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Nous voudrions vivre

Bogdan Zamfir

En bref

Écrit et mise en scène par Bogdan Zamfir – Festival Émulation

Nous voudrions vivre est une fiction-documentée qui s’inscrit dans la démarche d’un « théâtre qui raconte une histoire » (en opposition avec la dramaturgie déconstruite).

En tant que créateur, mon désir actuellement est de monter un spectacle à partir d’un texte. Ce choix personnel peut être considéré en opposition avec des formes présentées majoritairement sur les scènes de théâtre ces dernières années (théâtre documentaire, adaptations de romans et des écrits non-dramatiques, créations à partir d’écriture de plateau, formes théâtrales où la notion de personnage, situation et fable sont secondaires).

Ce qui me tient particulièrement à cœur avec ce projet c’est de revenir sur la puissance des histoires et de raconter de manière homogène le parcours émotionnel, la pensée et les rapports qui s’établissent entre les personnages à travers un cadre fictionnel.

Nous voudrions vivre est un projet élaboré à partir du réel. A ce propos, il s’agit de créer un univers scénique où l’imaginaire du·de la spectateur·ice contemporain·e puisse voyager à travers des problématiques reconnaissables et identifiables de la réalité immédiate tout en étant porté·e par l’intensité d’une fiction.

 Bogdan Zamfir

En pratique

Rencontre au KJbi : rue Kessels, 18 à 1030 Bruxelles

du 20 au 24 février 2023

Création le 16 avril 2023, Festival Émulation Liège
Disponibilité requise : du 1er mars au 22 avril 2023

A propos de Bogdan Zamfir

Bogdan Zamfir est né en 1986 en Roumanie. Il est acteur au théâtre et au cinéma. Il s’est formé à l’École Supérieure d’Acteurs (ESACT) à Liège. Il travaille sous la direction de Joel Pommerat (Ça ira (1). Fin de Louis). Il participe au projet Désordre d’un futur passé, de Jean Ruimi, mis en scène par Joel Pommerat et Caroline Guiéla Nguyen à la Centrale d’Arles. Il travaille avec la metteuse en scène-auteure Gianina Carbunariu (Artists Talk, 2016, Arcub Bucarest), Christophe Sermet (La Reine Lear, 2019, Théâtre National de Belgique) et Christine Delmotte-Weber (Mère Courage et ses enfants, 2019, Théâtre des Martyrs, Bruxelles). Au cinéma, il travaille avec Lucie Borleteau (Fidelio, l’odyssée d’Alice, 2014), Louve Dubuc Babinet (Pendant que les champs brûlent, 2017), Xavier Giannoli (L’apparition, 2018), Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le jeune Ahmed, 2018), Radu Jude (Uppercase Print, 2020), Elie Wajeman (Médecin de nuit, 2021) et Manuel Boursinhac (Les rivières pourpres, 2021). Son premier projet en tant qu’auteur-metteur en scène, Déracinés – Rupți din rădăcini est présenté dans le cadre de la Saison Croisée France-Roumanie 2018.

Bogdan Zamfir © Annah Schaeffer

Distribution

Auteur – metteur en scène : Bogdan Zamfir
Le rôle de la mère : Emmanuelle Mathieu
Le rôle de Sandra et de Béatrice : Victoria Lewuillon

Note d'intention

Nous voudrions vivre est un geste artistique né du désir de parler de ma génération : une génération habitée par la peur d’un avenir fait d’incertitudes dont les années de jeunesse se confondent aux crises successives (identitaire, économique, écologique, sanitaire) et à la fois, une génération qui cherche à inventer ses propres moyens de révolte dans une société à bout de souffle.

Le point de départ du projet est représenté par le conflit générationnel entre les jeunes adultes de la trentaine (les Milléniaux) et leurs parents (les Baby-Boomers).

Nous sommes dans une ville d’Europe de l’Ouest à l’intérieur d’un appartement petit-bourgeois. Autour de la table, une famille se réunit pour fêter la promotion du fils. Embauché dans une entreprise réputée après un entretien d’embauche élitiste et rigoureux, il se voit proposer un poste avec plus de responsabilités. Sa montée professionnelle est fulgurante. Sa mère, sa sœur et sa copine l’attendent. Il ne viendra pas.

Le cadre du repas familial est un prétexte pour déclencher le conflit de la pièce construit autour des problématiques telles que l’échec et la réussite, la course au bonheur, la norme et la désobéissance, les rapports entre dominé·es et dominant·es dans une société de hiérarchie.

A l’extérieur de l’appartement, la société est en ébullition. Des manifestations d’une violence extrême se développent partout dans la ville. Police. Voitures incendiées. Arrestations.

Un groupe de manifestant·es se rassemble quotidiennement devant l’immeuble où habite la mère juste en-dessous de son balcon.

Le monde intérieur et extérieur s’affrontent et se contaminent. Le monde extérieur agit sur les personnages à l’intérieur de l’appartement, les rend perméables et crée chez eux la disponibilité d’un changement profond.

La réussite et l’échec

A travers ce projet, je souhaite questionner la notion de réussite. Dans mon propos, la réussite est nourrie à partir des écrits d’Henri Laborit[1], notamment dans l’ouvrage Eloge de la fuite (le chapitre Le bonheur et Le travail). Intimement liée à la notion d’échec, la réussite représente un élément fondateur dans la construction des personnages.

Pour Laborit, le jeune individu est souvent confronté à l’exigence de devoir faire mieux que ses parents, à savoir, acquérir un accès plus large aux privilèges que ceux-ci et occuper une place plus élevée dans la hiérarchie des dominances. De fait, un conflit générationnel s’établit entre les parents et les enfants déclenché par le sentiment de pression.

Cette pression parentale est d’autant plus renforcée au niveau des couches défavorisées (les classes ouvrières, la classe moyenne du bas et les familles dont les générations précédentes ont connu un statut social précaire).

Mais cette pression générationnelle existe également au niveau des classes privilégiées. L’enfant doit conserver les privilèges acquis par ses parents. Ces derniers l’encouragent à poursuivre des études dans des établissements réputés et choisir un métier qui apporte un confort matériel considérable et un statut social similaire à celui des générations précédentes. (Exemple chez Laborit : c’est difficilement concevable pour des parents qui exercent le métier de professeurs que leurs enfants ne poursuivent pas un parcours éducationnel stable et long dans sa durée. Ou encore : c’est difficilement acceptable pour des parents qui exercent des métiers à haute rémunération que leurs enfants choisissent des métiers de précarité).

Dans les deux cas, l’enfant doit réussir.

Le projet Nous voudrions vivre est construit autour des parcours de trois jeunes trentenaires pris dans les mécanismes de la pensée dominante : réussir dans une société de compétition où les relations humaines (y comprises celles entre parents et enfants) se déclinent à partir de la valeur argent.

Préparation de la rencontre

Un rôle féminin et un rôle masculin sont à pourvoir pour les membres du Centre des Arts scéniques :

Rôle féminin
Il s’agira d’incarner le personnage de Cécile (tableau 1, tableau 3, tableau 6). Il s’agit d’un rôle qui se construit dans la continuité.
Elle incarnera également le personnage de l’homme sans abri (tableau 4 – silhouette).
Il est possible que l’actrice prenne également en charge le rôle de la mère de Sandra (rôle de composition) – à confirmer en répétition

Rôle masculin
Il s’agit d’interpréter plusieurs personnages. Cela implique une versatilité de l’acteur, des capacités corporelles et vocales pour incarner avec justesse les différents personnages ainsi qu’une facilité à voyager d’une théâtralité à l’autre en fonction des spécificités de chaque rôle interprété.
Rôle de Julien (tableau 2, tableau 4 – silhouette, tableau 5)
Rôle de Mathieu (tableau 3)
Rôle du policier (tableau 7)
Rôle de la mère de Sandra (rôle de composition, tableau 8) – à confirmer en répétition

Précision pour le 1er tour
Rôle féminin
Personnage de Cécile
Le personnage de Cécile est un être politisé. Elle pose un regard sur le monde qui interroge les inégalités sociales et l’injustice de manière générale. Elle rejette le système de hiérarchie des dominances tel que nous le connaissons au sein de nos sociétés occidentales.
Ce personnage est construit principalement autour de la notion de révolte (révolte par rapport aux valeurs que sa mère lui a inculquées depuis petite, révolte par rapport à la question de la réussite à travers un parcours du type faire de bonnes études – décrocher un bon travail – avoir un confort financier).
Elle est femme de ménage. Chez Cécile cela pourrait être considéré comme un acte politique et à la fois une manière de montrer son opposition à sa mère et à sa manière d’envisager la réussite d’un point de vue professionnel et personnel.
Elle se bat pour déconstruire chez les autres personnages leurs pensées et leurs croyances.
Elle participe aux manifestations qui ont lieu en face de l’immeuble où habite sa mère.

Consignes de travail :
Travaillez à partir de la notion de révolte.
Quelle est ma révolte ?
A quoi est-elle liée ?
Qu’est-ce qui la déclenche ?
Quel regard je pose sur le monde d’aujourd’hui d’un point de vue politique, social, économique, climatique, etc. ?
Présentez un passage à partir d’une scène de la pièce (si vous le souhaitez, pas d’obligation) ou un passage improvisé à partir de toute(s) autre(s) matière(s)

Recommandations :
– votre passage doit avoir comme appui de jeu une matière textuelle (scène d’une pièce de théâtre, roman, presse, dialogue de cinéma, manifeste politique, etc.)
– utilisez un morceau de musique
– utilisez pendant votre passage au moins une fois la réplique « C’est de la merde ce qui se passe ici ! » (réplique du personnage, tableau 3)
– votre passage peut prendre la forme d’un dialogue ou d’un monologue adressé au public ou à vos partenaires de scène
– utilisez au moins une réplique, phrase, morceau de texte sous forme de soliloque (le personnage s’adresse à elle-même ou pense à voix haute)
– travaillez pendant votre passage au moins une fois sur l’un des états suivants : colère, furie, irritation, mécontentement, désir de tout « casser » et de tout « reconstruire à zéro »
(Attention ! cet état doit être nourri de l’intérieur. Il doit être articulé de manière sincère, vraie en étant lié intérieurement à quelque chose de profond, d’intense, d’une vérité, d’une conviction intime. Ne pas produire formellement ou techniquement ces états !)
– utilisez une insulte minimum (pareil que la consigne précédente, il s’agit de nourrir de l’intérieur, de relier cette insulte à quelque chose de vrai. L’objectif est d’être dans un état sincère et vrai et non pas de « bien faire » ou de « bien dire » !)
– une ou plusieurs notions de la liste suivante devrait être abordée pendant votre passage : le travail, l’argent, la réussite, l’émancipation.

Attention ! Vous ne devez pas valider toutes les recommandations ci-dessus. Vous pouvez choisir celles qui vous semblent justes pour votre travail, vous les approprier, les rendre « vôtres », les transformer pour qu’elles vous servent dans le jeu.

Rôle masculin
Personnage de Julien ou du policier
Pour ce 1er tour, il s’agit de faire un choix entre le personnage de Julien et celui du policier.

Personnage de Julien
Dans son enfance, Julien donnait à voir les prémices d’une inadaptation au monde, d’un isolement, d’une forme de connexion à quelque chose d’autre que le réel. « Il était mou et apathique », selon les dires de sa mère. Et un jour, « il a eu un déclic ».
Le personnage de Julien est construit autour de la notion de crise.
Il ne participera pas au repas organisé par sa mère pour fêter sa nouvelle promotion dans cette boîte réputée où il a décroché un job. Il doit finir l’évaluation des deux collègues (Béatrice et Mathieu) avec l’objectif de renvoyer l’un d’entre eux pour rééquilibrer le budget de l’entreprise.

Consignes de travail si vous choisissez de présenter le personnage de Julien :
Travaillez à partir de la notion de crise.
Présentez un passage à partir d’une scène de la pièce (si vous le souhaitez, pas d’obligation) ou un passage improvisé à partir de toute(s) autre(s) matière(s)

Recommandations
– votre passage doit être un monologue ou soliloque (la personne parle à elle-même ou pense à voix haute)
– idéalement cela se passe ou téléphone (mais « obéir c’est désobéir » !)
– dans le jeu un ou plusieurs des états suivants doivent transparaitre : colère retenue, faux calme, fragilité, peur de l’autorité, impossibilité de dire, impossibilité de faire un choix, humanité, rêverie, poésie, solitude
– proposez pendant votre passage au moins une rupture (rupture du rythme de la parole, changement de ton, rupture au niveau vocal, corporel, silence habité, etc.)
– ne pas avoir peur du ridicule (le ridicule est un élément constitutif du personnage). Il est lié à la question du ratage, des doutes qui échappent malgré que le personnage lutte pour garder les apparences, il vient aussi de son impuissance et de sa fragilité
– intégrez à votre passage ce morceau de musique (dans la mesure où cela peut vous servir)
– utilisez au moins une fois l’une des phrases suivantes : « Je ne suis pas capable de… » / « Je voudrais bien, mais… »

Attention ! Vous ne devez pas valider toutes les recommandations ci-dessus. Vous pouvez choisir celles qui vous semblent justes pour votre travail, vous les approprier, les rendre « vôtres », les transformer pour qu’elles vous servent dans le jeu.

Personnage du policier
Le personnage du policier représente l’État, un État qui fait recours à la violence pour réprimer les manifestations dans les rues.
Il est le symbole d’un système politique qui vire à l’extrême, qui punit, applique les lois de manière arbitraire dans le but d’empêcher les citoyens et les citoyennes de jouir de leur droit de manifester dans l’espace public.

Consignes de travail si vous choisissez de présenter le personnage du policier :
Travaillez à partir de la notion d’autorité (autorité au sens d’État autoritaire, d’un pouvoir politique qui écrase.)
Présentez un passage à partir de la scène où ce personnage apparait – tableau 7 (si vous le souhaitez, pas d’obligation) ou un passage improvisé à partir de toute(s) autre(s) matière(s)

Recommandations :
– votre passage peut prendre la forme d’un discours politique, d’une scène dialoguée ou d’un monologue adressé à une assemblée, à un ou plusieurs partenaires, à quelqu’un·e de proche, etc.
– à travers la matière textuelle que vous choisissez, vous devez construire avec sincérité et justesse une pensée qui se situe du côté du conservatisme et de l’extrême-droite
– faire entendre la voix d’un être qui se positionne de manière consciente, lucide, avec des arguments forts pour la restriction des droits et des libertés, pour le retour à une reprise en main autoritaire de l’État pour mettre fin aux manifestations (Attention ! Il s’agit d’incarner cet être de manière vraie, avec conviction et non pas avoir un point de vue qui met à distance ou qui dénonce cette pensée)
– pendant votre passage, utilisez au moins une fois la phrase : « La sécurité nous concerne tous, individuellement et collectivement ! »

Cliquez ICI pour télécharger la nouvelle version du texte (le mot de passe du texte vous est envoyé dans le mail d’annonce de la rencontre et dans le mail de confirmation d’inscription à la rencontre).

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’19, ’20, 21, 22′ et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (rencontre, répétitions et représentations)

3. Arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions

A propos de l'auteur·ice

 

Lieu de la rencontre

Rue Kessels 18 - 1030 Schaerbeek
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