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Rencontre professionnelle avec Caroline Safarian pour La Valse des Oublié·es

En bref

Clôture le 29/09/2025
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110 000 personnes contraintes de fuir, des villages entiers vidés et un silence assourdissant…

En septembre 2023, l’épuration ethnique du Haut-Karabakh (Artsakh) a chassé toute la population arménienne de ce territoire. Dans l’indifférence générale, un peuple est effacé.

La Valse des Oubliés est une pièce née de cette tragédie contemporaine. Caroline Safarian y mêle théâtre documentaire et satire politique pour raconter, sans détour, une histoire trop peu entendue.

Le point de départ : une exposition à ciel ouvert organisée à Bakou par le régime azerbaïdjanais, présentant comme « trophées de guerre » des casques de soldats arméniens ramassés à même le sol, sur les corps gisants… Mais le mauvais goût ne s’arrêtait pas là : des mannequins de cire (comme au musée Grévin !), grandeur nature, représentaient des Arméniens agonisants, souffrants, exposés dans ce musée des horreurs à ciel ouvert. Une mise en scène macabre, surréaliste et cruellement réelle.

Au cœur du récit : Anoush, une soldate arménienne. Dans la lignée des femmes combattantes de l’Histoire, comme celles de la Révolution française qui se sont levées pour la dignité et la justice, elle incarne la mémoire, la résistance et l’espoir. Face à elle, deux personnages grotesques, Abaki et Avaki, conseillères du président fictif Agar Hasarov – orchestrent la guerre comme un spectacle de propagande absurde.

Dans une langue forte et sans concession, entre tragédie intime et absurdité politique, La Valse des Oubliés propose d’interroger la mémoire, la haine de l’autre, la déshumanisation, et la capacité du théâtre à résister à l’effacement. 

 

En pratique

Répétitions au SAS (22 avenue Clémenceau 1070 Bruxelles)

Du 20 au 31 décembre 25 

Du 14 au 28 février 26

Du 18 au 21 mars 26

Du 11 au 20 avril 26

+ Une date à fixer pour une rencontre-lecture juste avec l’équipe en novembre 25.

 

Représentations

Du 23 au 26 avril 2026 à la Tricoterie (Rue Théodore Verhaegen 158, 1060 Bruxelles)

– Disponibilité la 2ème quinzaine d’octobre 2026 (deux représentations à Marseille)

Tournée en prévision et négociation à Paris en 26-27 (dates encore à prévoir) à laVilla Mais D’ici.

A propos de

Dans sa pratique scénique Caroline Safarian développe mise en scène et écriture dans une optique résolument interdisciplinaire. Par exemple dans Papiers d’Arménie ou sans retour possible (créé au Théâtre Le Public et en tournée à Paris, Lyon, Marseille, Grenoble, Tbilissi, Erevan, Beyrouth), elle explorait les strates de la mémoire collective en fusionnant témoignages et dramaturgie fictionnelle, questionnant ainsi les mécanismes de transmission de l’Histoire. Parallèlement, avec Ménopausées (créé au Théâtre de Poche et en tournée dans différents centres culturels en Belgique), elle interrogeait les enjeux corporels et identitaires en proposant une réflexion esthétique sur la condition féminine, tout en insufflant une rigueur analytique. Ceux deux exemples montrent que ses travaux témoignent toujours d’un engagement à la fois artistique et intellectuel, mobilisant le théâtre comme espace critique et transformateur.

Distribution

Jeu : Sevane Sybesma (+ en cours)
Création lumière et son : Romain De Wulf
Scénographie/construction : Vigen Oganov et Anaïs Legrand
Vidéo : Seda Sat
Mise en scène, écriture, dramaturgie : Caroline Safarian
Mouvement : Celia Rorive

3 comédien.ne.s.x sont recherché.e.s :

  • Une comédienne pour le rôle d’Abaki
  • Une comédienne pour le rôle d’Avaki
  • Un.e comédien.ne.x pour le rôle du Président Azarov et pour le rôle de la maman.

 

Coproduction : La Compagnie du (droit au) Chapitre ASBL, La Compagnie Les vivaces ASBL, UGAB (en pourparler), La Tricoterie, Le Brocoli Théâtre (en pourparler), Le Comité es Arméniens de Belgique, La Villa Mais d’Ici, Centre des Arts scéniques

 

Note d'intention

Il y a vingt ans, j’écrivais Papiers d’Arménie ou Sans retour possible (Éd. Lansman), une pièce marquante dans mon parcours, née du besoin viscéral de mettre des mots sur l’impensable : la négation du génocide arménien de 1915. 

Depuis, je n’ai cessé de continuer à écrire (Les Chaussures de FadiPeau de LoupGabriel, Spider man sauce cornichon, Ménopausées,…) en abordant des thématiques multiples : l’exil, la mémoire, le corps, la femme, la transmission. Et pourtant, malgré cette diversité de thématiques, une douleur lancinante m’a toujours ramenée à la même blessure. Revenir encore à l’Arménie, revenir encore une fois à cette histoire, vingt ans plus tard, a été comme ouvrir une plaie mal refermée pour moi. Mais peut-on vraiment faire autrement, lorsque les tragédies se répètent et que l’urgence vitale est toujours là, intacte et aussi brutale ?

La Valse des Oubliés est née de cette nécessité réapparue un soir de 2020, après la première offensive de l’Azerbaïdjan à l’encontre des Arméniens du Haut-Karabakh. Cette nouvelle pièce sur le sujet est une réponse directe à l’épuration ethnique qui s’est déroulée dans le Haut-Karabakh arménien (Artsakh) en septembre 2023, où plus de 110 000 Arméniens ont été expulsés de leurs terres ancestrales par l’armée azerbaïdjanaise dans un silence international assourdissant. 

Ce silence, cette inertie mondiale, ont été le véritable point de bascule pour moi. Car si les médias bégaient ou tremblent, le théâtre, lui, a le devoir de parler.

L’écriture de la pièce s’est cristallisée autour d’un événement glaçant : en 2021, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev inaugurait une exposition en plein air à Bakou, présentant des « trophées de guerre » arrachés au conflit de 2020. Parmi ceux-ci, des casques de soldats arméniens ramassés à même le sol sur les corps gisants. Mais le mauvais goût ne s’arrêtait pas là : des mannequins en cire (comme au musée Grévin !) grandeur nature représentaient des Arméniens en train d’agoniser, souffrants et étaient exposés des horreurs dans ce musée à ciel ouvert. Cet acte d’humiliation publique, d’une violence spectaculaire et obscène, a révélé la mécanique froide d’un pouvoir politique fondé sur la haine de l’Arménien, la déshumanisation de celui-ci et la propagande.

Aussi la pièce s’organise autour de deux axes, comme souvent dans mon écriture. Le premier, réaliste, suit Anoush, une jeune soldate arménienne inspirée d’un personnage réel. À travers elle, je veux raconter la dignité d’un peuple qui ne lutte pas seulement pour sa survie, mais pour préserver sa culture, sa langue et sa mémoire. Anoush s’inscrit dans une lignée de femmes combattantes, ces figures oubliées de l’Histoire, comme les soldates de la Révolution française, qui se sont levées pour la justice, l’égalité, et la dignité. Leur présence hante la scène, en écho à celle d’Anoush, traçant une filiation de résistances féminines face à l’effacement et à l’oppression. Le second, burlesque et grotesque, met en scène deux figures absurdes : Abaki et Avaki, les conseillères personnelles d’un président fictif, Agar Hasarov. Ces deux personnages farcesques, inspirés du théâtre de l’absurde et du grotesque politique transforment la guerre en spectacle nationaliste, masquant la barbarie par le ridicule, et annihilant la mémoire des victimes sous un triomphaliste à outrance.

Sur le plan scénique, La Valse des Oubliés emprunte à la fois au théâtre documentaire, à la tragédie antique et au théâtre de l’absurde. Un travail de création vidéo tissé de faits réels, de témoignages, d’extraits de presse, d’extraits de journaux télévisés, …  sera réalisé comme matériau assemblé en résonance avec le propos. Mais il s’agira aussi d’un travail d’information faisant le lien entre les scènes, articulant l’alternance des registres pour créer une tension entre l’émotion brute et le cynisme, entre l’Histoire et sa défiguration médiatique.

Le dispositif scénique sera proche d’un champ de ruines où surgissent des éclats de mémoire, des voix, des corps qui refusent l’effacement.

Enfin, je conçois cette pièce comme un acte de résistance artistique, préservant des traces et, à travers le théâtre pour continuer à interroger ce que l’humanité choisit de regarder… ou d’ignorer. Dans une époque saturée d’images, La Valse des Oubliés propose de s’arrêter, d’écouter autrement, et de redonner une place à celles et ceux que l’Histoire tentent perpétuellement d’effacer.

Caroline Safarian

Préparation de la rencontre

Rencontre professionnelle sur présélection du 15 au 17 octobre 2025 de 10h à 17h au KJbi (rue Kessels 18, 1030 Schaerbeek).

 

Modalités de candidature : envoi de vidéo de 3min max (visionnemement en ligne YouTube/Drive) à rencontre@arts-sceniques.be

La vidéo comprend une présentation d’une minute max, puis une proposition autour d’un des deux monologues envoyés par mail avec l’annonce de la rencontre professionnelle.

Annonce de la présélection après étude des vidéos de candidatures.

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’22, ’23 ou ’24 et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de la rencontre et des dates de création.

3. Être résident·e fiscal·e en Belgique

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions le 28 septembre à 23:59