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Les trois sœurs

Christophe Sermet

En bref

Prenez trois femmes encore jeunes et une bande de soldats d’une garnison inactive et mettez-les dans une maison sans parents.... Lire l'article

Dans une ville qui n’existe pas

Prenez trois femmes encore jeunes et une bande de soldats d’une garnison inactive et mettez-les dans une maison sans parents. Laissez-les s’entrechoquer, se séduire, se divertir et se repousser. Pour que l’expérience soit pure et sous vide, situez l’action dans une ville insignifiante aux confins de nulle-part, qui n’a pas de nom ni de localisation géographique. Un vide existentiel où végètent les soldats d’une garnison désœuvrée, sans mission… en déroute philosophique, en quelque sorte.

En pratique

Deux rôles sont ouverts aux bénéficiaires du Centre des Arts scéniques.

Ils sont non-genrés. Il s’agit de deux rôles de militaires de la garnison qui fréquente la maison des trois protagonistes. L’un, Fédotik, jeune soldat, pourrait être transformé en rôle féminin. Il/Elle deviendrait alors Fédotika, une jeune femme soldat. Le second, Soliony, un sous-officier taciturne et inquiétant (par lui la mort fera irruption à la fin de la pièce, il tuera en duel son collègue Touzenbach). Personnage masculin chez Tchekhov, il pourrait devenir non genré, c’est-à-dire sans spécification ou caractérisation de genre.
Je ferais ces choix dramaturgiques en fonction des rencontres faites lors des rencontres professionnelles en février. Le jeu est complètement ouvert : il se peut que les rôles restent masculins ou que les deux, ou un seul, soient modifiés comme décrits plus haut.

Rencontre au KJbi : rue Kessels, 18 à 1030 Bruxelles

1er tour
du Lundi 6 février 2023 au mercredi 8 février 2023

2ème tour
du Mardi 14 février 2023 au jeudi 16 février 2023

Répétitions
– 3 jours à la table, en amont, dates à déterminer
– 04.12.23 – 22.12.23 > 3 semaines (salle répét Théâtre Oz)
– 02.01.24 – 08.02.24 > 4 semaines + 4 jours (générale comprise, plateau Martyrs à partir 30.01.24)

Représentations
Première 09.02.24, représentations 10.02.24 > 24.02.24

A propos de Christophe Sermet

Né à Berne en Suisse, Christophe Sermet est basé, avec sa Cie du Vendredi, à Bruxelles.
Après des études de graphiste à l’École d’Arts Appliqués de La Chaux-de-Fonds, en Suisse, il travaille un temps comme graphiste avant de bifurquer vers des études de comédien au Conservatoire de Lausanne. En 1993, il décide de quitter la Suisse pour la Belgique où il entre au Conservatoire Royal de Bruxelles, dans la classe de Pierre Laroche. Premier prix obtenu en 1996.
Dès sa sortie, il travaille en tant que comédien, tant au théâtre qu’au cinéma et à la télévision. Il travaille également durant quelques années comme photographe de plateau et réalisé des affiches de spectacles.
En 2000, il participe à L’École des Maîtres, où la rencontre avec le maître lituanien Eimuntas Nekrosius sera déterminante dans son désir de mettre en scène. Suite à cette expérience marquante, il participe, en Italie, à plusieurs projets, en tant que comédien.
Sa première mise en scène en 2005, au Théâtre Le Public, Vendredi, jour de liberté, du flamand Hugo Claus donnera plus tard le nom à sa Cie du Vendredi.
En 2006, il est lauréat du Prix Jacques Huisman, ce qui le mènera d’être à deux reprises assistant à la mise en scène du metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski, sur Un tramway au (2010) et sur Phèdre(s) (2016).
En 2007, il devient intervenant régulier au Conservatoire royal de Mons – ARTS2. Il travaillera, entre autres, sur Racine, Tchekhov, Wedekind, Sophocle, Tom Lanoye, Koltès… Il est également intervenu à l’ESACT (Conservatoire de Liège) et à l’INSAS.
De 2008 à 2018, il est artiste associé au Rideau de Bruxelles où il met en scène, successivement Hamelin de Juan Mayorga, Une laborieuse entreprise de Hanock Levin et Antilopes, de Henning Mankel.
En octobre 2011, pour sa quatrième mise en scène au Rideau, il crée Mamma Medea, création en français de la pièce de l’auteur flamand Tom Lanoye. Le spectacle a été sélectionné au festival Impatience à Paris et a été repris à au Théâtre National et au Teatro Valle Occupato à Rome.
En septembre 2013, dans le cadre du RRRR Festival, toujours au Rideau, il met en espace Seuls avec l’hiver de Céline Delbecq.
En novembre 2014, il crée, en coproduction avec le Rideau de Bruxelles, au Théâtre Marni, Vania !, d’après Oncle Vania, de Tchekhov, dans une nouvelle traduction élaborée avec Natacha Belova. Vania ! s’est vu attribué le Prix de la critique du « meilleur spectacle » en 2015. Le spectacle sera ensuite invité au Festival international de théâtre de Sibiu en Roumanie, en juin 2017.
En février 2015, la Compagnie du Vendredi à produit le spectacle Gilles et la nuit, de Hugo Claus, dans la mise en scène de Sermet, à Carthago Delenda Est, Anderlecht, Bruxelles.
En avril-mai 2017, mise en scène au Théâtre des Martyrs, toujours en coproduction avec le Rideau, Les Enfants du soleil, d’après Maxime Gorki. Le spectacle a été nommé cinq fois au Prix de la critique 2017, dont « meilleur spectacle » et a obtenu trois distinctions : Meilleur acteur (Yannick Renier), meilleure actrice (Marie Bos) et meilleure scénographie (Simon Siegmann). Les Enfants du soleil sera repris en 2019.
Du 17 au 28 janvier 2023 se jouera au Théâtre Les Tanneurs, en coprésentation avec le Varia, Les Borkman, dernière mise en scène en date de Christophe Sermet. Il s’agit d’un spectacle initié durant le confinement, à partir de John Gabriel Borkman, de Ibsen, dans une adaptation contemporaine écrite par le metteur en scène pour un noyau dur de cinq acteur·ices de sa compagnie.
En janvier 2024, il créera au Théâtre des Martyrs Les trois sœurs de Tchekhov, avant de mettre en scène Hamlet au Théâtre National en décembre de la même année.

 

Prochain spectacle Les Borkman :

Article de presse Vania !

Christophe Sermet © Alice Piemme

Distribution

Olga : Vanessa Compagnucci
Macha  : Sarah Lefèvre
Irina : Anastasia Ganova
Andreï : Allan Bertin
Natalia : Gwendoline Gauthier
Touzenbach : à distribuer
Tcheboutykine : à distribuer
Saliony : rôle non genré (homme, femme, x)
Verchinine : Yannick Renier
Koulyguine : Adrien Drumel
Fedotik : rôle non genré (homme, femme, x)

Texte : Anton Tchékhov
Traduction / adaptation : Natacha Belova et Christophe Sermet
Projet et mise en scène : Christophe Sermet
Assistante mise en scène : Nelly Framinet
Scénographie & éclairages : Simon Siegmann
Costumes : Prunelle Rulens
Création son et musique : Maxime Bodson
Régie générale et lumière : Aude Dierkens
Régie son : Julien Courroye
Production : Sylviane Evrard
Photographies & captation : Marc Debelle

Note d'intention

Processus poético-scientifique
« Les trois sœurs » est une œuvre souvent analysée et interprétée comme le témoignage d’une oisiveté décadente, les derniers feux d’une bourgeoisie déclinante, dont le délitement marquera le début du 20e siècle. Un regard acerbe et prescient sur une société finissante que Tchekhov condamnerait d’avance et qui annoncerait un bouleversement révolutionnaire imminent. Ce n’est pas le point de vue que j’adopte, ni la voie que je souhaite prendre en montant la pièce en 2024.

Je vois, dans cette comédie tissée de micro-tragédies, une expérience humaine in vivo, pure, en quelque sorte… et détachée de toute interprétation historico-politique. Une exploration métaphysique collective, un processus poético-scientifique. Une réflexion sur la complexité d’être au monde et d’y trouver une harmonie avec l’autre ; une exploration du sentiment tragique de ne jamais être laissé en paix par ses propres désirs… ses démons.
Une réflexion sur la pertinence à continuer à faire du théâtre de fiction.
La scène est un biotope où le médecin Tchekhov, comme pour une expérience de sciences humaines, place trois jeunes femmes qui, sans constituer des êtres d’exception, sont en droit d’attendre de la vie leur part de bonheur et d’épanouissement. La pièce couvre le temps de leurs désillusions.
Pour cette expérience publique, Dr. Tchekhov leur met dans les pattes une succession d’obstacles et de circonstances avec lesquels elles devront se démener sous nos yeux, sans pouvoir attendre d’aide de personne ; ni de Dieu, ni de parents avisés et encore moins des militaires qui ont envahi leurs vies, qui en font le siège et dont le modeste mérite est de les divertir, tant bien que mal. Ils seront les révélateurs des (dés)illusions de trois femmes en quête de sens et de vérité.

« Le monde pullule de vauriens des deux sexes, c’est vrai. La nature humaine est imparfaite, il serait donc étrange de ne voir sur terre que des justes. Quant à penser que la littérature a pour devoir de dénicher le « bon grain » au milieu d’un tas de vauriens, c’est nier la littérature elle-même. Si la littérature est considérée comme un art, c’est parce qu’elle dépeint la vie telle qu’elle est effectivement. Sa finalité, c’est l’indéniable, l’intègre vérité. » (…)

Anton Tchekhov, lettre à M. Kisseleva, 1887

Diagnostic
Je suis convaincu qu’il n’y a aucune posture idéologique dans le théâtre de Tchekhov (pas plus qu’il n’y en a dans la tragédie élisabéthaine ou dans le théâtre de boulevard). Il faut le croire lorsqu’il affirme qu’il écrit pour explorer l’absurdité de l’existence et que les gens, de manière générale, « vivent mal ». C’est le diagnostic impitoyable et quelque peu désagréable du médecin penché sur l’humain. De ce constat, le docteur Tchekhov produit de la littérature dramatique avec une telle acuité d’observation que ses récits touchent à l’existentiel et au métaphysique. L’enjeu est là : activer le mécanisme ancien de la catharsis, mais dans une forme dramatique réinventée – en quelque sorte camouflée – et dont la modernité aujourd’hui encore est susceptible de nous désarçonner, avec son tissu serré de micro-tragédies et de situations férocement comiques. Une sonate des spectres aussi furieuse qu’hilarante écrite au scalpel.

Essence et complexité (démocratie des points de vue)
Monter Tchekhov est affaire de collectif. C’est la manière de faire du théâtre que je privilégie, à savoir travailler à partir du chœur, de la bande, de la meute, de la petite foule… pour en faire émerger des solos, duos, trios… et puis retourner au chœur. Cette choralité est pour moi l’essence même du théâtre. Son plaisir, son sens profond, son origine, sa raison d’être… aujourd’hui plus que jamais. Cette « démocratie des points de vue » chère à Tchekhov, c’est peut-être dans Les Trois Sœurs qu’elle s’exprime avec le plus d’évidence et de complexité, sous forme d’une succession de conversations d’intérieur et d’intériorité, qui cherche à embrasser la vie sans y parvenir, et qui aboutit au constat que, irrémédiablement, les choses déclinent, s’abîment, se réduisent… L’énergie vitale indispensable à la pièce vient de la résistance à la lancinante déprime qui elle-même vient de ce constat. Une énergie de survivant, de désespéré, d’animal traqué. Il y a du pathétique, dans cette comédie « de la loose », de ces trois étrangères – ces déplacées, ces décalées – dans l’espace et dans le temps.
Le tragique nous est fourgué par doses homéopathiques et indolores, camouflées sous un humour aussi cruel qu’irrésistible. On finit par être ivres d’un sentiment tragiquement désespéré, en le reliant à nos propres vies.
Notre époque fracturée de partout – socialement, idéologiquement, culturellement, religieusement – n’est pas sans points communs avec le début du 19e. Périodes troublées et guerrières où les grandes certitudes et les principes instaurés ne sont d’aucun secours, des temps où la question de la place de l’individu (et son intimité) dans la société redevient indispensable et passionnante à traiter par le drame… et/ou la comédie. Les trois sœurs est un formidable miroir qui nous est tendu à travers le temps par un auteur intemporel et immortel.

Traduction et adaptation
Depuis plusieurs spectacles, Christophe Sermet entreprend un processus de réécriture, de réactualisation de la langue, dans un souci de questionnement du langage théâtral d’aujourd’hui. Il travaillera selon les mêmes principes que pour Vania!, – adaptation de Oncle Vania pour un spectacle créé en 2014 – en partant au plus près du texte original russe, sans l’édulcorer, le franciser, ou le modérer, comme c’est parfois le cas dans les traductions françaises. Il s’agira de conserver le verbe rugueux et étonnamment abrupt que Tchekhov prête à ses figures.
Comme pour Vania !, il collaborera avec Natacha Belova pour cette nouvelle traduction.

Préparation de la rencontre

Une grande liberté vous est laissée quant au choix de ce que vous présenterez :

  • Soit une scène parlée (comprenant du texte) de votre choix ; scène d’école ou tirée d’un spectacle auquel vous avez participé ou encore préparée pour la rencontre. Il peut s’agir d’un monologue, ou d’une scène à plusieurs intervenant·es. Vous pourrez, au besoin, solliciter la participation d’autres candidat·es.
  • Soit une scène tirée des Trois sœurs (dans la traduction de votre choix) ; comprenant un des deux rôles à distribuer ou pour un autre rôle de la pièce. Vous pourrez, là-aussi, solliciter la participation d’autres candidat·e·s.
    En plus de la scène « textuelle », vous aurez la possibilité de présenter une séquence libre : performance, chanson, musique, danse cirque ou autre, d’une durée raisonnable (autour de maximum 5 minutes). Cela peut être simple et bref, ou plus élaboré. Vous pourrez, là-aussi, solliciter la participation d’autres candidat·es. Le fait de ne pas présenter une telle séquence ne sera en rien « pénalisant ».

Les rencontres se feront par petits groupes (entre 5 et 10, selon le nombre de candidat·e·s), dans le souci de favoriser la liberté d’expression et le partage, sans pression superflue, de ces petits moments de théâtre personnalisé.
Aux candidat·es choisi·es pour le second tour, il sera demandé d’apprendre une scène comprenant un des deux rôles à distribuer.

Conditions de participation

1. Être inscrit·e au Centre des Arts scéniques, promotions ’19, ’20, ’21, ’22 et avoir publié votre profil

2. Être libre aux dates de travail (rencontre, répétitions et représentations)

3. Arriver à l’heure

4. Avoir lu et accepté de respecter le règlement des rencontres professionnelles

5. Respecter la date de clôture des inscriptions

Lieu de la rencontre

Rue Kessels 18 - 1030 Schaerbeek
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