argent pour. Et si c’est la banque qui l’a, qu’elle le donne. Alors il lui faudra renoncer à beaucoup de choses, c’est comme ça avec les banques, ça monte, ça descend, pour nous obliger à baisser les yeux devant elle. » 

 

Note : Le chant et le texte doivent faire partie de la situation fictionnelle énoncée dans la didascalie. C’est un seul espace-temps, un seul moment qui est travaillé pour la proposition.

 

Indication supplémentaire :

> L’objectif est que vous proposiez une silhouette (avec un costume simple). On doit voir une personne qui n’est pas vous et à laquelle on doit croire. Il est bon que vous ayez quelques éléments imaginaires sur elle (trajet de vie, métiers, anecdotes) car nous travaillerons également en improvisation ensuite, à partir de votre proposition. Je sais déjà que je travaillerai sur des personnages dits lambda, simples en apparences, mal à l’aise, et ayant de la peine à prendre de l’espace.

> Aussi, comme il y aura énormément de travail de chant, il est évident que je cherche des personnes sachant chanter juste, en solo ou en chœur, et soient assez efficaces dans l’apprentissage des mélodies, etc. Il n’est pas pour autant nécessaire d’être un·e·x chanteur·euse·x professionnel·le·x.

 

 

Pour l’assistant·e·x 

Écrire une lettre de motivation. Une pré-sélection sera faite à partir de celle-ci (à envoyer pour le 16/08 23H59 août à rencontres@arts-sceniques.be).

Venir à une des sessions d’auditions pour observer.

Rencontre individuelle le mercredi 28 août à Bruxelles (lieu à confirmer).

 

Proposition : avant l’audition, visionner deux films en lien avec le spectacle : Roma de Federico Fellini et Le voyage des comédiens de Theo Angelopoulos.

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’21, ’22, 23′ et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (répétitions et représentations)

3. Être libre aux dates de la rencontre et arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions le 16/08 à 23:59