Décrocher la Lune est intimement lié au bug de l’an 2000. Oui, parfois les bugs informatiques donnent lieu à de belles initiatives socio-culturelles… Qui l’eût crû ? Retournons donc vingt ans en arrière pour revenir aux prémices du projet. A cette période, deux événements concomitants vont lancer La Louvière dans une longue conquête lunaire. D’une part, la Ville de La Louvière et le Centre culturel (régional du Centre, à l’époque) s’étaient lancé le défi de monter un projet extraordinaire pour le passage à l’an 2000. Tant qu’à vivre la fin du monde, autant faire une belle fête avant !
D’autre part, après une carrière fulgurante au Québec comme metteur en scène du Cirque du Soleil, Franco Dragone se réinstallait dans sa région natale pour y lancer sa propre société de spectacle. Il lui est alors proposé de participer à la création d’un événement original et atypique pour sa Ville. Franco Dragone prend la balle au bond, relève le défi et esquisse avec son équipe le premier opéra urbain participatif de Belgique. Un spectacle comme il n’en avait jamais été donné à La Louvière mais surtout intégrant sur scène et en coulisses des centaines de Louviérois·e.
L’idée fondatrice et le fil rouge du spectacle étaient assez simples : permettre aux Louviérois·es, ensemble, de se dépasser, de montrer le savoir-faire de toute une Ville inexistante sur la carte du monde et souvent décriée ou victime de préjugés sur celle de la Belgique : aller décrocher la lune. Le titre éponyme de l’opéra urbain marquait à lui seul l’ambition, le désir ardent et le cri de résistance d’une Ville bien décidée à reprendre les rênes de son avenir. Cette quête sera portée par le personnage Sancho Gille. Né de la cuisse de Sancho Panza et d’une orange sanguine carnavalesque, cette marionnette géante sera dépositaire de la lourde mission de braver les obstacles de la vie pour escalader la tour de l’Eglise (dépourvue de clocher) et littéralement décrocher la lune. Un acte hautement symbolique et fondateur qui donnera vie à un folklore d’un genre nouveau.
Depuis mars 2000, Sancho décrochera la lune à 7 reprises. La participation massive des Louviérois·es et du public seront deux arguments massue pour poursuivre ce travail hybride. Conçu comme un spectacle, le concept va très rapidement évoluer et transcender les frontières du genre pour devenir un projet phare de la Ville de La Louvière, un projet d’économie culturelle, un rendez-vous régulier (trisannuel) et surtout le point d’orgue d’une démarche citoyenne et participative hors norme et de longue haleine dont le spectacle n’incarne que la vitrine.
Ce sont plusieurs centaines d’artistes amateur·rices qui s’impliquent dans ce tourbillon créatif pendant de longues semaines, des mois pour certains d’entre elleux. Aujourd’hui, le projet comporte plusieurs volets dont une vaste opération citoyenne qui permet de nourrir l’écriture du spectacle et également une série d’événements « off » qui le précèdent. Il va sans dire que la plus grande force de cette opération culturelle réside dans cet aspect participatif et citoyen : les gens, le cœur battant et la raison d’être de tout ce barnum. Un moment de rencontre de qualité entre des publics hétéroclites à l’image du visage d’une Ville qui défend bec et ongles que c’est là que se cache sa plus grande richesse : dans sa diversité culturelle et sociale.
Pour en savoir plus sur le projet, nous vous invitons à consulter le dossier Décrocher la lune.