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Rencontre professionnelle avec Céline Estenne et Joana B Polge pour Qui veut garder des millions ?

En bref

Clôture le 12/01/2026
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Pour rendre possible de parler d’argent, il faut montrer la mécanique du tabou et mettre en lumière la façon dont le mode de pensée bourgeois a infiltré tous les esprits. L’impôt sur les successions est l’impôt le plus impopulaire, même dans les classes sociales qui ne sont pas concernées : les 50 % de la population les plus pauvres, dont les possessions les placent en dessous des seuils de taxation, ne paieront pas un centime.

Quel délire nous prend qui fait qu’on croit être bourgeois ? Qu’on est en solidarité avec le pauvre petit Bernard Arnault qui va se faire spolier par les impôts ? (Il paye pourtant beaucoup moins d’impôts, proportionnellement, que son chauffeur ou son secrétaire.)

Dans le réel, le tabou est tellement puissant que nous avons besoin des pouvoirs du théâtre et de la fiction pour briser le silence : le jeu, l’humour, le décalage que permet la représentation libèrent les imaginaires et nous empuissantent.

Alors seulement nous pourrons comprendre que l’argent n’est que de l’argent, une ressource que l’on peut manier de 1000 manières, qu’il peut se dire, qu’il peut se donner.

L’origine de ce projet remonte à notre premier spectacle, Un coup de poing dans la gueule vaut mieux qu’un long discours : Céline y raconte sa vie de personne née dans la bourgeoisie en mettant en lumière les manifestations concrètes de la reproduction sociale.

Chaque fois qu’on joue, une ou deux personnes viennent la voir, à la situation de vie similaire à la sienne, et qui ont besoin d’en parler.

Alors on en parle. Une recherche commencée à la Bellone, en 2022 : on rencontre des héritièr·es pour parler d’argent.

Plusieurs éléments nous frappent. D’abord, le soulagement pour ces personnes de pouvoir enfin parler de ce sujet en dehors du cadre familial, l’émotion lorsqu’on évoque l’emprise de l’argent.

Dans les récits que nous récoltons, un thème revient chaque fois : l’argent, dans les familles riches plus encore que dans les autres, ce n’est pas que de l’argent.

C’est un substitut de l’amour, c’est de l’obligation, un instrument forçant la loyauté à la famille. C’est aussi un outil d’emprise, un moyen de contrôle.

Dans les familles riches, l’esprit de clan, l’obligation de loyauté, couvrent les violences intrafamiliales. Les violences physiques et psychiques, les violences sexistes, les violences économiques, l’inceste. Et tout cela verrouille totalement l’idée de partager ou de redistribuer la richesse, même quand les héritièr·es le désirent.

Enfin, le tabou est toujours présent : même dans le cadre de confiance que nous établissons, confidentiel, l’argent n’est évoqué que vaguement. On n’ose pas dire les sommes précises. Parfois, on veut le dire mais on ne s’en « souvient pas »…

En pratique

Dates de répétitions :

  • 23 > 27 mars 2026 (lieu pas encore défini)
  • 20 > 24 avril 2026 à la Bodega (Bruxelles)
  • 8 > 19/06/26 : Studio VARIA, répétitions
  • 14/09 > 12/10/26 : Balsamine, répétitions

Présence obligatoire sur toutes les dates ci-dessus.
+ 5 jours en plus entre mars et mai 2026 – dates et lieu à préciser, en fonction des disponibilités : recherche

Dates et lieux de représentations : 13 > 17/10/26, Balsamine

A propos de

Céline Estenne et Joana B Polge se rencontrent en 2005, en études littéraires. Elles sont alors âgées de 18 ans (chacune).

D’inénarrables péripéties les mènent au final à étudier respectivement le théâtre et le théâtre.

En 2019, elles dénichent dans une brocante l’idée de transformer leur amitié en une collaboration artistique dont tout reste à inventer. 

Elles discutent, discutent, discutent. Et puis soudain discutent encore un peu. Jusqu’à s’apercevoir avec émerveillement que leurs discussions constituent une matière théâtrale hilarante puisque, bien que s’aimant beaucoup, elles sont rarement d’accord. Depuis lors elles collectionnent les occasions d’échanger des points de vue irréconciliables sur des questions de société plus ou moins sensibles, et écrivent à partir de là des spectacles dans lesquels on essaie de penser ensemble sans trop se la péter, dans l’humour, la tendresse et l’autodérision.  

Leur premier spectacle, Un coup de poing dans la gueule vaut mieux qu’un long discours, est une  performance-discussion dans laquelle elles utilisent leurs manières bourgeoises pour parler d’oppressions systémiques avec des personnes privilégiées. Il a vu le jour à Mars en 2021, et tourne depuis lors dans des tiers lieux, des espaces militants, ou les salons plus ou moins luxueux de particuliers qui les y invitent. 

En 2024, à l’invitation de la Bellone, elles créent Partageons l’argent, un atelier dans lequel les personnes présentes s’échangent de l’argent. C’est-à-dire que certaines en donnent, et que d’autres en reçoivent, en vrai. C’est-à-dire en vrai ! Pas avec des billets de Monopoly. 

 

Parallèlement à cela, elles mènent chacune des carrières solo, comme autrices, performeuses, metteuses en scène. 

Joana a joué dans La Colonie ; Origine et Abri de Silvio Palomo ; La ville des zizis d’Éline Schumacher ; Chambarde et Le Site de Nicolas Mouzet-Tagawa ; ainsi que dans différentes productions de Transquinquennal (Quarante-et-un ; Moby Dick ; Quintessence), de Salvatore Calcagno (Gnocchi ; La Vecchia Vacca), et de Sabine Durand (Käthchen de Heilbronn). De 2020 à 2024, elle est collaboratrice artistique du projet bodies of knowledge (BOK), initié par Sarah Vanhee, qui investit l’espace public pour mettre en réseau les savoirs et les voix invisibilisé·es de l’espace urbain. Elle a publié un roman chez L’L éditions, La mémoire du terrain.

Céline a collaboré, comme autrice, performeuse, ou dramaturge, avec Anne Cécile Vandalem (Que puis-je faire pour vous ?), Anna Rispoli (Your Word In My Mouth), Lorette Moreau ( ({:}) imprononçable), Dominique Rootdhooft (Thinker’s corner) et Emilienne Flagothier (Rage, Théâtre Nationale Wallonie Bruxelles). Elle affectionne particulièrement les projets qui « sortent le théâtre du théatre » : projets participatifs, ou destinés l’espace public. Sa première mise en scène, On avait de bonnes dents, pièce historico-futuriste qui interroge notre rapport au travail, a ainsi été co-écrite avec une dizaine d’habitants du Hainaut. Elle est également scénariste, et a co-écrit le long-métrage de fiction À main levée avec Noha Choukrallah.

 

Aujourd’hui Céline et Joana ont 78 ans à deux, ce qui n’est pas mal !

crédit Claire Vandamme

Distribution

– Écriture et mise en scène : Céline Estenne et Joana Polge
– Performeureuses : Amel Benaïssa, Oyster, Noémie Zurletti + 1 JAC
– Composition musicale et arrangements : Sarah Wéry et Adrien Guerne
– Création sonore Théophile Rey
– Création lumière et direction technique : David Alonso Morillo
– Dramaturgie et regard extérieur : Marie Alié
– Coach vocal : Michalis Boliakis
Précision sur le rôle : 
Aucun critère de genre, âge, corpulence, etc.
Être à l’aise avec le fait de chanter en public est nécessaire.
Une technique vocale / pratique du chant sera un plus.

Note d'intention

À partir de récits réels, quatre acteur·ices vont nous faire pénétrer dans le monde secret, objet de fantasmes, de celles et ceux qui sont riches… depuis leur naissance.

S’ils sont minoritaires, leur fortune ne l’est pas. Le meilleur moyen de s’enrichir aujourd’hui, c’est d’être déjà riche : les 1 % des Belges les plus riches possèdent autant que les 75 % les plus pauvres, selon une étude de l’économiste Arthur Apostel (UGent), et la fortune héritée représente 60% du patrimoine total contre 35% en moyenne au début des années 70, une tendance qui ne cesse de croître.

Un débat public est nécessaire, mais où est-il ? L’argent est partout, et partout il est tabou.

Lorsque le sujet des inégalités sociales est abordé dans les médias ou par la classe politique, c’est toujours à propos des revenus du travail. Les revenus du capital, massifs et beaucoup moins taxés, semblent flotter dans les limbes de l’impensable.

Pour comprendre le pouvoir de l’argent sur les têtes, écoutons la parole des héritièr·es.

Préparation de la rencontre

La rencontre professionnelle a lieu à LaVallée (Rue Adolphe Lavallée 39, 1080 Bruxelles) du 3 au 6 février de 10h à 17h.
Pré-sélection d’un groupe sur envoi d’une vidéo en lien YouTube/Drive à l’adresse rencontres@arts-sceniques.be (dans le délai d’inscription)
Consignes :
– présentez-vous et dites-nous quelque chose de vous que l’on ne sait pas quand on vous voit. Ça peut être n’importe quoi, sérieux ou dérisoire, grandiose ou anecdotique… Ça peut aussi être un mensonge. Maximum 3 minutes.
– si vous n’avez pas le temps de tourner cette vidéo, vous avez aussi la possibilité d’envoyer une vidéo faite pour une rencontre précédente.

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’23, ’24 ou ’25 et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de la rencontre et des dates de création.

3. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

4. Respecter la date de clôture des inscriptions le 12 janvier à 23:59

! CETTE RENCONTRE N’EST PAS ACCESSIBLE AUX JAC QUI TERMINENT LEUR ACCOMPAGNEMENT AU 31/12/25!