Nous travaillons en duo. Pas exclusivement l’un avec l’autre mais principalement. Avant cela nous étions scénographe, costumière et plasticienne d’une part, metteur en scène et acteur de l’autre. Mais très vite, les frontières entre les disciplines se sont évanouies et une dynamique singulière est née de notre partenariat artistique. D’emblée, dès le premier jour de réflexion sur une création, et jusqu’à la dernière représentation, nous partageons des parcours qui, année après année, ont enrichi les nôtres. Basés sur une dramaturgie conçue en commun, toutes les idées trouvent naissance dans des allers retours incessants entre les différents pôles de la création scénique. C’est conjointement que nous mettons à jour le sens du spectacle et les endroits où il nous touche, le projet scénographique et la dynamique scénique, l’analyse des personnages et leurs costumes… Ces liens étroits entre toutes les composantes qui précèdent la réalisation des décors et des costumes ainsi que les répétitions, assurent une cohérence certaine du spectacle.
A chaque étape de nos créations, nous gardons en ligne de mire le rendez-vous à venir avec le public. Notre démarche ne cherche jamais la facilité d’un nivellement par le bas mais veut pourtant trouver des codes accessibles à tous. Souvent, nous tendons à orchestrer dans le spectacle différents degrés de lecture de façon à ce que chaque spectateur, quels que soit son âge ou ses habitudes culturelles, puisse appréhender avec plaisir le sens de ce qui lui est donné à découvrir.
Il est rare que nous nous cantonnions dans un style unique et si cela arrive, l’expressionnisme allemand des années 20 reste une source d’inspiration privilégiée : nous en aimons la théâtralité très affirmée et le jeu physique tout aussi précis dans les mouvements que dans les intentions. Mais la plupart du temps nos spectacles sont polymorphes. Nous aimons voyager dans les formes en fonction des scènes que nous traversons. Il nous plaît de jouer avec les références stylistiques comme un peintre avec une palette de couleurs augmentée de maintes possibilités de collages en plan et en relief. Et chaque scène tend à devenir un élément de surprise pour le spectateur. Mais chaque choix opéré dans nos spectacles en kaléidoscope est relié à l’ensemble par la dramaturgie globale qui, tel un fil conducteur, reste à tout moment déterminante. Inspiratrice autant que garde fou, elle est la source dans laquelle nous replongeons nos analyses étapes après étapes et tend in fine à dessiner une vison dialectique du monde. Notre boîte à jeu, nous la mettons au service du sens que nous voulons défendre en faisant le grand écart entre le burlesque et l’émotion, la comédie musicale et le mélo-drame, la parodie et le réalisme. Nous aimons la porosité des arts et laissons le théâtre se mâtiner de music-hall et de cartoons. Nous privilégions un jeu énergique, stylisé et multiple, un jeu extériorisé, excessif parfois mais toujours sensible et généreux. »