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Nostalgica

Alexis Julémont

En bref

La nouvelle création du jeune metteur en scène Alexis Julémont

Qui

Une famille. Les parents ont fui le monde : Olivia, la mère (Olivia Carrère) ; Jean-Benoît, le père (Jean-Benoît Ugeux). Leurs trois enfants sont nés dans la forêt : Sophia, l’ainée (Sophie Warnant) ; Jean-Baptiste, l’enfant du milieu (Baptiste Leclère) ; …-a (prénom qui termine en « -a », à définir), la cadette (rencontre CAS du 16 au 20 mai).

Une forêt tropicale, humide et chaude. Un refuge face à un monde dont les parents se sont extraits. Les références à la forêt et à la réalité de ce que représente un habitat en autarcie dans un milieu naturel sont volontairement peu présentes. Ce serait comme un lieu sauvage qu’on a complètement dénué de ces contingences matérielles. Nous plongeons les spectateurices dans un univers mental. Il y a quelques éléments ça et là qui contextualisent la raison de la présence de cette famille dans la forêt.
La famille vit dans une petite villa défraichie, un lieu de villégiature continue et perpétuelle. On imagine, qu’en dehors de la maison, il y a une clairière déboisée autrefois et arrangée depuis en jardin, avec un sentier de pierre au milieu du parterre de pelouse et de fleurs. Il y a un potager, et un verger. Enfin, quelque part à l’orée de la forêt, il y a un endroit que la famille appelle le studio. C’est là qu’elle tourne ses films.

Quoi

Le quotidien de cette famille se fond dans cet éternel été. Le temps étiré est partagé entre les activités du quotidien et des activités de loisirs. Parmi ces activités de loisir il y en a une qui est devenue principale avec le temps, celle de tourner des films. Les parents ont amené une caméra avec eux dans leur fuite. Ils ont commencé par se filmer eux-mêmes, à faire des films de famille. Et puis, alors que la réalité devenait trop étriquée pour les enfants, ils se sont mis à tourner des fictions.
Se filmer est devenu une activité principale de leur quotidien, centrale de leur existence. Vivre c’est devenu se raconter, vivre c’est devenu se filmer. Les enfants ont très peu d’éléments sur les raisons de leur retrait du monde. Iels n’ont quasi pas d’influences du monde extérieur. Iels n’ont que celles de leurs parents et celles d’une encyclopédie qu’iels sont autorisé·es à consulter.
En filigrane on comprend qu’un drame s’amorce, celui de la fin de la pellicule. Cette pénurie gronde sous le jardin de leur existence. Le spectacle commence alors que les enfants sont devenu·es adultes. Ce qui maintient les enfants dans la forêt, c’est que c’est là que la famille se filme. Se filmer c’est exister. Quitter la forêt c’est disparaître.

Le texte est en cours d’écriture. La narration complète vous sera détaillée lors de la rencontre.

 

En pratique

Un rôle féminin est a pourvoir pour un.e membre du Centre des Arts scéniques.
Rencontre du 16 au 20 mai.
Disponibilité :
Résidence # 1 : 13 – 17 juin et 20 – 22 juin 2022
Résidence # 2 : juin 2023 ( à définir)
Création et représentation : 6 semaines de création et 6 dates (à confirmer) dans la période entre entre novembre 2023 et février 2024 (être libre au maximum, agenda en cours…).
Production : Iceberg Company, Théâtre de l’Ancre, Festival de Liège, CAPT (Fédération Wallonie Bruxelles), Tax Shelter (en cours), en cours,…

A propos de Alexis Julémont

Depuis qu’il a terminé en 2010 des études d’art dramatique aux conservatoires de Mons et de Gand, il développe une approche hétéroclite du métier, avec des casquettes différentes, dans des univers et dans des domaines différents.

En tant qu’acteur au théâtre, notamment dans l’Éveil du Printemps sous la direction de Jasmina Douieb, ou dans Dehors devant la porte au théâtre National mis en scène d’Héloïse Meire. Mais il travaille aussi avec Frédérique Lecomte, metteuse en scène hors catégories. Il explore aussi le théâtre de rue au sein de la compagnie Les Vrais Majors et de leur dernier spectacle « Der menschenfresser Berg – ou La Montagne (titre provisoire) » qui a été joué plus de 150 fois depuis la création en 2018. Il développe par ailleurs une recherche plus expérimentales avec le Calme & Angoisse Collectif. Enfin, il tourne pour la télévision et le cinéma, notamment dans la Trêve (rtbf), ou dans Mandy au côté de Nicolas Cage.

En 2017 il entame un parcours de création personnelle avec l’Iceberg Company. Il crée son premier spectacle, Frisko et crème glacée / Teenager tragedy ; une tragi-comédie plurielle autour de l’adolescence. Le spectacle reçoit un très bel accueil critique et public aux rencontres de Huy, avec deux prix, celui de la Ministre de la Jeunesse et du Coup foudre de la presse. Dans la foulée, en 2019, il crée La Fonte, qui réunit dans un congélateur tombé en panne un Fishstick, un Brocoli et une glace Magnum, dans une lutte pour la survie. Le spectacle se verra décerné une mention spéciale prise de risque à Huy. Nostalgica est son premier spectacle en théâtre adulte.

Le travail de la compagnie explore la lisière de nos paradoxes, jouant à amplifier les expressions tacites qui régissent nos relations interpersonnelles, entre le rire et le tragique, le quotidien et l’esthétique, la fragilité et la violence.

 

Alexis Julémont

Distribution

Jeu
Olivia Carrère, Baptiste Leclère, Jean-Benoit Ugeux, Sophie Warnant, en cours …

Ecriture et mise en scène
Alexis Julémont

Dramaturgie
Magrit Coulon

Scénographie et costumes
Bastien Poncelet

Création sonore et musicale
En cours,…

Création lumière
En cours,…

Note d'intention

En 2016, je deviens papa. Mes structures mentales se sont alors mises à muer. Un ensemble de postulats culturels, de valeurs, de manières d’être aux autres et à soi s’est ouvert à mes sensations, débouchant sur un gouffre.

Je me suis alors replongé dans mon propre univers familial, dans mes souvenirs d’enfance et d’avant moi, à travers les traces, les photos, les films et les histoires familiales.

Ce projet est une quête cruelle et intuitive de ce noyau en perpétuelle mutation qu’on appelle famille, au cœur de mécanismes qui définissent partiellement qui je suis.

Nostalgie : du grec nostos (retour) et álgos (douleur), soit le mal du pays.

Je cherche à plonger au cœur de mon pays intérieur, à jouer à la marelle sur mes socles sacrés.

Ce spectacle est une tentative ludique de mise à mort de mes propres nostalgies. Il y a comme l’idée d’inviter les spectateurices à faire peau neuve, à vivre une mutation.

Famille

Je crée une famille de toute pièce, dans le cadre prétendument dénué d’influences extérieures d’une forêt tropicale. J’y scrute de manière kaléidoscopique : l’autorité, l’éducation, la transmission, l’amour filial, fraternel et sororal, la construction des narrations et des iconographies collectives, les valeurs et leur mutation, la compétitivité, les jeux de pouvoir, la violence, …

Dans le spectacle, il y a l’idée d’un point de rupture qui aurait mené ces parents à s’exclure, pour y créer leur société idéale. Il ne s’agit pas d’un modèle fascisant ou conservateur, ni d’un modèle de vie de décroissance en autarcie, mais au contraire d’un modèle plus décalé, personnel et paradoxal, beaucoup plus proche finalement de moi, issu de la confrontation d’une utopie avec le réel. Je crée mon modèle iconographique pur, une forme de construction poussée à l’extrême de mon mode de vie, de mon « être familial », et je me prépare à contempler sa chute.

Film

Le film de famille est un objet très présent de mon enfance. Il me renvoie à mon père qui passait des heures, en vacances, à filmer en longs plans séquences la vie se dérouler sous l’œil de sa caméra. Il nous filmait tout en nous parlant – le son de sa voix, et nous, sa famille, à l’image, dans cette superposition si caractéristique, d’une narration, de dialogues, et d’une image.

Nous nous racontions à qui nous allions devenir, puisque finalement à intervalle irrégulier, généralement à Noël ou lors d’un anniversaire, nous nous regardions nous. Nous étions à la fois acteurs et unique public. Vivre et se regarder vivre simultanément. Filmé quasi systématiquement en vacances ou en périodes de loisir, dans une sorte d’éternel été, ces films de vacances créent un être parallèle, un autre soi, perpétuellement vacant. Je travaille autour d’une sensation de loisir infini, de vacuité dans le spectacle.

Je mêle à ces films de famille, des films de fictions et des éléments vidéos contemporains, comme ceux des youtubeurs en Tiny house, des instagrameurs en van autour de l’Afrique, ou de « créateurs de contenus » ASMR, avec dégustation de fruits exotiques. Ils ont comme point commun de nous inviter au cœur d’un quotidien, réel ou mis en scène. J’emprunte cet espace de quotidienneté fascinante.

Et puis, un élément capital, et particulièrement ludique du spectacle est que nous allons jouer à confronter les codes de la création théâtrale et cinématographique avec ceux de l’univers familial. On retrouvera, en plus des éléments familiaux les enjeux qui sont ceux de la création : influences artistiques, pouvoir, castings, projet de création, admiration, séduction, contraintes matérielles, chute d’artiste majeur, fascination, etc, …

En terme de mise en scène, les passages filmés ne seront pas repris via l’image, mais bien par le son. Ils seront joués en liping, avec un travail important de bruitage et d’ambiance sonore cinématographique.

Je joue dans ce spectacle à faire s’entrechoquer les deux mondes qui font ma vie de tous les jours, la vie de famille et la création (théâtrale).

Travail au plateau

Je continue dans la lignée de mes spectacles précédents à travailler autour du trop, avec les curseurs de l’intensité, dans ce que j’appelle « hyper-acuité », sorte d’ « hyper-sensibilité ».

Je travaille à mettre de côté la ligne de virtuosité de l’acteur. C’est la vulnérabilité qui m’intéresse. Le texte devient une distraction pour l’acteurice, pour qu’iel puisse ne pas penser à sa propre existence. Ce qui est à jouer est une autre partition que nous créons ensemble et qui entre alors en résonance avec le texte. Les enjeux, les non-dits, parfois flagrants, participent à faire naître une tension.

Je travaille avec les acteur·rice·s sur une forme d’épure esthétique dans les corps et sur la géométrie de ces corps dans l’espace. Nous traçons des lignes claires, esthétiques. Nous évitons le brouillon, ou alors celui-ci par contraste devient la ligne pure d’un instant théâtral.

Je suis passionné par la qualité de jeu plurielle des acteurices amateurices. Il y a une partie de ma recherche qui s’articule autour de la volonté de rendre à l’acteurice professionnel·le la singularité que la pratique professionnelle tend à gommer.

Préparation de la rencontre

Aucun travail préalable n’est requis. Voici cependant des liens vers certaines des sources d’inspirations du projet. C’est évidemment un plus, dans l’appropriation des codes et de la narration.

Canine, de Yorgos Lanthimos ;
The wolfpack, de Crystal Moselle ;
Braguino, de Clément Cogitore ;
Mister Lonely, de Harmony Korine ;
Happiness ( pour les 3 soeurs), de Todd Solondtz ;
Synecdoque, New York, de Charlie Kauffman ;
The Lobster, de Yorgos Lanthimos.

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’18, ’19, ’20, 21′ et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (rencontre, répétitions et représentations)

3. Être libre aux dates de la rencontre et arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions au dimanche 8 mai à minuit (09/05 heure 0)

A propos de l'auteur·ice

En tant qu’auteur-metteur en scène, je travaille sur des images, des impressions, des ambiances, en laissant de la place à l’accidentel dans le processus.

Pour ce qui est de l’écriture, je travaille sur un quotidien du langage, sur des incompréhensions, sur la périphérie de ce qui est dit. Ou au contraire, je fais dire littéralement le sous-texte dans le texte, dans une forme d’aveu esthétique. Je joue à détourner le réel. Je cherche la vibration qui puisse « laisser une trace dans l’occiput des spectateur·ices ».

Par ailleurs, je travaille dès l’écriture sur une espèce de construction fantasmée à partir de ce que je vois des acteurices. Je développe un degré de lecture supplémentaire qui prend en compte, en dehors de la narration, le réel. Comme si, en caricaturant, je faisais un documentaire sur les acteurices en parallèle à la narration du spectacle. La fragilité du regard qu’iels posent sur elles·eux-même m’intéresse. Je cherche une forme de vulnérabilité.

Il y a une quête profonde, entre le rire, la violence et la nécessité de laisser la place à des êtres vivants d’exister.