Rencontre professionnelle avec Léa Drouet pour Rodéo

RODEO est une performance immersive associant texte, musique live et scénographie mouvante. Trois perfomeureuses portent, échangent puis contaminent leurs récits : inflammations du corps physique, du corps social et du corps terrestre. Au fil de la pièce, leurs voix se croisent, leurs gestes se répondent, abolissant les frontières entre histoires personnelles et mémoire collective.
Le public, rassemblé autour d’un dispositif circulaire, partage l’expérience d’un foyer commun. RODEO ne se contente pas d’exposer la violence ; il convoque la possibilité d’un « commun qui ne serait plus Comme Un », où l’intimité des douleurs individuelles rejoint la lutte politique et écologique. Entre célébration, veillée funèbre et assemblée d’urgence, la pièce ouvre un espace d’écoute attentive et de recomposition sensible

Léa Drouet est metteuse en scène et artiste interdisciplinaire basée à Bruxelles. Ses créations — installations, performances et pièces scéniques — transposent des enjeux politiques (violence, frontières, inflammations) dans des expériences sensibles mêlant son, corps et espace. Proche de la scène musicale expérimentale, elle collabore avec des musicien·nes et, depuis 2016, avec la philosophe-dramaturge Camille Louis. Ses œuvres (0&, Boundary Games, Les Hostilités, Violences, J’ai une épée) ont tourné au Kunstenfestivaldesarts, Festival Actoral, Nanterre-Amandiers, Palais de Tokyo… Depuis 2020, elle codirige la programmation de l’Atelier 210 à Bruxelles.

RODEO embrase trois foyers : le corps, la ville, la forêt. Un même motif — le feu — traverse l’intime (inflammations liées au COVID long), l’espace social (voitures incendiées lors des rodéos urbains de Villeurbanne, ville d’enfance de l’artiste) et le territoire (mégafeux dévastant les écosystèmes). Sur scène, un cercle de spectateur·rices entoure une structure en mutation ; fumée, lumière et nappes sonores plongent le public dans une veillée où la catastrophe devient moteur de recomposition. Loin de tout réalisme documentaire, le projet fabule à partir de faits réels : il cherche moins à diagnostiquer qu’à rouvrir l’imaginaire collectif, à faire surgir des gestes de soin et de solidarité dans les braises encore vives.